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Le sort de la PME de Guillaume Sarkozy, emblématique d'un secteur en crise

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21 sept. 2005

PARIS, 21 sept 2005 (AFP) - Le dépôt de bilan de Tissage de Picardie, PME textile dirigée par Guillaume Sarkozy, président de l'Union des industries textiles (UIT) et candidat malheureux à la présidence du Medef, illustre les difficultés d'un secteur concurrencé par les importations de produits finis.

M. Sarkozy, frère du ministre de l'Intérieur, a déposé mardi une déclaration de cessation de paiement de sa PME de 85 salariés, qui sera examinée le 30 septembre par le tribunal de commerce d'Amiens (Somme).

"Si nous étions restés aux conditions de 2000, 2001 et 2002, en ce qui concerne le niveau du dollar et la place de l'Inde ou la Chine sur le marché, j'ai le sentiment que nous n'aurions pas déposé le bilan", explique M. Sarkozy, dans un entretien au quotidien Les Echos.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a déclaré mercredi qu'il "pensait d'abord aux salariés" de la PME, dont les effectifs ont été réduits d'un tiers en 18 mois, un phénomène qui touche tout le secteur: selon la CGT, 2.000 emplois disparaissent chaque mois dans le textile en France.

L'euro fort, qui valait mercredi 1,22 dollar, pénalise les exportations françaises, alors que Tissage de Picardie réalisait 55% de ses ventes hors de France.

En outre, les clients principaux des tisseurs français, c'est-à-dire les confectionneurs tunisiens et marocains, s'amenuisent car distributeurs et grandes marques importent désormais "de plus en plus de produits finis" d'Asie, à des prix beaucoup plus bas, explique Gildas Minvielle, économiste à l'Institut français de la mode (IFM).

"A 7 euros le mètre en France, le même tissu est vendu en Asie à 4,5 euros", souligne Thierry Noblot, délégué général de l'UIT.

M. Noblot déplore aussi que le salaire minimum (SMIC) en France ait "progressé de 18% en trois ans". "Dans aucun autre pays d'Europe, il n'y a eu une telle évolution salariale", selon lui.

A cela s'ajoute le fait que les Français "ont un problème de compétitivité à l'export", concurrencés par des Italiens "plus agressifs commercialement", estime M. Minvielle, en rappelant que 60% des textiles européens vendus aux Etats-Unis sont italiens.

Ces difficultés ont été "aggravées" par la suppression des quotas sur les produits textile depuis le 1er janvier 2005 et l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, souligne M. Minvielle.

La récente décision de Bruxelles de remettre sous quotas certains textiles chinois, cheval de bataille de Guillaume Sarkozy, n'a elle profité qu'aux pays voisins de la Chine, comme le Bangladesh.

En outre, le tissu d'ameublement va particulièrement mal. Alors que le chiffre d'affaires de l'habillement "se maintient" en France, celui du tissu d'ameublement a baissé de 5% en 2003 et de 3,6% en 2004, souligne Evelyne Chaballier, directrice des études économiques à l'IFM.

Selon elle, les consommateurs "achètent des voilages plutôt que des double-rideaux". Or Tissage de Picardie était spécialisé dans le tissu Jacquard, un tissu lourd qui nécessite des équipements spécifiques, et rend cette activité "difficilement délocalisable", comme le souligne M. Sarkozy.

Les distributeurs habituels, tapissiers et décorateurs, sont aussi remplacés progressivement par des chaînes de type Ikea ou Leroy Merlin, qui supposent une "transformation radicale de l'entreprise", selon M. Noblot.

Malgré des "efforts de création et de positionnement", par l'utilisation de nouveaux fils et le développement des colorations, la PME de M. Sarkozy, comme beaucoup d'autres, a vu son carnet de commandes chuter de moitié en trois ans.

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