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15 juin 2005
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Textile: comment l'UE et la Chine ont trouvé un accord

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15 juin 2005

Après des mois de contacts intensifs, une conversation de 45 minutes en tête à tête dans un jardin de Shanghai entre Peter Mandelson et Bo Xilai a permis d'éviter une crise aux conséquences imprévisibles entre l'Union européenne et la Chine sur les exportations de textiles, selon une source proche de la négociation.


Peter Mandelson et Bo Xilai le 11 juin à Shangaï

Ce vendredi 10 juin, le commissaire européen au Commerce est arrivé à l'aube à Pékin, pour rejoindre Shanghai, où se trouve son interlocuteur chinois, le ministre du Commerce Bo Xilai. M. Mandelson a quitté prématurément la veille une réunion au Caire pour attraper un vol Londres-Pékin.

La correspondance vers Shanghai est en retard, et la négociation ne commence qu'à 14h30.

"Le tournant, raconte un haut responsable européen, est intervenu quand Mandelson et Bo ont quitté la table des négociations pour une promenade de 45 minutes dans le parc de la résidence officielle. Ils se sont dit honnêtement jusqu'où ils pouvaient aller, quelles étaient leurs lignes rouges respectives".

Des consignes sont données aux techniciens européens, qui formulent en un temps record de nouvelles propositions. "Ensuite, nous avons passé toute la soirée debout, autour de la table préparée pour le dîner, sans jamais nous asseoir, regardant ce festin sans pouvoir y toucher", raconte cet acteur.

A plusieurs reprises, Bo Xilai propose d'interrompre les discussions, de dîner, de reprendre le lendemain. Peter Mandelson "redoutait de perdre la dynamique", explique la source.

A 23h30, l'accord est finalement conclu, au moment même où expire à Bruxelles la période de grâce prévue par les Européens avant la mise en oeuvre d'une procédure à l'OMC. Il prévoit une hausse modérée des importations de dix catégories de textiles chinois de 2005 à 2007, apportant un répit temporaire aux industriels européens.

Aller à Shanghai "était un pari risqué, celui de revenir les mains vides, tout le monde prêt à danser sur la tombe de Peter en l'accusant d'être un mauvais négociateur", explique la source.

Dès avant la fin des quotas le 1er janvier 2005, le dossier est au menu de la première rencontre entre MM. Mandelson et Bo en décembre 2004.

Ils se revoient en février à Pékin. Le message européen: "le problème grandit, il ne disparaîtra pas, il faut le traiter ensemble, au risque sinon de provoquer une réaction protectionniste, de nourrir des extrémismes politiques en Europe".

Cependant, les intérêts européens sont contradictoires entre producteurs, distributeurs, consommateurs, et surtout, "alors qu'un pays comme la Chine devient tellement important pour l'Europe, ce n'était pas le moment d'agir de manière agressive, unilatérale et hostile à l'égard de ses intérêts", estime ce responsable.

Le commissaire européen aura au printemps quatre très longues conversations téléphoniques avec Bo Xilai.

"Le principe était de ne pas les prendre par surprise", surtout quand l'UE décide d'invoquer la clause 242 du protocole d'adhésion de la Chine à l'OMC, ouvrant la voie à des mesures de sauvegarde. C'était un "premier pari car les Chinois pouvaient réagir en rompant les discussions", raconte la source.

Un pari gagné par les négociateurs européens qui rendent hommage à Bo Xilai, "un interlocuteur brillant, très intelligent, personnalité ouverte, capable de comprendre techniquement et politiquement les limites de chacun".

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