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La mode "guerrière" revient à New York au musée avant de reconquérir la rue

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13 sept. 2006

NEW YORK, 13 sept 2006 (AFP) - A l'occasion de la semaine des défilés, le Fashion Institute of Technology de New York célèbre dans une exposition les tenues d'inspiration militaire, peut-être annonciatrices d'un retour à une mode plus masculine voire "guerrière".


A Robe du soir camouflage de John Galliano pour Chrisitan Dior le 12 septembre 2006 à New York
Photo : Robyn BECK/AFP

Après plusieurs années de mode "très fille", les créateurs en Europe et aux Etats-Unis semblent depuis une ou deux saisons revenir à des styles plus carrés.

"Ces dernières saisons, c'était surtout cette féminité passive, alors que l'autre, la féminité dans la force, me semble sans doute plus juste", dit Valerie Steele, directrice du musée du FIT. "Comme la mode marche par cycles, je crois que beaucoup de gens en ont assez de cette douceur mielleuse".

Intitulée "Amour et guerre: la femme armée", son exposition s'ouvre d'ailleurs sur une remarque de la créatrice italienne Miuccia Prada : "Je suis fatiguée de toute cette féminité sucrée passive. Nous les femmes devons revenir à plus de force !"

Dans un vaste espace tendu de noir, le FIT présente une série d'ornements militaires remontant au 16e siècle, et plus de 80 tenues contemporaines montrant qu'influence militaire rime bien souvent avec sensualité.

A la main d'acier de l'armure italienne (1590) répond le gant clouté d'Azzedine Alaïa (1988), à la cotte de mailles répondent les sacs de métal des années 1910, au casque perse du 18e siècle répond la cagoule pour le soir d'Elsa Schiaparelli (1938). Les boots de Martin Margiela avec orteils découpés évoquent les bottes défensives en fer et laque portées au Japon aux 17 et 18e siècles.

Le trench lui-même vient de là, rappelle l'exposition, soulignant que l'imperméable est sans doute la pièce militaire ayant eu le plus influé sur la mode (Burberry a commencé à produire dès avant la 1ère Guerre mondiale).

Les plus grands créateurs ont joué avec ces influences, notamment dans les années 90. En témoignent au FIT le sensuel fourreau de soie camouflage barré de zips orange Dior, la robe camouflage Jean-Paul Gaultier ou la collection 1998 d'Alexander McQueen inspirée par Jeanne d'Arc.

Partie la plus radicale de l'équipement militaire, l'armure inspire une grande audace: le corset en bois de Yohji Yamamoto (1991-92) ou la robe en résine synthétique de Hussein Chalayan, une tendance poussée à son paroxysme par Thierry Mugler avec son armure argentée, sorte de "robot couture sexy".

Mais avec l'armure va le tissu à même la peau, et le FIT s'intéresse aussi à la lingerie: corsets, armatures, autant d'instruments de force et pouvoir pour la femme.

Aujourd'hui, ces tendances font un début de retour. A l'avant-garde, John Galliano dont le dernier défilé Dior s'est ouvert par une extraordinaire robe de soie noire avec une armure d'argent enserrant une moitié du corps. La pièce est présentée au FIT.

Dans la jeune génération, le Brésilien Alexandre Herchcovitch, qui défile à New York, a conçu des pièces en caoutchouc noir pas loin du fétichisme. Le duo britannique Boudicca, qui tire son nom d'une reine celte de la guerre, crée souvent des modèles évoquant des femmes guerrières.

A la semaine des défilés printemps-été 2007 de New York qui se termine vendredi, une certaine masculinité est en tout cas de retour. Même les rédactrices de mode arborent des ongles vernis de noir.

"Le retour des années 80 joue beaucoup, avec sa dureté néo-punk, ces corps durs", dit Mme Steele. "Les pantalons de treillis comme les jeans slim sont redoutables, plus masculins. Avec eux vous marchez différemment. Je pense que les vêtements masculins vont avoir plus d'influence, ils ont été sous-exploités récemment".

Par Catherine HOURS

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