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29 mars 2018
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Marseille : l'âpre reconquête commerciale d'un centre-ville

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29 mars 2018

La cité phocéenne vient d’inaugurer le Prado, un nouveau centre commercial posé face au Stade Vélodrome. La dernière étape en date d’un long processus de redéploiement commercial initié dans les années 2000 et qui avait notamment donné naissance aux Terrasses du Port et à un rajeunissement du quartier Bourse. Mais la ville s’est surtout depuis peu armée de nouveaux outils de préemption afin de maîtriser la montée en puissance d'un commerce de centre-ville qu'il a fallu recréer de toutes pièces.


Le Prado - MG/FNW


C’est donc avec une satisfaction particulière que la municipalité a inauguré le 28 mars le Prado, avec pour locomotive un Galerie Lafayette de quatre étages. Le centre commercial de la foncière Klépierre propose désormais 23 000 mètres carrés et une cinquantaine de boutiques. Avec pour locomotive de choix Les Galeries Lafayette, qui s'y déploient sur 9 400 m². Le tout dans une impressionnante structure surmontée d'une canopée de verre devant devenir une jonction immédiatement reconnaissable entre les commerces des rues environnantes et les galeries marchandes voisines. L'installation vise les 7 millions de visiteurs par an, s'appuyant sur la présence de deux lignes de métro et dix lignes de bus, ainsi que sur la passion marseillaise pour le ballon rond.

Le Prado n’est cependant que l’une des différentes pièces maîtresses déployées sur l’échiquier marseillais par des élus désireux de rompre avec une offre commerciale insuffisante. « En 2001, quand il a été décidé de développer le centre-ville, ce dernier se résumait à juste trois rues, rappelle à FashionNetwork.com Solange Biaggi, adjointe au maire en charge du Commerce et vice-présidente du Conseil départemental et d’Euroméditerranée. Aujourd'hui, le centre-ville va des Terrasses du Port, dans le quartier de la Joliette, jusqu'au Prado, près du Stade Vélodrome. La prochaine étape, c'est de faire venir les enseignes. »

Raviver le centre-ville

En 2014, avec les Terrasses du Port, la foncière Hammerson avait en effet tout autant pour mission de moderniser les docks voisins que de relancer commercialement la rue de la République, qui relie la Joliette au Vieux-Port. Un vrai défi pour un axe qui offre 80 000 mètres carrés de surface de vente, via quelque 500 cellules de 50 à 1 500 m², où les rideaux métalliques s'étaient durablement installés lors de la crise des années 2000. Quatre ans plus tard, le milliard d'euros d'investissement injecté dans la revitalisation commerciale du centre-ville a porté ses premiers fruits.

Symbolisant pleinement le défi marseillais, la rue de la République a progressivement retrouvé vie sur certains de ses segments. Mais cherche toujours, cependant, à compléter son offre. Et pas uniquement commerciale. « Il nous manque de tout, confie Solange Biaggi, car il ne s'agit pas uniquement d'une rue commerçante : il faut qu'il y ait des gens qui y habitent et y travaillent. Il manque ces espaces de vie qui avaient disparu avec le départ des entreprises. »


Le centre commercial Bourse - Klepierre


D’où la mise en place durant l’été 2017 d’un droit de préemption dans le cadre du plan « Ambition Centre-Ville », qui doit donner lieu à une cinquantaine « d’action concrètes » d’ici à 2020 et mobiliser 100 millions d’investissements publics et privés. Une préemption d’autant plus urgente que le chantier reste énorme. Une étude commandée l’an passé par la commune soulignait en effet l’urgence : si certains quartiers affichent jusqu’à 28 % de rideaux baissés, ce sont 15,1 % des surfaces de l’hypercentre entourant la Canebière qui seraient à l’abandon. Soit un impressionnant total de 676 cellules.

Capter la périphérie

C’était déjà sur un constat similaire que Klépierre avait déjà totalement repensé en 2010 les 40 000 mètres carrés de son centre Bourse. Une offre stratégiquement placée à la rencontre de la Canebière et de République, le voisinage direct du Vieux-Port lui permettant de capter tout aussi bien une clientèle locale que touristique. Mais pour le promoteur, qui détient les galeries Grand Littoral, au nord-ouest de la ville, et Le Merlan, l’enjeu dépasse celui du cœur de ville, même s’agissant de son dernier né. « L'objectif du Prado est de servir aussi toute cette population qui vit au sud de Marseille, nous explique Guillaume Lapp, son directeur général. Et notamment ceux qui quittaient la ville pour faire leurs achats, en allant par exemple jusqu’à Aix-en-Provence. »

« Lorsque l'on a décidé de se lancer sur Les Terrasses du Port, c'était en partant du principe qu'il y avait un milliard d'euros de dépenses qui partaient hors de la ville. Il fallait donc créer une opportunité, confirme de son côté Stéphane Girard, directeur property management d'Hammerson. On a contribué à redonner une vie commerciale et sociale au quartier de la Joliette. Les 190 magasins du centre accueillent aujourd’hui 13 millions de visiteurs annuels, ce qui est au-delà de nos objectifs ». Le responsable rappelle par ailleurs que Hammerson a mis en place un fonds de 200 000 euros pour soutenir les commerçants du quartier rénovant leurs façades.

Il faut dire que la ville et le département ont initié en 2016 une ambitieuses campagne de ravalement sur 13 axes prioritaires, dont la Canebière, la Joliette et République, dans quatre secteurs clefs (Vieux-Port, La Plaine, Notre-Dame-du-Mont et Saint-Charles). Fin 2017, 784 injonctions de ravalement avaient été émises et 219 ravalements effectués via 1,8 million d’euros de subvention.

La rue Paradis, qui relie le Vieux-Port au Vélodrome, a elle fait peau neuve fin 2017, 4,5 millions d’euros étant investis pour en élargir les trottoirs, désengorger la circulation et attirer les piétons. Quelques rues plus loin, à l’Est, l’axe Cours Lieutaud va connaître une transformation sur le même principe, les travaux menés de 2018 à 2020 devant notamment remettre en valeur le patrimoine architectural.

Côté animation, la ville entend multiplier les initiatives telles que Les Dimanches de la Canebière, qui rend l’avenue aux piétons les derniers dimanches du mois, ou encore la Braderie du Centre-Ville, dont la seconde édition a l’an passé attiré 35 000 personnes.


Les Terrasses du Port, dans le quartier de la Joliette - Hammerson


Au final, du commerce de rue aux centres commerciaux en passant par les magasins de périphérie, Marseille compterait avec l’arrivée du Prado un total de 14 000 commerces et 850 000 mètres carrés de surface de vente. Une surface représentant la moitié des espaces commerciaux des Bouches-du-Rhône et générant 50 000 emplois pour la cité phocéenne.

Une métropole où d’autres grands projets commerciaux se font jour. Comme à l’Est avec My Valentine, projet atypique du promoteur Frey, relancé en 2015. Celui-ci ajouterait en 2021 quelque 40 000 m² et 70 boutiques dans la zone d’activité de La Valentine, déjà forte d’un Ikea et des centres commerciaux Grand Centre (Mercyalis), Centre Valentine et Grand V (Accessite). D’ici-là, les élus misent sur plusieurs événements pour doper l’attractivité de Marseille. De la Coupe du monde de rugby 2023 à la venue d'épreuves des jeux Olympiques Paris 2024, en passant par la possible Exposition universelle de 2025.

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