Publié le
29 nov. 2017
Temps de lecture
3 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

Coton : épinglée par Cash Investigation, la Better Cotton Initiative répond

Publié le
29 nov. 2017

L’émission Cash Investigation a diffusé le 28 novembre un reportage de deux heures sur le marché du coton (à voir ici), évoquant pêle-mêle le silence des marques sur les conditions de production, la complicité de l’Union européenne avec les récoltes ouzbeks violant les droits de l’homme et surtout la Better Cotton Initiative (BCI), présentée en filigrane comme une arme massive de greenwashing.

L'échange entre Lena Staafgard (BCI) et Elise Lucet se termine de manière tendue au bout de 40 minutes - France 2


La première partie de l’enquête porte sur le coton ouzbek. Si le reportage n’est pas porteur de révélations pour les professionnels du textile, il rappelle cependant les réalités de la dictature, du travail forcé dans les champs de coton aux violences faites aux militants des droits de l’homme. Non sans égratigner le parlement européen, qui ouvrait il y a un an les portes de l’UE au coton ouzbek. Notamment pour assurer la « sécurité juridique des exportateurs » européens, dixit la commissaire européenne au Commerce. Et cela malgré la preuve que le travail des enfants n’y a pas été éliminé. Les marques boycottant officiellement le coton local n’échappent pas aux critiques, nombre d’entre elles se fournissant auprès de filateurs, tisseurs et façonniers important leurs matériaux depuis l’Ouzbékistan.

Mais la cible la plus égratignée par l’enquête s’avère au final être la Better Cotton Initiative, organisme à but non lucratif lancé en 2005 pour promouvoir des standards de production durables et responsables pour le coton dans 24 pays, avec à ce jour 1 163 adhérents. Une activité présentée comme une coquille vide par France 2, qui pointe qu’aucun contrôle n’est en réalité appliqué aux exploitants.

Contactée par FashionNetwork, la BCI dénonce une représentation « injustifiée et malhonnête » de son activité et le « parti pris » de séquences « bien montées », issues d’un échange de 40 minutes entre Elise Lucet et Lena Staafgard, directrice des opérations de la Better Cotton Initiative.

BCI, bourreau du coton bio ?

« Contrairement à ce qui est présenté par Cash Investigation, la BCI est avant tout un programme international d’appui et de formation aux producteurs de coton, 99 % d’entre eux étant des petits producteurs à faibles ressources et avec de forts besoins de formation, indique l’organisme dans un communiqué. Le respect et la validité de nos normes sont régulièrement vérifiés par des organismes indépendants de renommée internationale. Si le plan n’est pas conforme, pas suivi ou si les actions correctives ne sont pas mises en œuvre dans un délai strict, le producteur se verra retirer sa licence BCI. »

Le reportage impliquait en outre que du coton Ouzbek pouvait facilement se retrouver siglé BCI, du moment qu’un filateur utilise partiellement du coton produit par l’initiative. Dans son communiqué, la BCI rejette tout lien avec l’Ouzbékistan, pointant qu’aucune exploitation agricole du pays n’est licenciée par l’organisme. Quant au problème de suivi d’origine du coton, l’organisme estime que les systèmes normatifs tels que BCI ou Bio sont les seuls qui pourraient à terme permettre de bâtir une chaîne de traçabilité.

Mais le principal reproche développé par le reportage à l’encontre de la BCI est de causer une chute rapide de la production de coton bio. Avec des agriculteurs se détournant des règles strictes encadrant ce dernier, au profit de règles BCI moins lourdes sur le plan des OGM et de l’environnement. « Tout ce qui concoure à rendre les procédés de production agricole plus responsables, plus durables et plus respectueux de l’environnement a tout le soutien de la Better Cotton Initiative. Avec le bio, nous allons dans la même direction », répond la Better Cotton Initiative.

Reste que la BCI, dont le champ d'activité se limite à la culture, a dû répondre des conditions de production dans les étapes suivantes de la filière. Là où les marques, moteurs de l'ensemble de la chaîne de production, auraient pour leur part toutes déclinées l'invitation à venir s'exprimer en plateau. A l'exception du chausseur français Veja.

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com