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Mannequinat : 37 agences condamnées pour entente sur les prix

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29 sept. 2016

L'Autorité de la concurrence a infligé un total de 2,38 millions d'euros d'amendes à 37 agences de mannequinat et à leur syndicat professionnel, pour s'être entendus sur les grilles tarifaires des prestations des modèles pendant plusieurs années.

L'agence Elite écope d'une amende de 300 000 euros - Stephane De Sakutin - AFP


Le principal syndicat de la profession, le Synam, est accusé d'avoir « élaboré et diffusé, entre 2000 et 2010, des grilles tarifaires orientant la politique commerciale des agences de mannequins, auxquelles les annonceurs ou maisons de couture font appel pour leurs tournages, prises de vue publicitaires ou défilés », selon le communiqué publié jeudi.

De fait, ces grilles ne faisaient pas que rappeler aux agences les minimas salariaux, mais fixaient aussi « le prix total des prestations de mannequinat à facturer au client, avec des écarts pouvant atteindre jusqu'à trois fois les minima salariaux », déplore l'Autorité de la concurrence.

L'« impact » des grilles tarifaires en cause sur les prix pratiqués au final par les agences « a pu être significatif, notamment en raison de leur caractère "syndical", conduisant à ce qu'elles soient parfois confondues avec les minima salariaux légaux des mannequins, y compris par les clients », relève-t-elle encore.

De leur côté, 37 agences de mannequins - représentant la quasi-totalité du chiffre d'affaires du marché et parmi lesquelles figurent les célèbres agences Elite, Marilyn, Next ou IMG - sont sanctionnées pour « avoir participé à des réunions statutaires portant sur les grilles tarifaires syndicales entre 2009 et 2010 ». Un total de 2,381 millions d'euros de sanctions ont été prononcées, dont 50.000 euros pour le Synam, qui représentait 80 % du chiffre d'affaires de la profession au moment des faits reprochés.

Certaines des agences sanctionnées se sont également « entendues sur une règle portant sur l'interdiction de diffuser leurs propres grilles tarifaires », selon l'autorité. En procédant ainsi, les agences de mannequins proposaient toutes les mêmes tarifs pour les clients qui les contactaient pour un contrat, ce qui « faussait le point de départ de la négociation commerciale » et « réduisait la concurrence sur le marché », relève l'Autorité de la concurrence.

Aucune donnée récente n'est disponible concernant le chiffre d'affaires réalisé au niveau mondial ces dernières années par les agences sanctionnées. En 2010, il s'élevait en cumulé à quelque 150 millions d'euros, précise la décision longue de près de cent pages.

Dans les agences de mannequins, la rémunération se fait en fonction du type de prestation mais également du niveau d'expérience du modèle : pour une publicité ou un défilé, en 2015, le salaire brut minimum horaire d'un mannequin adulte varie ainsi entre 91,80 euros pour un mannequin débutant, et 176,90 euros pour un modèle « à l'expérience confirmée ».

Une disposition du code du travail stipule également que le mannequin ne peut pas toucher moins de 36 % de la somme qui est versée par le client à l'agence de mannequin.

L'Autorité de la concurrence juge ainsi que le Synam « a porté atteinte à l'autonomie commerciale des agences de mannequins dans la fixation de leurs prix et a réduit la concurrence sur le marché des prestations d'agences de mannequins à destination des clients ».

C'est l'agence Marilyn Agency qui écope de l'amende la plus élevée (600.000 euros), suivie de l'agence Elite Model Management et l'agence International Management Group (300.000 euros chacune), les montants ayant été gradués « en fonction de la gravité des pratiques et du dommage à l'économie causé par les pratiques », note l'autorité. Elle souligne que les 37 agences de mannequinat ont ainsi « faussé le point de départ de la négociation commerciale et freiné la concurrence au détriment de leurs clients ».

Le Synam a « fermement » contesté dans un communiqué publié jeudi soir avoir commis une quelconque entente sur les prix des agences, expliquant qu'il s'est toujours contenté de diffuser des tarifs « indicatifs » de prix de vente auprès de ses adhérents et leurs clients. Le syndicat, qui revendique une fonction de « régulation » du secteur tout en oeuvrant pour la « protection » des mannequins, « étudie actuellement la nécessité de faire appel de cette décision, en concertation avec les agences concernées », ajoute le communiqué.

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