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18 avr. 2017
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Comment la mode s'ouvre peu à peu au handicap

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18 avr. 2017

Une robe de mariée compatible avec un fauteuil, un jean facile à enfiler, une cape plutôt qu'un manteau: devant la difficulté des personnes handicapées à se vêtir, des idées émergent pour allier esthétisme et confort, et proposer des « vêtements qui font rêver ».

« La mode, c'est un passeport pour la vie en société », explique à l'AFP Camille Boillet, styliste de 23 ans. « Quand on est bien dans ses vêtements, on est confiant ». Passionnée de mode, cette jeune femme ronde, « montée jusqu'à la taille 52 », n'arrivait pas à s'habiller convenablement. En 2013, elle se lance avec des pièces « toutes tailles, tous poids et tous types de handicap ».

Vêtir « toutes tailles, tous poids et tous types de handicap » reste un défi - Camille Boillet


« Les vêtements adaptés ont souvent un aspect médicalisé, peu esthétique », poursuit Camille, qui s'est spécialisée dans la création sur-mesure et prêt-à-porter de robes de mariée, robes de soirée et costumes, des « vêtements qui font rêver ».

« Ce n'est pas parce qu'on a une morphologie atypique qu'on ne peut pas sortir, s'amuser ou se marier », plaide la jeune femme, lauréate du Prix LVMH Jeune Talent en 2016.

Robes à col élargi faciles à enfiler, matières extensibles, cape plutôt que manteau engonçant, vêtements à scratchs ou à boutons pressions, pantalon avec ceinture élastique et poches aux genoux pour mieux les atteindre... Des solutions pour adapter les vêtements existent.

Mais trouver des modèles un peu stylés et peu onéreux n'est pas toujours aisé. Notamment pour les enfants, qu'il faut souvent habiller et déshabiller plusieurs fois par jour, et qui veulent « juste pouvoir être comme les copains, en jean et tee-shirt », souligne Mathilde Dewambez, cheffe de produit chez Kiabi.

Récemment, cette enseigne de grande distribution, n°1 des ventes de textile en France, a lancé une collection adaptée aux enfants en situation de handicap, en partenariat avec la marque les Loups bleus.

Un vêtement, des solutions

En vente uniquement sur internet, cette gamme de dix-sept pièces pour filles et garçons de 3 à 16 ans est disponible en France, en Espagne, en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique, avec déjà des produits en rupture de stock, selon Mathilde Dewambez.

« Sur le marché, il y avait un vrai manque d'offres pour les enfants en situation de handicap », explique-t-elle à l'AFP. « Les parents qui ont testé les produits étaient en attente de pouvoir habiller leurs enfants avec des produits astucieux mais aussi à la mode et abordables. »

Un an après le géant américain du prêt-à-porter Tommy Hilfiger, Kiabi devient le premier distributeur à se lancer dans une ligne spécialisée.

« De peur d'être perçues comme stigmatisantes, peu d'enseignes choisissent de traiter le handicap par l'offre marchande, elles développent plutôt leur politique sociale », analyse Yves Marin, expert consommation chez Wavestone, qualifiant le premier choix de « courageux ».

Selon lui, « ces lignes sont faites pour s'engager et communiquer, pas pour vendre ». Elles envoient en outre « un message fort aux gens qui ont des besoins spécifiques en leur proposant une approche grand public, discount ».

Dans son atelier solidaire de la région parisienne, Cécile Pouleur, qui a lancé les Loups bleus en 2013, commence déjà à concevoir la collection d'été.

Pour cette mère d'une jeune fille polyhandicapée, qui n'avait jamais cousu avant d'être confrontée à des difficultés pour l'habiller, le partenariat avec Kiabi est « une vraie reconnaissance pour des enfants comme les autres, qui ne demandent qu'à être considérés comme tels ».

« Les enfants sont souvent manipulés, habillés, déshabillés. J'ai essayé de rendre ça plus facile, plus joyeux, plus coloré », ajoute Cécile Pouleur, qui dit concevoir « plus qu'un vêtement, des solutions ».

Une ligne pour adultes n'est pas encore prévue, selon Kiabi. Pourtant, « il reste beaucoup à faire pour améliorer l'offre vestimentaire », estime Camille Boillet.

« Le fait de voir des personnes handicapées défiler lors de Fashion Week peut contribuer à éveiller les consciences », plaide-t-elle, prenant l'exemple de l'Australienne Madeline Stuart, mannequin trisomique de 20 ans, qui a présenté en février à New York sa première collection.

Par Jessica Lopez

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