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Olivier Noyon : « Je pensais ne plus avoir à licencier »

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29 sept. 2016

Le dentellier calaisien Noyon a été placé en redressement judiciaire. Constat amer pour son président, Olivier Noyon, néanmoins confiant dans la survie de l’entreprise (entretien à lire dans son intégralité sur FashionNetwork Premium).
 

Olivier Noyon - MG/FNW


FashionNetwork : Quelles sont les raisons de ce placement en redressement ?

Olivier Noyon : La société a été placée en redressement judiciaire le 7 septembre et nous avons obtenu du tribunal une période d’observation de six mois, suite à des difficultés de trésorerie. Que nous avons exposées au tribunal, qui nous a écouté avec beaucoup d’intérêt et de bienveillance, en comprenant la situation. Celle-ci est très simple : il y a une forte baisse sur la partie lingerie, alors que la partie robe est en progression. Seulement, la lingerie représente quasiment 70 % de notre chiffre d’affaires. Donc nous sommes impactés par cette baisse de volume. Noyon est présent chez la plupart des marques de lingerie de luxe, puisque nous proposons de la dentelle Leavers. Nous travaillons beaucoup avec Lise Charmel, Marie Jo, Chantal Thomass, La Perla… Mais les clients pour ce niveau de qualité, sur toute l’Europe, c’est une quinzaine de marques. C’est donc assez limité. Et par certains clients, pas ceux que je viens de citer, nous avons subi d’importantes baisses de volume, avec des commandes parfois divisées par trois ou quatre. Vous imaginez bien 240 salariés, une masse salariale de 9 millions d’euros... Et en dessous de 18 millions de chiffre, nous n’équilibrons pas.

FNW : L’activité robe devient-elle une priorité ?

ON : En 2014, nous étions presque à l’équilibre, avec 18 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous avons chuté l’an passé aux alentours de 15,5 millions. Et cette année, nous serons sur une baisse inférieure, mais nous ne réussirons pas à remonter sur le chiffre de 2014 qui était pour nous l’objectif. Force est de constater que l’on n'y arrive pas. Nous avions mis en place toute une stratégie il y a deux ans sur la robe. Cette stratégie est bonne et on la poursuit. D’où l’élargissement de la pénétration commerciale, avec des agents dans des pays où nous n’étions plus représentés comme la Russie, la Turquie, l’Asie de l’Est, l’Australie. En plus des pays traditionnels où nous faisons des efforts, comme la France, l’Italie, les Etats-Unis. Notamment sur le marché du mariage, où tout un travail a été mené et va se poursuivre. Car tout l’objectif est de rééquilibrer l’activité entre lingerie et robe. Sur la lingerie, nous n’allons pas évoluer dans les 2-3 prochaines années et garder l’activité telle qu’elle est, car on estime avoir une très bonne place : si les volumes n’y sont pas, nous n’y sommes pour rien. En revanche, sur le marché de la robe, nous avons du grain à moudre et des parts de marché à prendre. Et une place que Darquer doit retrouver.
 
FNW : Êtes-vous inquiet pour l’avenir de Noyon ?

ON : Je suis inquiet car les périodes de restructuration sont toujours délicates dans une entreprise. Egalement du point de vue de la perception de vos clients. Au lendemain du passage au tribunal, j’ai réuni tous les salariés. J’ai l’habitude de m’exprimer très directement avec eux. L’ensemble a compris. Maintenant, chacun en son for intérieur est inquiet. Qui sera licencié ? Qui va rester ? Il faut à la fois garder l’élan et l’énergie, et mener une diminution des effectifs. Et c’est toujours un moment douloureux pour une entreprise et ses salariés. Nous surmonterons cette crise. On en a surmonté d’autres. Je pensais ne plus avoir à licencier, très franchement. Quand on est parti sur un plan de continuation, c’était ma volonté, mon credo. Cela n’a pas suffi face à un marché qui marche au ralenti. Nous n’avons pas démérité sur le marché de la lingerie. Pas un client n’a pas une ligne, sur au moins une des deux saisons, ne comportant pas de dentelles de nos collections.

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