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Les diamants de Iakoutie : le trésor le mieux gardé de Sibérie

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21 sept. 2006

MIRNY (Russie), 21 sept 2006 (AFP) - La ville de Mirny en Iakoutie (Sibérie orientale), avec ses 40 000 habitants au bord du gigantesque cratère de la mine de diamants Mir, a longtemps été absente des cartes géographiques. La Russie voulait ainsi éviter de lever le voile sur une industrie qu'elle protège encore jalousement.


Diamants - Photo : AFP

Et il est toujours très difficile pour les étrangers de se rendre dans cette cité de baraques en bois et de petits immeubles construits à la hâte, sans être invité officiellement par Alrosa, le deuxième producteur mondial de diamants, contrôlé par l'Etat russe.

Le tourisme dans cette république la plus vaste de Russie, avec un hiver qui dure neuf mois et des températures qui peuvent atteindre -60°, est considéré comme un alibi improbable par les autorités locales.

Et les étrangers qui s'y aventurent sans autorisation, soupçonnés de s'intéresser de trop près aux diamants, sont interrogés par le FSB (ex-KGB) et risquent l'expulsion.

La Iakoutie, région aussi grande que l'Inde, trois millions de km2 dont la moitié au delà du cercle polaire, est riche en kimberlites, des cheminées volcaniques verticales où se sont formés les diamants il y a trois milliards d'années.

"Il y a environ 50 ans, on a découvert le premier gisement de diamants en Iakoutie et depuis l'extraction s'est rapidement développée", explique Alexandre Nitchiporouk, le Pdg d'Alrosa, qui a de grandes ambitions pour sa compagnie.

Mir (Paix), premier gisement de ce type exploité depuis 1958, a longtemps été la fierté de la Russie. Cette carrière, profonde de 1,3 kilomètre et d'un diamètre de plus de 500 mètres a fourni de ses entrailles pour plus de 17 milliards de dollars de diamants.

Le cratère aux paroies grises, rempli d'eau vert clair est abandonné depuis 2001, les contraintes techniques ne permettant plus l'exploitation à ciel ouvert. Mais le gisement attend sa deuxième vie avec l'ouverture d'une mine souterraine en 2009.

A quelques kilomètres de là, la mine Internatsionalny est déjà exploitée selon cette technique. Quelque 870 mineurs se relaient pour extraire 24 heures sur 24 le précieux minerai gris vert, transporté par camions d'une centaine de tonnes chacun vers un complexe qui extrait les diamants de la roche.

Une fois dégagés de leur gangue, les diamants bruts sont triés dans un laboratoire d'Alrosa gardé par des portes blindées. Les plus petits sont exportés en Inde et les plus gros en majorité vers Anvers, haut lieu du négoce diamantaire, avant d'être taillés et d'arriver dans les bijouteries.

Au fond d'une galerie à 700 mètres sous terre, Alexandre Vassilievitch, l'ingénieur en chef donne des ordres à ses hommes. Le visage buriné sous son casque blanc, il apprécie "des moyens techniques plus modernes et l'informatique" qui n'existaient pas quand il est entré dans la compagnie il y a 30 ans.

Mais le parfum de gaz omniprésent rappelle que "cette mine n'est pas moins dangereuse que les mines de charbon du Kouzbass" où il travaillait avant.

Malgré les conditions difficiles dans un climat extrême, les mines de diamants attirent beaucoup de monde avec un salaire moyen de 30 000 roubles (1 071 dollars).

Mais Mirny, avec des routes cabossées et son habitat vétuste, a peu profité de cette manne jusqu'à présent, à l'exception de quelques bâtiments aux couleurs éclatantes dont les bureaux de la compagnie, et un sanatorium offert par Alrosa.

Aujourd'hui encore, Alexandre Kissitchine présente la mine Internatsionalny qu'il dirige comme le gisement "le plus riche de Russie". Mais il ne dira pas à combien de carats cela correspond. "C'est un secret d'Etat selon la loi russe", dit dans un sourire le responsable.

Par Lucie GODEAU

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