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24 mars 2006
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Robes du soir, tee-shirts et chemisettes à l'épreuve des balles

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AFP
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24 mars 2006

BOGOTA (AFP) - Lorsqu'elle enfile son élégante robe du soir noire et moulante, Maria, épouse d'un influent homme politique colombien victime de plusieurs attentats, se sent désormais en sécurité : le blindage de son vêtement la protège des balles de pistolets et des rafales de mitraillette.


Miguel Caballero tire sur une employée pour tester sa veste en daim pare-balles le 21 mars 2006 à Bogota - Photo : Rodrigo Arangua/AFP

"Haute couture et sécurité vont désormais de pair, nous pouvons fournir à notre clientèle des vêtements de marque, très légers, et totalement à l'épreuve des balles", déclare Miguel Caballero, patron d'une petite entreprise colombienne en pleine expansion.

L'ingénieux homme d'affaires colombien de 47 ans, propose une gamme variée de tee-shirts, de chemisettes, de vestes de motard, de blousons, de gabardines et de costumes, au blindage souple et invisible et pesant pour certains moins de 800 grammes.

Son dernier modèle de blousons blindés est équipé d'un dispositif réfrigérant ou chauffant, selon le climat, mis au point par la NASA américaine.

"L'idée de produire des vêtements légers et confortables, explique-t-il, m'est venue en constatant en 1990 à Bogota pendant la vague des attentats de narcotrafiquants et de la guérilla que les gardes du corps des personnalités laissaient dans les coffres de leur véhicule les gilets pare-balles tant ils étaient lourds et inconfortables".

Les éternelles chemises rouges du président vénézuélien Hugo Chavez, les chemisettes blanches du chef de l'état colombien Alvaro Uribe, les blousons du prince Felipe d'Asturies et les vestes de tailleur de son épouse Letizia, sont désormais confectionnés dans ses ateliers de Bogota.

Sandra Rodriguez, une jeune commerciale récemment engagée, doit aujourd'hui, comme tous les autres cadres, servir de cible pour démontrer l'efficacité du produit.

Devant une cinquantaine de couturières la jeune femme, tremblante, attend les consignes de son patron. Portant une simple veste blindée en peau de daim, pâle, elle regarde avec effroi Miguel Caballero brandir un revolver de calibre 38 à moins de 30 cm de son abdomen. Le coup part et Sandra, presque étonnée d'être toujours debout, recherche avec fébrilité le projectile écrasé, fiché dans son blouson. Demain, elle sera plus convaincante avec les clients sceptiques sur le niveau de protection des vêtements.

"Le personnel, une majorité de couturières, qui assiste à tous les essais est ainsi responsabilisé car une erreur dans les techniques de couture ou dans le choix de l'aiguille peut être fatale", affirme le patron.

"Depuis les attentats du 11 septembre aux Etats Unis, mon chiffre d'affaires a décollé avec 5 millions de dollars annuel en 2005. En 5 ans, je suis passé de 25 employés à 110 actuellement", explique M. Caballero.

"Comme chez Coca Cola", il refuse de livrer ses "secrets de fabrication", un "mélange subtil d'aramide, de nylon et de polyéthylène, trois fois moins lourd que le kevlar".


Une balle après le test de tir
Photo : Rodrigo Arangua/AFP

Pour ce fils de couturier qui a commencé en 1993 à vendre des vestes de cuir équipées de plaques de blindage pour taxis, "l'important est de maintenir une avance technologique sur les concurrents".

Mais le chef d'entreprise qui compte également parmi sa clientèle les unités d'élite de l'armée colombienne auxquelles il fournit des chaussures anti-mines, est optimiste pour l'avenir car, dit-il, "il faudra adapter en permanence les produits aux nouvelles armes".

Trente huit pays sont ses clients sur les quatre continents. Il possède une sérieuse avance technologique et ses tarifs sont de 30% inférieurs à ceux des grands concurrents occidentaux. A tel point que des contrefaçons de la marque "Miguel Cabarellero" ont récemment été découvertes aux Pays-Bas.

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