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France : le combat inégal d'une PME alsacienne contre la contrefaçon en Chine

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8 juil. 2005

LA WALCK (France), 8 juillet 2005 (AFP) - Depuis qu'il a découvert fin juin que des chaussures de sécurité Lemaitre "made in China" étaient proposées sur un site internet marchand chinois, alors même que la PME alsacienne ne produit pas en Chine, son pdg a décidé d'interpeller les pouvoirs publics et les médias.

"Les pratiques commerciales déloyales dont sont victimes les industriels européens de la chaussure sont particulièrement agressives et prennent des formes de plus en plus variées", martèle Jean-Michel Heckel, le pdg de Lemaitre Sécurité, une PME de 121 salariés implantée à La Walck (Bas-Rhin, est) depuis 1974.

Alors que la Commission européenne vient d'ouvrir une enquête anti-dumping sur les importations de chaussures de sécurité chinoises dans l'UE, M. Heckel a fait constater par huissier que le site marchand chinois vantait les mérites de son "dernier produit" phare, équipé d'une semelle à injection concave Parabolic, en allant jusqu'à préciser qu'il s'agit d'"un concept unique".

Le site, qui propose des milliers de produits existants dont plusieurs autres copies manifestes, comme une gamme entière de couteaux de l'armée suisse "made in China", offre également de faire fabriquer en Chine tout produit souhaité par le client pour une commande minimum de 3.000 dollars.

"Ce qui me choque, c'est que même des petites sociétés comme la nôtre sont désormais copiées, en toute impunité", renchérit Charles Heckel, fils du pdg et directeur commercial de cette entreprise qui produit 2,5 millions de paires de chaussures de sécurité dont 1,1 en France, le reste dans des centres de production en Tunisie et en Afrique du Sud, et les vend dans quelque 80 pays.

Son premier choc frontal avec la contrefaçon a entraîné la fermeture en 2001 d'Austrasia, sa filiale à Metz, qui employait une quarantaine de personnes.

"Du jour au lendemain, nous avons perdu toutes nos ventes sur le Moyen Orient, soit environ 120.000 paires par an, avant de découvrir que notre produit avait été copié", explique le pdg, en exhibant une boîte et une chaussure en tout point similaire à l'original.

"Les Chinois avaient même fait mieux, en ajoutant un plastique de protection et un dessiccateur", ajoute-t-il, tout en soulignant que le dépôt de bilan n'a en rien arrêté la contrefaçon de la marque.

"Quatre ans plus tard, les chaussures de sécurité Austrasia se vendent toujours au Proche-Orient, et on ne peut rien faire, puisque le contrefacteur n'a pas été identifié et que tout se passe à l'étranger".

Mais au delà de la contrefaçon, la PME alsacienne se sent prise en tenailles entre le discours officiel sur la mondialisation - qui vante son impact positif sur le consommateur - et ses conséquences sur l'emploi. "Une usine ne peut pas vivre que d'innovations, d'autant que celles-ci sont immédiatement reprises par nos concurrents asiatiques et deviennent vite obsolètes", note le pdg.

Pour alléger le coût du travail en France, il aurait bien une solution : faire peser les charges sociales sur les produits et non plus sur les salaires, en mettant sur pied une "TVA sociale".

En attendant, il a décidé de s'associer avec un sous-traitant chinois pour faire fabriquer prochainement une partie de ses modèles en Chine, sous licence bien évidemment, pour le marché asiatique.

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