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Publié le
19 mars 2008
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Abou Dhabi veut aussi se faire une place dans le monde de la mode

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AFP
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19 mars 2008

ABOU DHABI, 19 mars 2008 (AFP) - Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, a été cette semaine le théâtre d'un spectacle rarissime dans le Golfe : une Semaine de la Mode qui a permis de mettre en valeur les collections de jeunes créateurs arabes, dont certaines très osées pour la région.


Une création de Amina Al Jassim durant la Abou Dhabi Fashion Week
Photo : Jumana El Heloueh/Reuters

De samedi à mardi, des dizaines de mannequins ont présenté des collections allant des abayas (longues tuniques noires) traditionnelles du Golfe et autres habits islamiques à des vêtements transparents dévoilant presque tout du corps féminin, ce qui constitue normalement un tabou dans les monarchies arabes conservatrices de la région.

Abou Dhabi est "une capitale culturelle qui devait s'intéresser aussi au monde de la Mode", explique Alice Teeuwen, directrice de cette première Semaine de la Mode d'Abou Dhabi, qui devrait devenir une manifestation annuelle.

Ce richissime émirat, dont le sous-sol recèle 10 % des réserves pétrolières mondiales, investit depuis peu des milliards de dollars dans des projets destinés à en faire un bastion régional de la culture et du tourisme haut de gamme et "la capitale culturelle du monde arabe".

Les principaux projets portent sur la construction de branches locales de grands musées comme le Louvre et le Guggenheim. L'université parisienne la Sorbonne a aussi ouvert une annexe dans la capitale des Emirats.

Au clair de lune, dans les jardins du luxueux Emirates Palace, un hôtel tout en marbre qui domine la corniche, des créateurs arabes, dont des femmes, ont présenté des collections très disparates.

"Nous avons longtemps eu recours aux idées des autres et acheté leurs collections. Or, nous avons tout ce qu'il faut pour créer la mode", explique le créateur libanais Rabih Kayrouz, qui a étudié à Paris et travaillé pour Dior et Chanel.

"Je suis heureux de ce mélange que nous voyons aujourd'hui à Abou Dhabi et qui témoigne de l'avenir de l'industrie de la mode", a ajouté M. Kayrouz, qui a présenté sa collection inspirée de la grenade et des ressemblances qu'il voit entre ce fruit et la femme.

Sa compatriote Milia Maroun, devenue en février la première créatrice de mode arabe à présenter ses oeuvres à Milan, où elle a été encensée par les critiques, a souligné sa confiance dans les créateurs arabes et leur capacité à s'imposer face à la concurrence.

Mais d'autres couturiers ont présenté à Abou Dhabi des collections marquées par l'héritage arabo-islamique.

Ainsi, les créations de l'Emiratie Aïcha ben Desmal sont dominées par des sujets orientalistes et d'inspiration arabe, notamment pour les accessoires.

Sa compatriote d'origine afghane, Rabia Z., veut concilier la mode et le désir de la femme musulmane conservatrice mais moderne de porter des vêtements conformes à ses convictions.

Ainsi, des chapeaux, parfois de style européen classique, sont portés avec le hijab (voile) sur des ensembles couvrant totalement le corps.

Parmi les créatrices présentes à Abou Dhabi figurait également une styliste saoudienne, Amina Jassem, dont la collection est inspirée de la culture arabo-islamique.

Y étaient également au programme des collections de créateurs mondialement connus comme les maisons italiennes Missoni et Pucci.

La présence de collections très osées pour la région semble montrer qu'Abou Dhabi a fait le choix d'accepter les oeuvres des créateurs sans restrictions.

"Je ne nie pas avoir été un moment contrariée. Je ne peux pas le cacher, car c'est une réaction inhérente à mon éducation sociale et religieuse", commente à ce sujet la styliste et modéliste émiratie Layal, spécialisée dans les pierres précieuses.

"Mais j'étais en même temps très heureuse et fière, car cela montre qu'on peut organiser un défilé de mode sans frontières à Abou Dhabi", ajoute-t-elle. "Je refuse certaines choses pour des raisons religieuses, mais la mode n'a pas de religion et c'est pourquoi il ne faut pas lui imposer de restrictions".

Par Wissam KEYROUZ

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