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19 mars 2005
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A Corps et à corset

Publié le
19 mars 2005

JP Gaultier AH 05/06
Le corset revient en force depuis quelques temps, mais son histoire est assez longue. Il apparut pour la première fois pendant la période minéenne (vers 1700 av JC) et a ensuite virtuellement disparu jusqu'à la renaissance (XVe siècle). La première grande période du corset commença avec la propagation de la mode espagnole entre le milieu du XVIe et le XVIIe siècle. Etrangement, les hommes succombent eux aussi au charme des courbes du vêtement devenu fétiche. Pendant les premières décennies du XIXe siècle, la redingote pour les hommes était cintrée et corsetée si nécessaire. Ainsi, les dandys portaient fréquemment un corset comme aide à leur beauté. Puis le XXe siècle arriva avec ses conflits mondiaux. La première guerre mondiale fut la première tentative vers l'arrêt du port habituel du corset. Les hommes au front, les femmes doivent assurer le travail en ville. Mais malgré cette tâche, les femmes persistent à le porter, tant elles sont habituées à son maintient. Si la première guerre mondiale fut un coup dur pour le corset, la seconde guerre fut le coup de grâce. Le besoin d'acier pour produire les armes de guerre est omniprésent, le corset et l'entretient de leur silhouette n'étaient donc pas les préoccupations premières des femmes pendant cette période. Depuis les années 1980 le corset fait son grand « come-back » et devient un thème récurrent dans la mode contemporaine. Il inspire les grands noms de la haute couture. Jean Paul Gautier, par exemple, est connu pour le corset à bonnets pointus qu'il a conçu pour Madonna. Son influente collection été de 1987 mettait en scène de nombreux corsets. On ne compte plus le nombre de fois où il a utilisé le corset pour l’image de ses parfums. A noter, la collection printemps-été 2005 est l’occasion pour le couturier de créer un corset à l’image de sa fantaisie (voir photo). Le couturier Thierry Mugler a fait du corset une partie intégrale de son design théâtrale de la "femme fatale". Il a montré des corsets agressifs avec des seins pointus et des corsets en cuir. Des couturiers comme Christian Lacroix, Ungaro ou Valentino ont crée également des modèles glamours et onéreux. Depuis, le corset est réapparu en tant que sous-vêtement et vêtement. On trouve aujourd'hui le corset plutôt en tant qu'accessoire réalisé en standard par des entreprises ou des maisons corsetières telle Cadolle, qui réalise des corsets sur mesure.
Interview de la créatrice Loanna Haseltine
Loanna Haseltine
La créatrice américaine, Loanna Haseltine, qui a lancé une ligne de vêtement à son nom, a également sa propre vision du corset (voir photo). Celle qui a été stagiaire pendant deux ans chez John Galliano, puis chez Ocimar Versolato, nous offre son regard sur un de ses corsets inspiré des jeux vidéo : « Ce corset en patchwork est orné d’un Game Boy Advance SP Pink en forme de cœur amovible. Ainsi positionné, les filles sont toujours prêtes à jouer. C’est pour que les filles qui se sentent capable de prendre le contrôle de leur propre cœur. Elles sont également prêtes pour un peu plus, le cœur possède une câble link au cas où un petit face à face pourrait être négocié ! ». Aujourd’hui, Haseltine est distribuée à Paris, Londres, Milan, Rome, New-York et Boston. Ses robes sont utilisées par le cinéma français, les magazines et habillent les stars. Sa dernière collection Printemps-Hiver 2005/2006 s’inspire des thèmes de la nature, de la faune, des oiseaux, des insectes. Parfois provocateurs, toujours romantiques, les corsets d’Haseltine mettent en avant la féminité de la femme. Les couleurs s’inspirent des pierres précieuses comme le rubis, l’émeraude et la topaze. Entretien avec une créatrice pour qui le corset est une question d’élégance. Comment définiriez-vous votre style ? Mon style s’inspire de la réflexion sur la nature, l’élégance, la féminité et l’optimisme.
Corset Haseltine
Quel(s) créateur(s) vous inspire ? Qu’est-ce qui vous fait rêver chez (eux) lui ? Les créations des autres m’inspirent rarement. Je puise plutôt mes idées chez des artistes tels que Man Ray et ses photos solarisées, le 12eme siècle avec ses peintures naturalistes japonaises, les études botanistes du 19ème siècle, les études anatomiques de Léonard de Vinci et les couleurs de Turner et de Renoir. Quelle idée avez-vous du corset ? Qu’est-ce que c’est pour vous ? Quelle est votre relation avec le corset ? J’ai deux visions. La première est celle de l’artiste. En tant qu’artiste je vois le corset comme un canevas à travailler avec la cambrure de la femme pour la rendre absolument féminine, sexy avec un fort caractère. La seconde vision est celle de la femme qui met des corsets et qui dessine des corsets pour elle même. Un corset rend une femme invincible, belle et elle se sent protégée. Quel est le corset, dans votre dernière collection, qui vous plaît le plus et pourquoi ? Mes corsets préférés sont souvent ceux sur lesquels j’essaie d’appliquer de nouvelles techniques. Par exemple j’exploite les matériaux réservés aux arts plastiques et les techniques industrielles. Quel est votre souhait professionnel ? J’espère très prochainement être une styliste reconnue pour dessiner les vêtements des stars américaines, du cinéma, spécialement pour des occasions telles que les Oscars, les Grammys, etc… Vous avez fait vos études en France. Artistiquement, votre préférence se tourne t-elle vers la France ou les Etats Unis ? J’essaie avant tout de combiner la fabrication, la couture et le sens du détail, le savoir-faire artisanal et le sens du volume et la ligne Française. Je mixe tout cela avec le sens de l’optimisme, le rêve, la viabilité du commerce et la façon dont consomment les Américains. Alicia Valegjanin

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