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Brunello Cucinelli, l'ancien hippie devenu le roi italien du cachemire

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24 sept. 2014

Pendant la semaine de la mode à Milan, l'une des tables les plus prisées était celle de Brunello Cucinelli, l'ancien hippie devenu le roi du cachemire et un entrepreneur philanthrope qui tient à ce que ses employés fassent la sieste.


Bruno Cucinelli (photo : AFP)



Dans la cour de sa boutique, ce fils de métayer à l'éternelle barbe de trois jours installe toujours d'immenses barbecues et friteuses pour accueillir des centaines d'amis et de contacts.

La nourriture est pour lui chose sérieuse : à Solomeo, le village médiéval d'Ombrie (centre) où il a installé le QG de son empire de très grand luxe (chapellerie, manteaux, pulls, robes, chaussures, accessoires...), la pause déjeuner dure obligatoirement une heure et demie.

Il tient à ce que ses employés mangent bien et prennent, comme il le fait où qu'il soit dans le monde, le temps d'une sieste digestive.

"Je viens de la campagne, nous avons cette culture de la nourriture qui est un peu spéciale (...). Manger une pêche cueillie une heure plus tôt, une tomate juste récoltée. Le plus important, c'est la qualité des ingrédients", raconte-t-il à l'AFP.

"Il en va de même dans les affaires. Nous avons les valeurs d'un restaurant, et à notre manière, nous aussi nous essayons de cuisiner de manière attentive et précise", ajoute-t-il en référence à ses cachemires haut de gamme.

"Nous essayons de faire un produit qui est, certes un peu exclusif et évidemment très cher, mais surtout ce qui se fait de mieux en matière de qualité et de savoir-faire", explique-t-il.

A 61 ans, il peut se permettre d'être un hôte généreux : il était milliardaire quand il a décidé cette année de transférer 61% de ses parts de sa société éponyme à un fonds qui s'occupera de ses filles Camilla et Carolina et assurera la poursuite de ses activités philanthropiques après sa mort.

Jusqu'à l'âge de 24 ans, il ne s'était pourtant pas distingué par son appétit pour le travail. "Je passais mon temps dans les cafés. Je n'étudiais pas beaucoup. Il y avait les révolutions culturelles de 1968. Dans les bars d'Italie, c'était comme le Café de Flore à Paris: on parlait religion, politique, droits des femmes..."

"Oui, j'étais un hippie, absolument !", reconnaît-il.

Mais en 1978, armé de seulement 500 dollars et inspiré par le succès des pulls aux couleurs vives de Benetton, il pressent qu'un marché similaire existe dans le cachemire.

Trente-six années de travail intensif plus tard, Brunello Cucinelli SpA brasse des milliards de dollars, à la pointe de cette industrie du "luxe absolu" : ses pulls coûtent plus de 1 000 euros, parfois beaucoup plus.

Mais pour l'entrepreneur, ce succès doit avoir un sens. Outre des conditions de travail qui laissent le temps de profiter du goût la vie, ses employés sont payés bien plus que la moyenne, alors que le secteur du textile repose souvent sur l'exploitation des salariés.

Adolescent, il a été marqué par le fait d'avoir voir vu son père obligé d'abandonner les champs pour se plier à la rudesse inhumaine de l'usine. "En résumé, l'objectif de ma vie a été de donner au travail une dignité morale et économique."

"Nous pouvons produire des produits spéciaux, mais pour cela nous avons besoin d'êtres humains travaillant dans des conditions spéciales", insiste-t-il.

Sans oublier de garder un oeil sur le chiffre d'affaires...

Au premier semestre 2014, il s'est élevé à 175,8 millions d'euros (+11,6 %), pour un bénéfice net de 15,6 millions (+18,6 %).

Depuis son entrée retentissante à la Bourse de Milan en avril 2012, le titre est passé de 7,75 à environ 17 euros, valorisant désormais la société à plus de 1,1 milliard d'euros.

L'un des piliers de la profitabilité de la société réside dans son réseau de boutiques gérées directement et implantées dans une soixantaine de pays.

Le groupe vient d'ouvrir sa première au Brésil, et n'a désormais rien moins que l'Inde dans son viseur, avec une ouverture prévue début 2015.Par Angus MACKINNON

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