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3 janv. 2006
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Les investissements mondiaux en équipements textiles

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3 janv. 2006




Dernière année avant la disparition des quotas, 2004 a traduit dans les investissements textiles les positions commerciales anticipées par les différents pays libéralisés.

La Chine en est l'exemple le plus frappant, investissant de manière exponentielle depuis 2003.

D'autres pays comme le Bengladesh ou le Pakistan ont également accru leurs forces sur l'ensemble de la filière textile.


Un leadership chinois en filature type coton

Au niveau mondial, les investissements de production textile n'ont pas fondamentalement évolué depuis 2003, année où la Chine a investi massivement en filature traditionnelle type coton, prenant le pas sur sa rivale cotonnière l'Inde qui reste au second rang mondial sur les dix dernières années.

Cinq pays concentrent plus de 90 % des investissements de filature type coton traditionnelle.

Le Pakistan et le Bengladesh ont multiplié par deux leur potentiel de filature coton. L'Indonésie, la Thaïlande et le Vietnam, classés dans le Top 10 en 2004 ont toutefois nettement ralenti leurs investissements par rapport à 2003 et 2002.

L'Europe voit se confirmer les difficultés de la filature cotonnière italienne, cette dernière voyant d'ailleurs ses exportations baisser de plus de 10 % depuis deux ans.

Le niveau d'investissement n'a jamais été aussi bas avec seulement 16 656 broches alors qu'à titre de comparaison l'Espagne avec 12 576 broches reprend quelques investissements après deux années très faibles de simple renouvellement de matériel.

Au niveau de la zone euromed, les intégrations attendues en amont se font toujours attendre. Seule l'Egypte continue à s'équiper significativement.

La Syrie après les grands investissements de 2002, est au même niveau que l'Ouzbékistan. La Turquie, quant à elle, après les fluctuations de la fin du siècle, a repris ses investissements tant en modernisation qu'en augmentation de capacité.

Au niveau de la filature open end , les investissements mondiaux ont chuté de 20 % en 2004, du fait d'une baisse de moitié du niveau d'équipement chinois. Diverses explications peuvent être avancées : choix stylistique/marketing de retour à l'utilisation defils classiques pour les jeans et le sportswear de la part de grandes marques internationales, consommation d'énergie importante…

On peut noter cependant que la consommation de fil open end n'est pas remis en cause pour la maille. D'autres pays comme l'Inde, la Turquie et le Brésil continuent leurs installations.

Certaines républiques d'Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan) continuent à investir, se donnant ainsi les moyens de transformer leur coton.






Une filière laine en danger ?

Dans un contexte de décroissance des investissements mondiaux en filature traditionnelle type laine, seuls la Chine et l'Iran (gros consommateur de filés de laine pour les tapis) continuent à augmenter leurs équipements. La Turquie a investi trois fois moins cette année par rapport à 2003 et 5 fois moins par rapport à 2002.

L'Inde favorise la filière coton depuis 10 ans après des efforts importants en 1995 en filature laine, année où elle fut le premier investisseur mondial devant l'Italie avec des investissements 10 fois plus importants que la Chine.


La Chine dicte sa loi en tissage

Après des investissements relativement élevés pour le tissage en 2002 et 2003, le marché mondial est revenu à des niveaux proches du milieu des années 90.

En 2004, la Chine concentre à elle seule 74 % des installations de métiers à tisser neufs sans navette d'un montant équivalent à 20 fois les investissements du second grand investisseur qu'est la Turquie.

Elle a investi sur les dix dernières années 10 fois plus que les 4 plus gros investisseurs mondiaux sur la même période à savoir : Taïwan, l'Italie, la Turquie et la Corée.

La Corée se maintient dans le top 4 grâce à des investissements entre 1995 et 2000, ceux-ci déclinant depuis cette date jusqu'à être 20 fois inférieurs en 2004 au niveau de 1995.

Même si les investissements taïwanais décroissent, ils permettent au pays d'être encore parmi les dix premiers.

Depuis deux ans, l'Inde accélère la modernisation de son industrie de tissage et ses investissements en métier sans navette, avec l’installation en 2004 d’autant de métiers qu'entre 1999 et 2002.

En parallèle, le pays achète de moins en moins de métiers à navette (pratiquement plus aucun depuis 2 ans).

Le Pakistan poursuit ses installations de tissage, un tiers de ses investissements de la dernière décade ayant moins de trois ans.

Après un creux en 2003, le Bengladesh reprend ses équipements au niveau de 2002. On peut noter que ces deux pays ont une stratégie de filière complète, augmentant leur puissance à la fois en filature et en tissage.

L'Italie continue à investir ainsi que le Japon. Par contre l'Egypte a réduit de moitié ses investissements de tissage par rapport à 2002.





Renforcement des équipements pour la filière Tee-shirt

Sur un marché du tricotage circulaire assez régulier si l’on excepte le surinvestissement chinois de l'année 2003 (+ 44 % par rapport à 2002), la répartition mondiale d'offre de jersey et autres jauges fines est assez stable.

Le Bangladesh et l'Egypte augmentent régulièrement leurs investissements depuis plusieurs années et ont d'ailleurs augmenté leurs exportations en tee-shirt sur l'UE de plus de 25 % entre 2003 et 2004.

Sur ce type de produit la Chine est à nouveau bien devant ses concurrents. L'Ile Maurice, acteur important du tee-shirt haut de gamme, augmente, à son échelle, ses investissements (93 métiers en 2004).


Pull-overs : Hong Kong n'est pas la Chine

Les investissements ont augmenté de 20% entre 2003 et 2004 au profit principalement de Hong Kong et de la Chine qui en ont profité pour sextupler leurs exportations de pulls vers l'Union européenne entre janvier et juin dernier par rapport à l'année précédente, profitant de la libéralisation des quotas.

Tous ces pulls n'ont pas été fabriqués sur des métiers électroniques puisque ces deux pays ont également investi en métiers à main et/ou semi-automatique.

Ces investissements peu onéreux mais consommateurs de main d'oeuvre se sont toutefois ralentis depuis 2002 passant pour la Chine de 61 125 métiers à 10 000 en 2004 et pour Hong Kong de 25 294 à 6 872.

Profitant de la mode qui dure toujours de pulls grosses jauges et d'une main d'oeuvre abondante, le Bengladesh investi depuis 3 ans plus de 50 000 métiers manuels par an.

En estimant que la production sur métier manuel est à peu près huit fois inférieure à celle d'un métier électronique, il convient de tenir compte des pays qui investissent dans le "manuel" comme Madagascar (2 500 métiers en 2004).

Les exportations de pull-overs/chandails en provenance du Bengladesh ont augmenté de 28% entre 2003 et 2004.

Il y a fort à croire que la réintroduction des quotas jusqu'à décembre 2007 va inciter les "petits" pays d'Asie à continuer leurs investissements afin de préserver ou d'acquérir une plus grande autonomie.

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