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Clémentine Martin
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5 mars 2018
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Thom Browne : Vigée Le Brun en cinquante nuances de noir et blanc

Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
5 mars 2018

Le défilé Thom Browne de ce dimanche soir évoquait plus la haute couture que le prêt-à-porter. La dernière proposition artistique du créateur américain s’inspirait de la légendaire peintre française Vigée Le Brun. La galerie principale de la mairie de Paris avait été métamorphosée par Thom Browne en un studio d’artiste, où une douzaine de mannequins vêtus d’immenses pantalons gris et de blazers peints en marron posaient avec des pinceaux rallongés devant des chevalets ornés de toiles à pois graphiques du designer.


Thom Browne - automne-hiver 2018 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Le défilé était une ode brillante à une mode déconstruite et de moins en moins habillée au fur et à mesure que les minutes passaient. Une collection d’une grande beauté, déclinée en cinquante nuances de noir et blanc, mis à part les résilles dorées retenant les cheveux.
 
On retiendra les déshabillés ornés de perle, de pétales de vison, de panneaux en organza et de dentelle blanche, mais aussi les bustiers calicos ornés de micro-perles et les blazers en patchwork de fourrure et d’organza. Mais on se souviendra aussi de ces déclinaisons anatomiques remarquables, comme le buste féminin rigide porté comme une jupe-cocon. Notables également, les robes-manteaux, divisées verticalement entre un manteau côtelé couleur charbon et une robe de soirée couleur mastic. Ou encore la fine crinoline surmontée d’un bustier de reine de la nuit de la Nouvelle-Orléans… Le tout orné de touches décalées, d’ombres en trompe-l’œil, d’effets de marbrures et de soutiens-gorge et jarretelles transparaissant sous les tenues.

Une vision originale du travail de Vigée Le Brun, cette peintre officielle (mais néanmoins libre penseuse) de la cour à qui l’on doit de nombreux portraits de Marie-Antoinette. En 2010, une collection de Karl Lagerfeld pour Chanel dépeignait l’artiste comme une demoiselle sexy et insouciante, portant des toilettes en dentelle et volants. La vision de Thom Browne est loin d’être aussi ingénue.
 
Le final, notamment, mettait en scène quatre mannequins en costumes gris en flanelle, portant quatre grandes têtes de chiens et promenés en laisse par une peintre sévère. Née dans un milieu modeste, Vigée Le Brun fut pendant plusieurs années la peintre officielle de Marie-Antoinette. Ses interprétations de la société du XVIIIe siècle montrent des femmes provocantes, sensuelles et aux formes généreuses. Les mannequins du défilé étaient évidemment bien plus minces, mais on peut imaginer que ce spectacle aurait subjugué Vigée Le Brun.

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