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Le couturier russe Yudashkin : des robes "Fabergé" au "chic accessible"

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11 juin 2006

MOSCOU, 11 juin 2006 (AFP) - En 1991 il a ébloui Paris avec ses robes haute couture "Fabergé" et prouvé à l'Occident qu'il existait une mode en Russie. Valentin Yudashkin, le styliste le plus russe qui soit, pense aujourd'hui plus affaires, fabrique des jeans et rêve du Japon et de la Corée.


Valentin Yudashkin et l'un de ses modèles à Moscou le 9 juin 2006 - Photo : Alexander Nemenov/AFP

"Je suis inspiré par la culture et les traditions russes. Toutes mes collections allient inspiration nationale et création contemporaine, que ce soient robes de soir ou jeans", explique le couturier, 42 ans, en faisant visiter son empire sur la prestigieuse avenue Koutouzovski où se côtoient de nombreuses boutiques de luxe.

Couleurs vives, richesse d'ornementation, broderies, dentelles, plumes et paillettes : il présente un défilé-rétrospective de ses créations des 15 dernières années mêlant somptueuses robes de bal qui seront offertes à un musée de mode en construction à Moscou et jeans de la dernière collection.

Avec une avalanche de boutiques de luxe occidentales qui ont ouvert à Moscou, "je ne suis plus roi", ironise le couturier, petit et souriant, aux cheveux bruns mi-longs, vêtu d'une veste bleue, d'un pantalon blanc et de baskets argentées.

"Il faut penser business tout en restant artiste", souligne Yudashkin, marié et père d'une fille.


Un modèle du couturier Valentin Yudashkin défile le 9 juin 2006 à Moscou - Photo : Alexander Nemenov/AFP

Le lancement l'an dernier d'une production de jeans sous le slogan "chic accessible" et leur distribution dans de grands centres commerciaux "a fait grimper nos ventes de 30-40%", dit Anastassia Zaïtseva, porte-parole de la maison.

"Le jean, c'est mon vêtement préféré depuis l'époque soviétique où il était pratiquement introuvable", avoue le créateur, que les pénuries et l'uniformité vestimentaire en URSS ont d'ailleurs incité à coudre.

Tout en démocratisant ses produits, le couturier reste fidèle à l'opulence et au souci du détail, des qualités qui lui ont permis de devenir le premier Russe à être admis au Syndicat de la Haute couture en France en 1996.

"Les foulards sont fabriqués à Lyon où l'on trouve les meilleurs tissus, les costumes d'hommes en Italie. Les Russes sont inégalés pour les robes de soir et les blouses en soie", explique-t-il avant de faire visiter le saint des saints de sa maison, les ateliers.


Un modèle de Valentin Yudaskin défile le 9 juin 2006 à Moscou - Photo : Alexander Nemenov/AFP

Irina Goudouchaouri brode depuis trois jours sur du tulle une fleur à paillettes en noir, blanc et or qui décorera une robe de la prochaine collection qui sera présentée le 6 juillet à Moscou au musée d'art Pouchkine.

Cette artiste venue du Caucase a rejoint les ateliers de Yudashkin il y a un an, le couturier l'ayant invitée après avoir vu son exposition de broderies.

Zoïa Kovaleva, une couturière quinquagénaire travaille, elle, chez Yudashkin depuis le début des années 90. Elle se souvient de ce jeune révolutionnaire ayant créé son empire de mode à partir d'un atelier soviétique où elle avait travaillé.

"Avec lui, il a fallu réapprendre à coudre non d'après les technologies connues mais à l'encontre", se souvient-elle en ajustant sur un mannequin une robe noire couverte de dentelles blanches.

Diplômé d'un "institut industriel", Yudashkin fait tout et n'importe quoi avant la perestroïka : il crée des costumes pour des gens du cirque et écrit sur l'art pour les revues féminines Rabotnitsa (Travailleuse) et Krestianka (Paysanne).

En 1987, il présente sa première collection dans une salle de concert à Moscou. En 1991, il fait fureur à Paris avec la collection Fabergé dont l'une des robes a été offerte au Louvre. Il participera tous les ans jusqu'à 2000 aux semaines de la Haute couture à Paris avec des collections comme "Fresques", "La Grande Catherine" ou encore "Ballet".

Sa maison à Moscou emploie 300 salariés, il vend aux Etats-Unis, en Italie, en Belgique, en Grande-Bretagne, au Koweït, au Liban et en Arabie Saoudite.

Son prochain objectif : conquérir le marché japonais l'année prochaine et la Corée du sud en 2008.

Par Olga NEDBAEVA

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