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La charentaise fait de la résistance en misant sur la qualité

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7 nov. 2007

PARIS, 7 nov 2007 (AFP) - Apparue sous Louis XIV mais fortement malmenée depuis quelques années par la concurrence asiatique, la pantoufle charentaise fait de la résistance en misant sur la qualité et en soignant son look.


Charentaises hiver 2007/2008

Pour prouver que ces chaussons traditionnels ne sont pas "ringards" mais "tendance", les professionnels du secteur avaient organisé mercredi 7 novembre un défilé à la Tour Eiffel afin de présenter les tendances hiver 2007-2008.

Pantoufles "bien-être", de couleur blanche ou pastel; chaussons "doudou" jouant sur l'animalité, les peaux de bêtes, les fausses fourrures; charentaises aux teintes acidulées pour s'amuser, ou encore façon tradition avec lainages tweed ou carreaux écossais.

"Le but de ce défilé est de montrer la renaissance de notre produit", a expliqué à l'AFP Frédéric Rondinaud, président de la société Rondinaud, numéro un de la charentaise.

Cette PME familiale, qui emploie 170 personnes et réalise 19 millions d'euros de chiffre d'affaires, a pris de plein fouet la concurrence asiatique sur les chaussons d'intérieur. Depuis la fin des années 1990, son chiffre d'affaires a chuté et ses effectifs ont été fortement réduits.

Pour s'adapter, Rondinaud, qui fournit notamment la grande distribution, a délocalisé une partie de sa production au Maroc et plus récemment en Chine.

"Et puis, il y a deux ans, nous avons pris un virage en faisant appel à des stylistes extérieurs pour relooker la charentaise. Nous avons eu l'idée de faire d'un produit banal un produit à valeur ajoutée, que l'on vend dans les grands magasins ou chez les détaillants de centre-ville", raconte-t-il.

Alors qu'un chausson de base s'achète en grande distribution 9 euros environ, la charentaise de qualité vaut 35 à 45 euros dans les magasins de chaussures.


Charentaises hiver 2007/2008

Rondinaud fabrique à présent des charentaises en cachemire ou encore en faux vison. "Nous faisons même, sur mesure, des charentaises en vison véritable que nous vendons dans des stations de sports d'hiver chic, aux alentours de 300 euros", explique le chef d'entreprise.

"Il faut travailler la qualité, l'originalité, la créativité", opine Thierry Civetta, président de la société Fargeot en Dordogne. "On revisite la tradition mais le marché reste très difficile", poursuit le responsable de cette PME de 85 personnes.

L'industrie française de la chaussure d'intérieur parvient à produire encore 12 millions de paires par an pour un chiffre d'affaires d'environ 60 millions d'euros. La fabrication est localisée dans l'ouest de la France et notamment en Charente et en Dordogne.

Mais elle est confrontée à des importations massives (70 millions de paires en 2006 pour un montant de 121 millions d'euros) dont 78 % viennent de Chine.

"L'Asie nous a pris le volume. Les fabricants qui ont survécu sont ceux qui se sont tournés vers la qualité", explique Patrick Maniotte, président de la Fédération française de la chaussure.

"La charentaise, c'est presque une AOC", ajoute M. Maniotte. Elle est née au XVIIème de la récupération astucieuse des feutres de laine, développés pour la Marine royale. Les pièces avec des défauts étaient utilisées pour faire des pantoufles.

La charentaise, qui était noire au départ, est adoptée par les paysans qui la glissent dans leurs sabots. Au début du XXème siècle, le tissu écossais fait son apparition, devenant la signature de cette pantoufle fourrée de laine, à la semelle de feutre.

Par Pascale MOLLARD-CHENEBENOIT

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