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Lanvin : la crise s'accentue un peu plus

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Reuters
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13 juin 2017

Lanvin, tombée dans le rouge en 2016, s'enfonce dans la crise avec des résultats en chute libre et une stratégie qui alarme les salariés, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.


Lanvin - automne-hiver 2017 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Prise dans la tourmente depuis le départ de son ancien directeur artistique Alber Elbaz, la griffe a vu ses ventes chuter de 23 % en 2016, à 162 millions d'euros, et a accusé une perte nette de 18,3 millions, après un bénéfice de 6,3 millions en 2015, a indiqué une des sources.

La tendance s'est encore aggravée au début de 2017, avec un décrochage des ventes de 32 % au cours des deux premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2016, une évolution qui contraste avec le rebond observé chez certaines marques de luxe comme Louis Vuitton, propriété du groupe LVMH, ou Gucci (Kering) portées par un rebond des achats de la clientèle chinoise.

Le chiffre d'affaires de la plus ancienne maison de couture française encore en activité avait atteint un sommet à 235 millions d'euros en 2012.

Depuis l'arrivée de la styliste Bouchra Jarrar, en mars 2016, ses collections femme, aux lignes sobres inspirées du tailleur masculin ne parviennent pas à convaincre.

« La première collection s'est très mal passée, la deuxième n'a pas mieux marché », déplore une autre source, pour qui la nouvelle direction artistique n'apporte pas le renouveau attendu par les jeunes consommateurs du luxe.

Dans ce contexte, l'entreprise, qui a déjà fermé nombre de points de ventes non rentables, a mis en place un plan de réduction des coûts préconisé par le cabinet Long Term Partners après un audit interne. Ce plan passe par des suppressions de postes et des réductions de dépenses, comme les budgets publicitaires ou les investissements dans les magasins.

« Inquiétude pour l'avenir »

Le licenciement de neuf personnes est en cours et d'autres suppressions d'emplois pourraient intervenir plus tard dans l'année, sur un effectif (moins de 300 personnes en France) qui voit aussi de nombreux départs volontaires, indique une des sources.

Par ailleurs, pour relancer les ventes, Lanvin projette de créer une ligne de maroquinerie qui serait destinée aux magasins de déstockage (outlets), une stratégie que les spécialistes du luxe jugent très destructrice pour l'image d'une marque. « La maison coule, un des fleurons de la mode française est en péril et les salariés sont à bout », estime une des sources, tandis qu'une autre évoque « une stratégie très néfaste et un sentiment de grande inquiétude sur l'avenir d'une maison prestigieuse et ancienne ».

La milliardaire chinoise Shaw-Lan Wang, 75 ans, qui contrôle 75 % du capital de Lanvin et a écarté par le passé une proposition de rachat de l'entreprise par le Qatar, ne laisse rien filtrer de ses intentions. Face à elle, l'homme d'affaires suisse Ralph Bartel, qui détient 25 % du capital, juge urgent de changer de stratégie et de relancer la griffe par de nouveaux investissements. « Il est en désaccord avec les options prises par la direction et veut un changement de cap », ajoute une des sources. Pour 2017, l'entreprise prévoit une perte nette de 27 millions d'euros, selon une des sources.

Personne n'était joignable chez Lanvin comme auprès de Bouchra Jarrar et des deux actionnaires de l'entreprise pour commenter ces informations.

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