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12 mars 2007
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Une exposition offre une mode rétro à la femme iranienne

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12 mars 2007

TEHERAN, 12 mars 2007 (AFP) - Inspirée par l'histoire perse, une exposition-vente de mode féminine dans la capitale iranienne veut convaincre la Téhéranaise de privilégier son héritage national dans ses choix vestimentaires, en résistant aux sirènes du style occidental.


Une femme porte une création iranienne lors d'une exposition de mode au palais Sadabad à Téhéran le 5 mars 2007 - Photo : Behrouz Mehri/AFP

Les tissus et motifs puisent dans l'empire Achéménide, il y a plus de 2 500 ans, jusqu'à la monarchie Qâdjâr du début XXe, dans cette exposition coïncidant avec la volonté de l'Etat de promouvoir une mode "iranienne" conforme au code vestimentaire islamique.

Montée par l'Organisation de l'héritage culturel, la manifestation accueille le visiteur avec des mannequins disposés dans l'ancien palais impérial de Sadabad, vêtus de tenues colorées et largement inspirées des minorités ethniques kurde du nord et baloutche du sud-est.

"Nous voulons ressusciter l'ancienne tradition de tissage et de motifs iraniens en les adaptant aux besoins du monde moderne", explique Babak Torabi, représentant une maison de couture.

Il souligne la difficulté de trouver des modèles "car il n'y a pas beaucoup d'ouvrages sur les vêtements portés il y a plusieurs siècles".

Et il juge indispensable un "soutien du gouvernement pour promouvoir cette mode et la rendre bon marché".

Certaines robes portent des pièces de monnaie cousues sur le devant, d'autres tenues comptent un petit chapeau censé remplacer le voile islamique traditionnel. Les ourlets de robes s'ornent aussi de poésie persane calligraphiée.


Une Iranienne regarde les créations exposées au palais Sadabad à Téhéran le 5 mars 2007
Photo : Behrouz Mehri/AFP

La plupart de ces pièces sont mises en vente à un prix, de l'ordre de 170 dollars US, très élevé pour la plupart des Iraniens.

La révolution islamique de 1979 a imposé un code vestimentaire obligeant les femmes à ne laisser découverts que leurs mains et leur visage, et à dissimuler leurs formes féminines.

Mais cette règle a été lentement battue en brèche ces dernières années, principalement dans les grandes villes, par des jeunes femmes laissant glisser leur foulard sur leur chevelure et portant des manteaux courts et cintrés à la taille.

A Téhéran, des tenues ouvertement occidentales tranchent toujours plus franchement avec le traditionnel tchador noir, qui couvre la femme des pieds à la tête sous un seul voile opaque.

Le parlement conservateur a tenté une contre-attaque en douceur, en annonçant le soutien du gouvernement à une mode mêlant le respect du code islamique à la célébration de l'héritage culturel persan.

L'exposition ne manque visiblement pas de convertis, même si leur nombre ne se traduit pas par une révolution vestimentaire dans les rues.


Une mannequin présente une robe traditionnelle islamique lors d'un défilé de mode à Téhéran le 18 janvier 2007 Photo : Behrouz Mehri/AFP

"De telles expositions devraient éclore à travers l'Iran", a estimé Sharareh, un jeune maquilleur.

"Et le meilleur moyen de transmettre le message que notre culture vestimentaire est riche passe par la télévision. Les actrices et les présentatrices devraient être vêtues comme cela", selon lui.

Pour Mojgan Erfani, étudiante en art, "les motifs sont très riches car ils reflètent notre culture, mais les prix sont trop élevés".

La recherche d'une tenue féminine "nationale" n'est pas sans risque, comme en ont fait l'expérience les organisateurs d'une récente exposition de mode à Téhéran, critiqués pour s'être trop généreusement inspiré de la mode en cours dans des pays arabes.

"Notre objectif est de présenter au public la richesse des différents tissus fabriqués en Iran", a expliqué une organisatrice de l'exposition, ayant requis l'anonymat.

Elle a affirmé que "de nombreux couturiers iraniens qui ont participé à l'exposition font des défilés de mode à l'étranger, mais ici ils montrent au monde que des conceptions purement iraniennes peuvent trouver leur place dans le monde moderne".

Par Farhad POULADI

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