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Procès Moshammer : un Irakien s'excuse pour le meurtre du "Tsar de la mode"

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2 nov. 2005

MUNICH (Allemagne), 2 nov 2005 (AFP) - Un jeune demandeur d'asile irakien s'est excusé mercredi au premier jour de son procès à Munich (sud) pour le meurtre en janvier de l'excentrique couturier allemand Rudolph Moshammer, en raison d'un différend sur le paiement d'une prestation sexuelle.


L'excentrique couturier défunt Rudolph Moshammer Photo : AFP

"Je tiens à présenter mes plus sincères excuses", a déclaré d'emblée Herish Ali Abdullah, 25 ans, dans une salle d'audience remplie d'admirateurs de Moshammer, dont les costumes et l'imposante coiffure inspirés du roi Louis II de Bavière lui valaient le surnom de "Tsar de la mode".

"Très franchement, c'était une grande erreur de ma part. Tout le monde fait des erreurs", a affirmé le prévenu, dont les propos étaient traduits par un interprète devant le tribunal de grande instance de Munich, où 42 témoins doivent être entendus au cours des dix jours d'audience prévus.

L'Irakien est toutefois revenu sur ses aveux au cours de l'enquête, affirmant que Moshammer était encore en vie lorsqu'il avait quitté sa villa munichoise à la suite d'une dispute concernant le montant de ses rétributions en échange d'actes sexuels.

"Je ne sais pas ce qui s'est passé après" la relation sexuelle avec le couturier, a dit le prévenu. "Quand je suis parti, il était encore en vie", a assuré Ali Abdullah au cours du procès qui avait débuté avec une demi-heure de retard, à la suite d'un léger malaise de l'Irakien.

Lors de l'enquête, l'imposant Ali Abdullah, mesurant 1,80 mètre, avait reconnu avoir étranglé le corpulent couturier à l'aide d'un câble téléphonique.

Mais devant les juges, le prévenu a prétendu être "ivre" au moment des faits et que Moshammer était devenu "un autre homme" après leurs premiers échanges sexuels. Le couturier aurait insulté et battu son partenaire, a soutenu l'Irakien.

L'homme, parfois en larmes, a réitiré ses excuses -- "je ne voulais pas le tuer" -- tandis que le président du tribunal, Manfred Götzl, a relevé des contradictions dans les affirmations du prévenu.

"Vous croyez que ça m'amuse d'être assis là, monsieur le juge?", a lancé l'Irakien. "La vie était toujours difficile pour moi", a-t-il dit, avant de prétendre que la mort de Moshammer était un "destin" dicté par Dieu.

Le meurtrier présumé avait été arrêté à Munich le lendemain du meurtre, le 14 janvier, du couturier qui comptait parmi ses clients le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger et le ténor José Carreras.

L'affaire avait suscité un certain émoi en Allemagne, compte tenu de la popularité du "Tsar de la mode" flanqué de sa chienne Daisy, un Yorkshire terrier au long pedigree qui accompagnait Moshammer dans la plupart de ses sorties mondaines.

Pour tenter d'échapper à son interpellation, le meurtrier présumé s'était rasé complètement les cheveux, mais il avait été confondu grâce à un échantillon d'ADN retrouvé sur les lieux du crime.

"Mosi", comme il était surnommé, avait fait monter l'Irakien à bord de sa Rolls Royce à la gare centrale de Munich pour l'emmener chez lui dans un quartier cossu de Munich, comme il le faisait régulièrement avec d'autres hommes qu'il ne connaissait pas auparavant, souvent des demandeurs d'asile.

Selon l'acte d'accusation, la dispute avait éclaté au domicile du couturier, après une relation sexuelle avec l'Irakien. Moshammer aurait refusé de lui payer comme convenu 2.000 euros, avant que les deux hommes n'en viennent aux mains.

Le meurtrier, qui travaillait alors dans la gastronomie et connaissait des difficultés financières, avait fouillé les affaires de sa victime pour tenter de trouver de l'argent, avant de prendre la fuite.

"Mosi" avait laissé l'usufruit de sa villa à sa chienne, mais il avait pris des dispositions pour que les associations aidant les sans-abri, qu'il soutenait de son vivant, héritent à sa mort.

Par Ralf ISERMANN

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