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28 oct. 2015
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Alber Elbaz et Lanvin mettent fin à leur collaboration

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28 oct. 2015

Coup de théâtre sur la scène mode parisienne. A quelques jours de l’annonce officielle du départ du directeur artistique des collections femme de Dior, Raf Simons, c’est au tour d’Alber Elbaz de quitter Lanvin. « Il s’agit d’une fin de collaboration », a confirmé à FashionMag la Maison de luxe parisienne ultra-centenaire.
 

Aber Ebaz à la fin de son dernier défilé chez Lanvin - © PixelFormula


Dans un communiqué publié dans la soirée, la maison a précisé qu'« elle a mis fin ce jour » à cette collaboration, et qu'elle souhaitait « remercier » le créateur israélo-américain de 54 ans « pour le chapitre qu'il a écrit dans son histoire de plus de 125 ans ».

Plusieurs médias français et américains ont également relayé mercredi soir un courrier personnel du créateur, qui affirme avoir « quitté la maison Lanvin sur décision de son actionnaire majoritaire », la milliardaire chinoise Shaw Lan Wang. Il dit « espérer »pour Lanvin « un projet d'entreprise qui lui apporte l'élan nécessaire » pour avoir « l'avenir élevé qu'elle mérite parmi les grandes marques du luxe français ».

Né à Casablanca en 1961, élevé en Israël, diplômé du Shenkar College de Tel Aviv et formé aux Etats-Unis, où il a été le bras droit de Geoffrey Beene pendant sept ans, Alber Elbaz est arrivé en France en 1996 pour prendre la direction artistique de Guy Laroche. Il poursuit sa carrière deux ans plus tard chez Yves Saint Laurent. Après un passage chez Krizia, il arrive en 2001 à la tête de la Maison Lanvin, appelé par sa toute nouvelle propriétaire, Shaw Lan Wang.

Designer cosmopolite, Alber Elbaz a su créer au cours de ces 14 ans un style, une allure, un chic français, qui ont redonné à la plus ancienne Maison de couture notoriété et succès.
 
Ce nouveau départ ne manque pas de faire l’effet d’une bombe dans le microcosme des Maisons de couture parisiennes. D’autant qu’il suit le départ d’Alexander Wang de Balenciaga, remplacé récemment par Demna Gvasalia, fondateur de la marque Vêtements. Cette dernière nomination semblait ouvrir un  nouveau chapitre pour la mode française avec l’arrivée sur le devant de la scène d’une nouvelle génération de designers au profil atypique.
 
Reste à comprendre si le départ d’Alber Elbaz donnera lieu à l’habituel jeu de chaises musicales entre les maisons, alimentant les rumeurs les plus folles. Le designer sera-t-il pressenti chez Dior, comme certains le murmurent déjà ? Qui le remplacera ? Nul ne peut le dire pour l’heure.
 
Il se pourrait aussi que son départ, ainsi que celui de Raf Simons, s’inscrivent dans un séisme déjà amorcé depuis quelques temps et préfigurent une profonde recomposition de la scène créative parisienne.

« Les rumeurs courent, mais le processus de remplacement chez Dior sera long et ne se fera pas en deux jours, cette maison a toujours pris le temps de bien choisir ses créateurs, parfois pendant plusieurs mois », a estimé auprès de l'AFP Arnaud Cadart, analyste luxe chez CM-CIC.

Selon un autre analyste qui souhaite garder l'anonymat, « Alber Elbaz était moins présent médiatiquement ces derniers temps, et on ressentait une lassitude dans son attitude, il était moins radieux. Et puis 14 ans c'est long, il était peut-être las, ou aussi en désaccord avec les actionnaires du groupe, ce qui peut arriver quand on incarne une marque pendant autant d'années ».

Mais cet expert souligne que si le créateur avait été « l'acteur de la résurrection d'une Maison morte, il avait été dépassé médiatiquement ces derniers temps par d'autres créateurs comme Olivier Rousteing chez Balmain ».

Lanvin est la plus ancienne maison de couture française en activité, fondée par Jeanne Lanvin en 1889. Alber Elbaz avait succédé à l'espagnole Cristina Ortiz en 2001, l'année où le géant des cosmétiques L'Oréal avait cédé la griffe Lanvin à un groupe d'investisseurs avec à leur tête la milliardaire chinoise Shaw Lan Wang, qui vit à Taïwan.

La maison, dont le siège historique est situé rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris et qui emploie 315 salariés en France, était redevenue rentable pour la première fois depuis 35 ans en 2007.

Mais, entre 2013 et 2014, le chiffre d'affaires du groupe Jeanne Lanvin (hors parfums, ces activités ayant été cédées en 2007 à Interparfums) s'affiche en baisse de 9 %, et est passé de 186 millions d'euros pour l'exercice 2013 à 168 millions pour 2014, selon les comptes de l'entreprise déposés au greffe et consultés par l'AFP.

Le bénéfice net du groupe a reculé de moitié, à 2,9 millions d'euros contre 5,6 millions en 2013. La marque est aujourd'hui présente dans 35 boutiques en propre et 26 en franchise.

Dominique Muret (avec AFP)

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