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L'Oréal : un nouveau patron et le défi de poursuivre la croissance

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23 avr. 2006

PARIS, 23 avr 2006 (AFP) - Le célèbre patron britannique de L'Oréal, Lindsay Owen-Jones, va céder mardi sa place de directeur général à Jean-Paul Agon, au terme de 18 ans de règne marqué par une croissance ininterrompue des résultats, une performance unique qui donne la mesure du défi posé à son successeur.


Lindsay Owen-Jones (G) et Jean-Paul Agon (D) - Photo : Pierre Verdy/AFP

Une des entreprises symboles du style français perdra ainsi un peu de sa singularité et aura un patron français. La passation de pouvoir entre les deux hommes sera officialisée lors du conseil d'administration qui suivra l'assemblée des actionnaires.

Successeur désigné le 17 février 2005 mais pressenti depuis déjà une dizaine d'années, Jean-Paul Agon, qui fêtera ses 50 ans le 6 juillet, était jusqu'alors responsable de la filiale américaine.

M. Agon a fait toute sa carrière au sein de L'Oréal et a expérimenté tous les métiers: de représentant (en 1978, à sa sortie d'HEC) à responsable de filiales en passant par chef de produit et dirigeant de pays.

Elu en 2002 meilleur manager des 20 dernières annés par le magazine Challenges, Lindsay-Owen Jones, 60 ans, conservera des fonctions non exécutives de président de l'entreprise.

"OJ", comme il est surnommé, laisse à son successeur un groupe profondément transformé, numéro 1 mondial des cosmétiques, dont les résultats affichent des progressions à deux chiffres depuis 21 ans. L'année dernière, le groupe a dégagé un bénéfice net historique de 1,972 milliard d'euros en hausse de 37% par rapport à 2004.

Cette réussite est le résultat d'une stratégie bien affûtée: exporter l'ensemble des marques du groupe dans tous les pays du monde, y compris dans les pays émergents en offrant une gamme de produits chers vendus en parfumerie et une autre de produits grand public accessibles dans les supermarchés.

Mais cette stratégie a besoin d'un lifting, selon les investisseurs, qui mettent en doute la capacité du groupe à maintenir un tel niveau de croissance.

Le passage de témoin marquera sans doute une étape importante dans l'évolution du modèle économique de L'Oréal, dont les principaux actionnaires sont les familles Bettencourt et le groupe Nestlé, avec respectivement 28,18% et 27,08% du capital.

Jean-Paul Agon arrive à un moment où la concurrence s'est accrue. Il devra composer avec la présence sur son marché de groupes comme Procter et Gamble, le géant américain n'ayant jamais caché son ambition de ravir à L'Oréal la place de numéro 1 dans les produits professionnels.

Il lui faudra assurer la croissance du groupe dans les pays émergents, où M. Owen-Jones a ouvert des filiales, dont une en Chine en 1997 avant d'y installer récemment un laboratoire spécialisé dans la peau des Asiatiques.

M. Agon devra enfin composer avec un marché européen à la croissance fragile, même s'il se dit convaincu que les hommes et les seniors représentent un énorme potentiel de croissance dans les marchés dits matures.

Prié de ne pas faire de l'ombre à "OJ" jusqu'à son départ, M. Agon avait commencé à asseoir son autorité il y a deux mois lors de la présentation des résultats annuels, le 16 février.

Pour marquer sa différence avec son futur prédecesseur, il avait déclaré que la croissance externe n'était pas contradictoire avec la croissance interne et qu'il n'excluait pas de procéder à des acquisitions.

A peine un mois plus tard, et avant même sa prise de pouvoir officielle, L'Oréal achetait la chaîne britannique The Body Shop pour 652 millions de livres (940 millions d'euros).

Par Delphine TOUITOU

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