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"Cheveux Chéris" au quai Branly: montre-moi tes cheveux, je te dirai qui tu es

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AFP
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17 sept. 2012

Cheveux Chéris

PARIS, 17 sept 2012 (AFP) - Longs cheveux de rois et de stars de cinéma, tête réduite des tribus Jivaros ou crâne rasé de moines et skinheads... "Cheveux chéris, frivolités et trophées", au musée du quai Branly, décrypte l'histoire de cet attribut universel, vecteur de séduction, de représentation ou de rites.

Depuis la nuit des temps, "l'humain a coupé, arrangé, coiffé ses cheveux pour plaire et se plaire, prendre ses distances avec l'état de nature", relève Yves Le Fur, commissaire de l'exposition qui se tient jusqu'au 14 juillet à Paris.

"On est partis de ce que nous connaissons très bien, le cheveu comme frivolité, comme marqueur social mais aussi de contestation ou d'adhésion, pour arriver à la perte des cheveux et à leur hyperpuissance" spirituelle, détaille à l'AFP Hélène Fulgence, directrice des expositions au musée.

Un buste en bronze du 19e siècle représentant un Kanak toute crinière dehors, originaire de Lifou (Nouvelle-Calédonie), fait face à celui en marbre blanc du 17e du jeune Louis XIV aux boucles bien ordonnées. En Occident, le buste était réservé aux personnes d'exception, et il faudra attendre deux siècles pour que des bustes offrant une image "noble" des autres cultures voient le jour.

Tableaux anciens et contemporains, photos, sculptures, vidéos et collections du quai Branly: l'exposition met en évidence l'aspect "polymorphe" du cheveu, cet objet qui "n'a pas de sens fixe", selon M. Le Fur. Il est à la fois la norme et sa contestation, le conformisme et l'anticonformisme, la séduction et la répulsion.

Les images de stars blondes, brunes ou rousses -Jane Fonda, Michèle Morgan, Brigitte Bardot, Ava Gardner ou Isabelle Huppert- rappellent l'importance des images en papier glacé en Occident.

En Afrique, il est une matière à sculpter infinie et autant de signes de séduction, de passages de rite ou de deuil.

Qui dit cheveu dit aussi perte, acceptée ou subie.

La perte acceptée, c'est celle de la religieuse qui entre au couvent ou d'initiés papous dont les cheveux sont coupés à leur retour d'une longue retraite initiatique.

Elle devient contrainte par l'âge ou la maladie ou violemment subie à la Libération. Les photos de Robert Capa et les films tournés à l'époque laissent le spectateur sans voix face à la haine autour des femmes tondues pour avoir eu des relations avec des Allemands.

"La mutilation se concentre sur le cheveu, révélant son importance et sa signification", résume John Nollet, coiffeur de célébrités venu voir l'exposition.

"C'est une vraie violence faite aux femmes par les hommes", renchérit Yves Le Fur alors que pour lui les trophées (scalps) et autres rites renvoient plutôt à un rapport avec l'Au-delà.

Dans de nombreuses cultures non européennes, l'usage des cheveux concerne la séduction mais aussi les pouvoirs accordés à leurs anciens possesseurs: mèches, têtes, scalps pris à l'ennemi (ornements d'Indiens d'Amérique du Nord, plastrons de guerriers Naga en Inde, etc).

Dans certains rituels, les cheveux récupérés peuvent constituer un lien protecteur avec les ancêtres comme les coiffes des femmes Miao en Chine, assurer la vie éternelle à un défunt avec cette tête momifiée égyptienne de l'époque romaine recouverte de feuille d'or, laissant apparaître de fines boucles noires.

En Occident, réputé plus cartésien, "il y a des gens qui n'aiment pas laisser une mèche de cheveux derrière eux", souligne Hélène Fulgence. "La question du cheveu est comme un espace chargé, toujours relié a la personne", car le cheveu part de la tête, et "la tête, point commun entre toutes les civilisations, c'est sacré", conclut-elle.Par Dominique AGEORGES

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