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Eric Boël (Unitex) : « La simplification administrative n’a pas été à la hauteur »

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19 mai 2017

Le 30 mai se tiendra à Lyon la 4ème édition du Textival, dédié aux rencontres entre acteurs de la filière textile et donneurs d’ordres. PDG des Tissages de Charlieu et président d’Unitex (Union Inter-Entreprises Textile Lyon et Région), Eric Boël évoque pour FashionNetwork.com les différents enjeux politiques et économiques touchant l’activité du secteur.

Eric Boël - Unitex


FashionNetwork : Le prochain Textival proposera désormais des conférences. Dont une dédiée aux outils d’accompagnement fiscaux. Pourquoi ce choix ?

Eric Boël : La précarité fiscale fait partie des vrais problèmes touchant la filière, avec en outre une recrudescence perçue des contrôles fiscaux. Or, le métier des entreprises est de s’occuper de nos produits et de nos clients. Donc notre message au gouvernement, c’est « laissez-nous travailler ». Arrêtons d’étouffer les entreprises sous une avalanche de normes, françaises ou européennes, qui consomment un temps toujours plus important et donc un coût pour les entreprises.

FNW : Que retirez-vous du dernier quinquennat ?

EB : Il y a eu des points positifs, notamment le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et les baisses de charges, un point très important. Concrètement, dans notre métier du textile, nous avions un coût salarial plus important au début du quinquennat que notre voisin allemand. Et il est devenu un peu moins important à la fin du quinquennat. Mais, en revanche, la simplification administrative, qui était une volonté très importante pour nos entreprises, n’a clairement pas été à la hauteur de nos espérances. Et c’est quelque chose qui est nécessaire pour nos entreprises.

FNW : Qu'en est-il de l’export ?

EB : Dans un marché mondialisé, les standards de développement durable que nous avons sont les meilleurs de la planète. Mais ils créent un décalage de compétitivité. C’est pourquoi il faut une réciprocité douanière. Concrètement, on a de vraies injustices dans la manière dont les systèmes sont pensés, avec une forte pénalisation de l’activité européenne. Il y a par exemple des pays comme l’Inde avec des droits de douane faibles depuis l’Inde vers l’Europe, mais très forts depuis l’Europe vers l’Inde. A cela s’ajoute quelque chose en Europe qui est intolérable : nous sommes l’une des seules régions au monde où le « made in » n’est pas obligatoire sur les articles textile. C’est inimaginable. Le besoin de traçabilité pour le consommateur et pour la sécurité de la filière n’est pas mis en œuvre, alors que c’est effectif quasiment partout ailleurs.

FNW : Quel est l’état des lieux de la filière aujourd’hui ?

EB : La filière de l’industrie textile se porte bien, avec notamment une augmentation du nombre d’emplois de 1,5 %. Et c’est un secteur qui a un taux d’exportation qui est étonnamment élevé, deux tiers de nos productions partant à l’étranger. Tout cela est extrêmement positif. La capacité de notre pays à répondre aux préoccupations du marché est importante. Très souvent, nous avons des entreprises européennes leaders sur leur domaine d’activité. L’un des problèmes auxquels nous sommes confrontés, c’est un problème de recrutement : en Auvergne Rhône-Alpes, avec les départs en retraite, sur les cinq prochaines années, cela représente entre 3 500 et 5 000 emplois à pourvoir et qui ne sont pas pourvus. C’est un vrai problème pour nos entreprises avec nos savoir-faire industriels complexes. Et c’est un vrai défi de montrer à nos jeunes que le textile est un secteur extrêmement dynamique. C’est un secteur dont le produit véhicule une force extraordinaire, avec de fortes parties industrielles créatives et même R&D. Et surtout, il s'agit d'un secteur qui est clairement stratégique pour la nation.

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