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17 nov. 2007
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Rubis plus rares après le boycott des pierres birmanes par les joailliers

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AFP
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17 nov. 2007


PARIS, 17 nov 2007 (AFP) - Les rubis extraits aujourd'hui des mines de Mogok en Birmanie vont devenir de plus en plus rares sur le marché mondial, nombre de joailliers américains et européens boycottant désormais les ventes de ces gemmes afin de manifester leur hostilité au régime de Rangoun.

La junte militaire birmane qui vient de réprimer dans le sang des manifestations de bonzes organise du 14 au 26 novembre une vente aux enchères de 5 500 lots de pierres précieuses.

Quelque 2 000 acheteurs étrangers, venant de Chine et de Thaïlande principalement, vont se bousculer à Rangoun pour acheter rubis birmans (90 % de la production mondiale), saphirs et jades.

Mais les lapidaires américains et européens respectant l'embargo ne devraient pas participer, de près ou de loin à ces ventes, estiment les spécialistes.

La maison Chanel a déclaré à l'AFP "avoir décidé jusqu'à nouvel ordre la suspension des achats de rubis en Birmanie". Cartier et Bulgari ont pris des décisions similaires.

Le joaillier américain Tiffany's n'a pas attendu la dernière vague de répression à Rangoun pour stopper ses achats de pierres birmanes.

"Nous avons été parmi les premiers à suivre les recommandations de l'administration américaine qui, dans une note datée du 28 août 2003, invitait à bannir toutes importations de produits birmans. Depuis cette date, le joaillier n'a plus acheté une seule pierre extraite des mines de ce pays", explique Agnès Cromback, présidente de Tiffany's France.

"Même après l'assouplissement de la note du Congrès, le 5 novembre 2004, nous n'avons pas mofifié notre attitude. Nous avons continué à boycotter les pierres birmanes", assure-t-elle.

Tiffany's a néanmoins continué ces dernières années à vendre des rubis birmans en puisant dans son stock de pierres constitué avant 2003.

"Les rubis ou saphirs sertis dans les parures exposées Place Vendôme sont pour la plupart du temps des pierres anciennes, car aujourd'hui il est très rare de trouver dans les mines de Mogok des gemmes de très belle qualité", explique de son côté Héja Garcia-Guillerminet, directeur du laboratoire de gemmologie français de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP).

S'il est difficile de déterminer la date d'extraction, un oeil averti parvient toutefois à déterminer l'origine des pierres de couleur extraites actuellement des mines et qui sont taillées et polies en Thaïlande, premier marché mondial de transformation et de commercialisation des pierres de couleur.

"Dans un rubis birman, les inclusions sont différentes de celles d'une pierre de Madagascar. Elles ressemblent à des volutes de fumée de cigarette", explique Didier Frediani, un des six plus importants lapidaires français qui dans son atelier niçois "travaille" 40 à 50 variétés de pierres de couleur.

Pour autant, la traçabilité des pierres reste délicate à établir. Il faut aux laboratoires de gemmologie des analyses très poussées pour déterminer l'origine d'une pierre qui a souvent beaucoup voyagé.

Birmans, Thaïlandais, Africains, Malgaches et Colombiens vendent les pierres aux Indiens qui, après les avoir taillées, sont depuis plus de trois générations les principaux négociants de gemmes dans le monde.

Pour un lapidaire parisien, le boycott "donne bonne conscience à la profession", mais "derrière, on fait ce qu'on veut".

Par Françoise MEDGYESI

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