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Tissus shwe-shwe et soie sauvage : la mode sud-africaine s'invente métisse

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2 sept. 2007

JOHANNESBURG, 29 août 2007 (AFP) - Le T-shirt de coton blanc exposé cette semaine à Johannesburg, à l'occasion d'une Semaine de la Mode sud-africaine, serait banal si ses manches ne formaient un filet délicat de perles zouloues.


Un mannequine présente une création du stylise sud-africains Thabani Mavundla durant la Fashion Week du Cap - Photo : Gianluigi Guercia/AFP

Cet article se veut emblématique d'un nouveau design typiquement sud-africain, qui emprunte des produits et des formes aux vêtements traditionnels en les adaptant, afin de toucher les marchés internationaux.

"Le style traditionnel n'était pas commun avant l'avènement de la nouvelle Afrique du Sud" démocratique, explique Mantombi Ngcoya, qui présente ses créations en marge des défilés de la 11ème "South African Fashion Week".

Stigmatisés par le régime raciste d'apartheid, les Sud-africains noirs avaient adopté le mode vestimentaire occidental. Mais, avec les premières élections multiraciales de 1994 est apparu le thème de "la renaissance africaine, et nous sommes devenus fiers d'être Sud-Africains", poursuit la jeune femme, qui dessine des vêtements sur mesure sous la marque MED (Mantombi ethnic design).

Progressivement, une mode spécifique à l'Afrique du Sud a émergé. Pour Maud Mbowane, designer de "Izimm clothing", elle se définit par son "individualisme" et sa "mixité".


Un mannequine présente une création du stylise sud-africains Bongiwe Walaza durant la Fashion Week du Cap - Photo : Alexander Joe/AFP

"On vient juste de nous donner la liberté d'expression, alors chacun s'exprime à sa façon". Les créateurs "mélangent les influences en dépassant les frontières", dit-elle.

En exemple, elle indique une jupe longue, orange, agrémentée de lignes noires et explique qu'il s'agit de dessins traditionnels chez les Xhosa, où l'ourlet noir remonte à mesure que les femmes vieillissent. "Les lignes ont un sens mais la jupe est tout de même confortable à porter".

Mantombi joue avec les matières. "Je mélange des tissus shwe-shwe ( cotonnades imprimées du Lesotho), des perles et des peaux de vache avec des matières occidentales. Ca peut convenir à tout le monde, même en dehors de l'Afrique du Sud".

En accord avec cette démarche, le ministère des Arts et de la Culture sud-africain a monté il y a quatre ans un programme d'échange entre le monde de la mode et les artisans des différentes provinces du pays.

Parmi les créations nées de cette collaboration: une jupe blanche plutôt classique qui révèle un jupon en patchwork coloré typique de la Province du Nord-Ouest ou une petite robe noire agrémentée de broderies du Limpopo.

"Notre objectif est de faire passer les artisans d'une économie informelle à une économie de première classe", explique Vusi Ngobeni, qui supervise ce projet. "Nous visons les marchés internationaux mais nous voulons aussi instaurer une culture de la mode en Afrique du Sud".


Un mannequine présente une création du stylise sud-africains Bongiwe Walaza durant la Fashion Week du Cap Photo : Alexander Joe/AFP

Car la haute couture y est "vrai défi", relève Maud Mbowane. Avec les problèmes économiques, les gens préfèrent acheter des vêtements à bas prix importés d'Asie et de Chine".

Avec un taux de chômage officiel de 25% probablement plus près de 40%, la plupart des Sud-africains n'ont pas les moyens de s'acheter des vêtements de créateurs.

Et les 2,6 millions de "diamants noirs", membres de la classe moyenne noire émergente, doivent aider leurs proches et préfèrent souvent dépenser leur argent dans les voitures ou la hi-fi.

De plus, l'idée persiste qu'"une tenue formelle est simple et noire. Les gens veulent se sentir à l'aise dans leurs vêtements" et ont "peur de paraître trop africain", poursuit Maud Mbowane.

Montambi Ngcoya y voit même "une ironie". Alors que les vêtements s'africanisent, ses clients sont rarement noirs. "Nous sommes encore en train d'apprendre que les vêtements font partie de notre identité".

Par Charlotte PLANTIVE

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