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Cuir et chaussure : deux entreprises qui "résistent" à Romans

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16 mai 2006

ROMANS-SUR-ISÈRE (Drôme), 15 mai 2006 (AFP) - La ville de Romans (Drôme) perd tous les jours un peu plus sa place de capitale française de la chaussure face à la concurrence féroce due à la mondialisation, mais certaines entreprises du cuir résistent, à condition d'avoir choisi le créneau du luxe.

Les chaussures Laure Bassal et les tanneries Roux ont fait le choix de se maintenir dans Romans-sur-Isère, poursuivant une politique résolument tournée vers le haut de gamme. Elles réussissent, discrètement, dans un secteur où les difficultés des entreprises Kélian et Jourdan font plus souvent la Une des médias.

Pierre Caty dirige l'entreprise Laure Bassal, petite mais en bonne santé et dont le chiffre d'affaire progresse de 10 % par an. La chaussure, c'est une histoire de famille depuis 1909, quatre générations, les ballerines René Caty ayant connu une gloire internationale lorsqu'elles furent adoptées par Brigitte Bardot, alors au sommet de sa gloire.

Mais après que l'entreprise familiale a dû fermer ses portes, Pierre Caty crée Laure Bassal en 1992. Il dessine un "modèle intemporel" et choisit uniquement des matières ultra-souples: du chevreau, de l'agneau ou du tissu - soie, velours, loden. "Si nous fabriquions des chaussures moins souples, nous perdrions la moitié de notre clientèle", reconnaît-il.

"Un modèle à l'écart de la mode", revendique-t-il, "pour les femmes qui ne sont pas des fashion victims", mais achètent des chaussures dont chaque paire est vérifiée une par une avant sa sortie d'atelier.

Laure Bassal, c'est aujourd'hui 23 personnes qui fabriquent, sur commande uniquement, quelque 50 paires de chaussures par jour. "Je fais ce que personne d'autre ne fait", se félicite-t-il, et "je refuse toutes les commandes que nous ne pourrions pas assurer".

Avec deux boutiques, l'une à Paris et l'autre à Aix-en-Provence, des points de vente dans le reste du pays et un budget de publicité quasi-inexistant, la marque s'est fait connaître par le bouche à oreille. Pour Pierre Caty, la clé de son succès tient dans ces mots: "faire petit et prudemment".

Même souci de ne travailler que dans le luxe pour les tanneries Roux. Il ne reste que 20 tanneries en France et celle-ci est la dernière de Romans, qui en a compté jusqu'à 35. Cette entreprise, reprise en 1995 par Jean-Claude Ricomard et qui vient de fêter ses 200 ans, ne travaille que le cuir pour la maroquinerie très haut de gamme.

Alors qu'un cuir ordinaire se vend aux alentours de 27 euros le m², celui qui sort des tanneries Roux s'achète 90 euros. "S'il n'y avait plus le luxe, nous ne serions plus là", reconnait M. Ricomard. Ses clients s'appellent Hermès, Vuitton, Cartier, Ferragamo, Dunhill, Montblanc... et tous les grands couturiers.

"J'ai eu raison d'abandonner la chaussure" qui ne représente plus que 10 % de la production, et "d'opter pour la maroquinerie" (80 %), assure M. Ricomard, qui ne transige pas sur la matière première : 100 % française, "car nous savons qu'il s'agit alors d'animaux qui ont eu une bonne nourriture, donc une bonne viande, donc une belle peau".

Par Véronique BUTTIN

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