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Malgré la crise, la chaussure française forme encore ses créateurs

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12 sept. 2006

CHOLET (Maine-et-Loire), 12 sept 2006 (AFP) - Affaiblis depuis vingt ans par une crise industrielle sans fin, les professionnels de la chaussure du Choletais, premier bassin de production en France, n'ont pas perdu pour autant tout espoir en l'avenir, et misent sur la création et la formation.


Chaussure exposée sur "Shoes Not Dead" 2006

Jusqu'au 2 octobre, les étudiants stylistes modélistes de l'Institut Colbert présentent leurs créations dans une exposition baptisée, en forme de pied de nez à la crise, "Shoes not Dead" ("Les chaussures ne sont pas mortes") à l'Espace Jeunes de Cholet.

Ni le lieu, ni le titre n'ont été choisis au hasard par ces apprentis dont l'exigeante - et onéreuse (6 800 euros par an) - formation est aujourd'hui la seule de ce niveau (bac +3) encore dispensée en France.

"Elle a été lancée à la demande des entreprises en 1999 qui éprouvaient le besoin d'innover tout en continuant à proposer des articles très confortables", explique Christophe Branger, directeur du Centre national des arts et métiers (Cnam) de Cholet auquel est affilié l'Institut Colbert. "Ils recherchaient des stylistes qui soient aussi en mesure de modéliser leurs créations". En clair, de faciliter la mise en production de leurs modèles.

"Les chausseurs français ont encore besoin de cerveaux", affirme M. Branger. Si l'évolution du marché de la chaussure et la concurrence étrangère ont eu raison de dizaines d'usines et de milliers d'emplois dans les Pays-de-Loire, le métier de styliste continue pourtant d'attirer chaque année à Cholet de jeunes étudiants séduits par le métier.

"Je suis consciente que le secteur est en plein chamboulement mais je sais aussi qu'il a toujours besoin de cerveaux créatifs. Et que des niches sont à prendre", témoigne Hélène, qui s'est engagée après un bac trilingue et un deug de sociologie. "Toutes les entreprises qui survivent aujourd'hui sont celles qui ont investi en recherche et développement et misent sur des créations fortes", confirme Yvon Rautureau, patron de l'entreprise Rautureau Aple Shoes à la Gaubretière (230 salariés, 75 millions d'euros de chiffre d'affaires), dont les marques No Name, Free Lance ou encore Pom d'Api connaissent le succès.

"Le drame de la crise de la chaussure, c'est que beaucoup, y compris au niveau des pouvoirs publics, ont fait l'amalgame entre production et création, et condamné tout un secteur", regrette M. Branger. "On oublie que, si la plupart des entreprises fabriquent aujourd'hui à l'étranger, beaucoup conservent leur conception en France et connaissent donc des besoins".

Kicker's, Rautureau Apple Shoes, JB Martin ou Eram figurent parmi les entreprises qui travaillent en lien avec l'Institut Colbert. Réparties sur seize mois en quatre modules (technologie, création, théorie et informatique), la formation styliste modéliste est assurée, pour la partie technique, par des professionnels du secteur et ponctuée par la réalisation de prototypes. "A chaque fin de module, les créations sont présentés à un jury composé d'enseignants et de chefs d'entreprise qui jugent sans concession", selon M. Branger.

Pour les étudiants, restera le plus difficile : se faire connaître. "Pour moi, la chaussure n'a rien de dévalorisant, au contraire, c'est un accessoire essentiel pour les grands couturiers", défend Julie Thomming, une jeune Danoise, qui est l'un des trois étrangers à étudier à l'Institut Colbert.


Par Yves BOITEAU

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