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24 nov. 2004
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Les nouveaux couples et l’importance du bijou dans leur union

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24 nov. 2004

Quelles sont les nouvelles formes de vie commune, quels sont leurs rituels et les supports symboliques de l’union ? Comment sont-ils réinventés ? Cette étude s’est réalisée en plusieurs étapes. Tout d’abord, TNS SOFRES a rencontré, en couple ou séparément, 17 personnes vivant maritalement, et s’est longuement entretenu avec eux. Hétérosexuels ou homosexuels, transgénérationnels ou transsociaux, jeunes ou seniors, pacsés ou familles recomposées, avec ou sans enfant : ces couples sont représentatifs de l’évolution de la société française. Par ailleurs, un sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 1000 personnes représentatif de la population française, de manière à avoir l’éclairage de l’opinion publique. LE BIJOU, UN SYMBOLE DE REUSSITE DU COUPLE 61% des Français interrogés déclarent aimer les bijoux, un attrait qui se vérifie chez les jeunes comme chez les moins jeunes, et qui concerne l’ensemble des classes sociales, même s’il est un peu plus fort chez les catégories ouvriers et employés (respectivement 64% et 61%) qu’au sein des cadres et professions intellectuelles (57%). Bien sûr les femmes, sur ce sujet, se distinguent (elles aiment les bijoux à 80%) mais, et c’est une révélation de cette enquête, les hommes ne sont pas en reste : 40% d’entre eux aiment les bijoux, et surtout, ils le disent. Si l’attrait du bijou est aussi fort, c’est parce que, nous disent joliment certains interviewés, « ce n’est pas un objet comme un autre ». Et effectivement, pour 61% des Français interrogés, un bijou, c’est d’abord un objet d’une valeur sentimentale, puis un objet de valeur, que l’on peut transmettre (35%) ou encore un plaisir personnel (29%). Mais ce n’est que très rarement un accessoire comme un autre (14%), et encore moins un objet destiné à être montré (8%) : à cet égard, la symbolique du bijou s’inscrit d’abord dans l’espace du privé, de l’intime, beaucoup plus que dans la logique de la marque socialement distinctive. Objet d’une valeur sentimentale, les bijoux ont une fonction très spécifique au sein même du couple et une proportion somme toute très significative des Français interrogés va jusqu’à dire qu’ils sont même une condition de sa réussite : et en effet, 40% des Français déclarent que s’échanger un bijou c’est une condition de réussite pour un couple, et notamment pour les catégories sociales employés et ouvriers. Cette importance du bijou dans la réussite du couple s’énonce presque dans les mêmes proportions, quelle que soit la modalité de vivre ensemble choisie : 39 % des couples mariés déclarent qu’échanger un bijou est importante pour que le couple réussisse, 35 % chez les couples qui vivent maritalement. LES CONDITIONS DE RÉUSSITE POUR UN COUPLE S'échanger un bijou Cette place accordée au bijou dans le couple conduit à s’interroger sur ses rôles et ses fonctions, et pour cela à comprendre ce que devient la notion d’engagement au sein du couple, et notamment au sein du couple non marié. TRIOMPHE ET DEBOIRES DU MARIAGE Tout se passe comme si la crise traversée par le mariage à la fin du XXe siècle était stoppée : 50 % des Français estiment aujourd’hui que le mariage est une institution nécessaire, ils étaient 50 % en 1994. Cette nécessité reconnue à l’institution du mariage est plus forte que la moyenne chez les hommes (55 %), chez les personnes les plus diplômées (52 %), et dépend d’un effet de génération : 49 % chez les 25-34 ans, 42 % chez les 35-49 ans, 51 % chez les 50-64 ans, 61 % chez les 65 ans et plus. LA PERCEPTION DU MARIAGE Et entre le mariage, l’union libre, le concubinage et le PACS, c’est bien le mariage qui a la préférence des Français, à 63 %. Mais, tout de même, 31 % formulent leur préférence pour l’union libre ou le concubinage ; une préférence plus forte chez les jeunes (44 % des 18-24 ans), et bien sûr chez ceux qui ont fait le choix de vivre ensemble sans se marier (68 % des personnes qui vivent maritalement), mais qui est énoncée dans les mêmes proportions quelle que soit son origine sociale : 35 % chez les cadres, 35 % chez les professions intermédiaires, 36 % chez les ouvriers. LA MODALITÉ DE VIE EN COUPLE PRÉFÉRÉE Et pourtant le mariage est loin de répondre à toutes les attentes des couples ; il ne fonctionne pas en tout cas comme une garantie : . ni de la durée du couple : 41 % des Français estiment que sur ce point, il n’y a pas de modalité meilleure qu’une autre, . ni de la fidélité, qui se construit ici véritablement comme une valeur moderne : 47 % des interviewés déclarent qu’il n’y a pas de recette miracle en la matière, . ni de la liberté au sein du couple : sur ce point là encore aucune modalité du couple ne semble meilleure, ni le mariage (31 %), ni le concubinage ou l’union libre (24 %) : les trois modalités indiffèrent pour 40 % des interviewés. Il est en revanche clairement la modalité de vie en couple jugée la meilleure : . en ce qui concerne la situation des enfants : 71 % préfèrent le mariage et cela que l’on soit jeune ou moins jeune, cadre ou ouvrier ; . en ce qui concerne l’officialisation d’une relation amoureuse : 60 % préfèrent le mariage au concubinage ou à l’union libre ou encore au Pacs. Bien sûr, ces résultats varient en fonction de la propre situation du couple de l’interviewé. Si les personnes qui vivent maritalement ne rejettent pas le mariage (59 % considèrent d’ailleurs que c’est la meilleure modalité en ce qui concerne la situation des enfants), ils lui refusent encore plus fortement que la moyenne des Français le monopole de la « garantie » en ce qui concerne la durée du couple, l’aboutissement d’une relation amoureuse et la fidélité. Et en ce qui concerne l’engagement dans le couple, plus de la moitié estime que toutes les modalités de vie en couple se valent. LES NOUVELLES FORMES D’ENGAGEMENT : L’INSCRIPTION DANS LE QUOTIDIEN Dans ce contexte de triomphe et déboires du mariage, la notion d’engagement subit deux types de tension : . entre le présent (volonté de construire au quotidien) et le long terme (espoir de la durée), . entre l’aspiration à la fusion : pour 71 % « vivre en couple suppose de tout partager » et celle, quasiment concomitante à l’autonomie, pour 75 % « vivre en couple, c’est accepter que chacun ait une vie autonome ». Et cette double tension est finalement vécue à la fois par les couples mariés et les couples non mariés. Dans ces conditions, l’engagement prend deux formes parallèles : . la construction sur le long terme : le fait d’habiter ensemble (83 %) et d’avoir un ou plusieurs enfants (64 %) demeurent les principaux marqueurs de l’engagement. . la construction au quotidien : couple mariés et surtout les couples non mariés développent ici un discours extrêmement élaboré de l’engagement au quotidien, qui se traduit par : - des petites attentions au quotidien : pour 94 % des couples mariés et 96 % des couples non mariés, il s’agit là d’une condition de réussite pour le couple, - le partage d’activités en commun, comme le sport ou les sorties : pour 82 % des couples mariés, 85 % des couples non mariés, - s’offrir des cadeaux : 55 % des couples mariés, pourcentage qui monte à 62 % chez les couples non mariés. LES CONDITIONS DE REUSSITE POUR UN COUPLE Ce que l’on vise donc, ce à quoi l’on aspire chez les nouveaux couples notamment, ce n’est pas simplement la réalisation de soi, mais bien la réalisation du couple, qui se construit autour de l’échange et du partage d’expériences communes. Une définition de la vie à deux, qui conduit presque les nouveaux couples à bannir de leur vocabulaire le mot engagement : très connoté « mariage », il concentre qui plus est, à lui tout seul une aspiration contradictoire : le besoin de durée et en même temps de liberté. L’ALLIANCE, UN SYMBOLE A REINVENTER POUR LES NOUVEAUX COUPLES Nous l’avons vu, l’échange de bijoux est perçu par les Français comme une condition loin d’être négligeable de réussite du couple. Et la pratique, telle que l’enquête de TNS Sofres la fait apparaître le confirme : . 81 % des couples mariés possèdent un bijou qui symbolise la relation à l’autre ; 78 % le portent effectivement tous les jours ou presque, . et fait remarquable, 48 % des personnes vivant en couple sans être marié, possèdent un bijou qui symbolise leur relation à l’autre ; il s’agit principalement d’une bague (24 %), mais aussi d’un collier (6 %), d’un bracelet (6 %) ou d’un pendentif (5 %), . 30 % des couples non mariés qui n’ont pas encore de bijoux symbolisant leur couple, en souhaitent un. Pour ces couples qui vivent maritalement, s’échanger un bijou symbole de l’union, n’est ni « ringard », ni définitivement associé au mariage. Bien au contraire. Mais il doit être réinventé : tout se passe comme si ces nouveaux couples appelaient de leurs vœux des bijoux différents, susceptibles de mettre en évidence la spécificité de leur union et de la modalité de vie à deux qu’ils ont choisi. Cette réinvention n’est pourtant pas chose aisée et le modèle de l’alliance est dans toutes les têtes, presque obsédant, soit que l’on cherche à s’en éloigner à tout prix (et c’est le fait de ces nouveaux couples qui sont à la recherche d’un bijou capable d’incarner leur forme de vie), soit que l’on cherche à s’en rapprocher, notamment chez ceux qui n’excluent pas de se marier un jour. Cette demande de réinvention concerne à la fois : . la symbolique du bijou : pour ces couples non mariés, s’échanger un bijou c’est d’abord une preuve d’amour (68 %) beaucoup plus qu’une preuve d’engagement (38 %). Mais c’est toujours la preuve d’expériences de vie partagées : à cet égard, et dans cette fonction, c’est le voyage à deux qui est le principal « concurrent » du bijou ; . la fonction du bijou : c’est d’abord une façon d’incarner et de raconter l’histoire du couple pour le couple : 52 % des couples vivant maritalement estiment d’ailleurs que s’échanger un bijou « c’est une bonne idée, mais il faut que ce soit un bijou spécial, qui soit personnalisé ou que l’on a fait dessiner pour qu’il ne ressemble à aucun autre » ; . le rituel d’achat et d’échange : le choix en commun et l’offre à des moments clefs de la vie du couple (anniversaire de rencontre notamment), s’avèrent importants aux yeux de ces nouveaux couples ; . les caractéristiques d’un tel bijou : - la forme : « deux anneaux entrelacés, justement pour montrer que les deux anneaux symbolisent les deux personnes », nous expliquent l’une des personnes interviewées ; d’autres parlent « d’entrelacs de fils d’or blanc » ; tous sont en quête d’une forme qui incarne l’union. - la matière : c’est le plus souvent la sobriété qui a été mise en avant (« quelque chose d’assez simple, pas trop gros, pas clinquant »), à l’image de l’intimité du couple ; - le fait que ce ne soit pas forcément le même bijou pour les deux composantes du couple. LES COUPLES NON MARIÉS ET L’ÉCHANGE DE BIJOUX Etude Les espaces « Le Manège à Bijoux® » E. Leclerc / TNS SOFRES - Septembre 2004

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