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Au Togo, les "mazin-mazins" adoptent le piercing pour plaire aux hommes

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10 oct. 2006

LOME, 10 oct 2006 (AFP) - Etalée sur une natte au milieu de sa boutique, Aïcha ressent toujours quelques douleurs au nez qu'elle a percé la semaine dernière pour y placer un petit bijou, à l'instar de plus en plus de Togolaises qui ont adopté le piercing.

"J'ai voulu faire comme mes amies. C'est la mode aujourd'hui dans le pays pour se faire voir et attirer les hommes", explique la jeune revendeuse de produits cosmétiques au marché Hedzranawoé de Lomé.

Pour séduire, les "mazin-mazins" (séductrices en langue mina du sud) ont adopté cette coutume venu d'Inde.

"C'est une nouvelle mode qui rend la femme très belle lorsque le nez est percé avec soin et qu'un +gavi+ (un bijou, en mina) de valeur y est placé", se vante Raïssa, une étudiante en droit à l'université de Kara (environ 420 km au nord de Lomé).

"C'est une amie qui me l'a fait avec une petite aiguille. Mais c'était vraiment douloureux", admet cette future avocate, toute fière de son petit bijou en forme de coeur.

Les prix des bijoux utilisés varient entre 250 et 1 000 F.CFA (0,38 et 1,52 euro). Mais certaines n'hésitent pas à payer nettement plus dans des boutiques de luxe.

"Je préfère des bijoux de qualité, ils attirent vite les hommes", affirme Natacha, une "nana benz" (surnom donné aux revendeuses de Wax, le tissu pagne néerlandais). Sur sa narine luit un petit "N" en brillants.

Avant l'arrivée de la mode du piercing, de nombreuses Togolaises s'éclaircissaient la peau à l'aide des produits cosmétiques. Selon les estimations d'associations togolaises de promotion de la femme, au moins deux femmes sur cinq utiliseraient cette pratique pour plaire aux hommes.

Puis le piercing est venu et s'est répandu dans toutes les couches de la société. Même certaines "vaudoussis", des adeptes du vaudou, s'y sont mises.

"Je me sens très bien dans ma peau depuis que je me suis fait percer le nez pour y mettre cette jolie étoile", assure Yêhouessi, une adepte de Hêviosso, le dieu de la foudre dans le culte vaudou.

Certains médecins mettent toutefois en garde contre cette pratique: Jean-Jacques Améhou, qui travaille dans un centre de santé privé de Lomé, souligne les "risques d'infection" auxquels s'exposent ces femmes "lorsqu'elles n'utilisent pas de matériel stérilisé. Sans parler du risque de contracter le virus du sida si le même matériel est utilisé pour plusieurs personnes".

Premiers concernés puisqu'il s'agit de les séduire, les Togolais ne semblent pas insensibles à ces parures.

"Lorsque la jeune fille se met un petit bijou sur le nez, elle est encore plus jolie. Son visage me fait penser à celui des filles du Sahel et c'est très beau", estime Alain Amouzouvi, un jeune conducteur de moto-taxi.

En revanche, les hommes mariés paraissent moins émoustillés par ces filles "prêtes à détruire les foyers".

"Moi j'ai peur. Elles utilisent toutes les méthodes pour attirer les hommes, surtout les hommes mariés. Si vous entrez dans leur jeu vous êtes complètement emporté, et c'est la ruine de votre ménage", avertit Komivi Kavégé, gérant d'un hôtel de Lomé.

Par Emile KOUTON

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