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Une mode "made in Africa" fait le bonheur d'une clientèle occidentale huppée

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4 sept. 2007

NAIROBI, 4 sept 2007 (AFP) - Paris, Londres ou New York ne sont plus le centre de la mode. Des créatrices de mode talentueuses installées en Afrique font aussi le bonheur des dames des capitales occidentales, en quête de créations authentiques, chics et ethniques.


Création du designer sud-africain Kluk CGDT présentée lors de la Semaine de la mode du Cap -¨Photo : AFP

"En ces temps de production de masse, des femmes recherchent la qualité fait main, des pièces uniques", explique Anna Trzebinski, une styliste installée au Kenya, dans un quartier prisé de la capitale Nairobi, et dont les vêtements font un tabac aux Etats-Unis parmi une clientèle huppée.

Dans son atelier-magasin situé tout près d'un refuge pour girafes et qui n'emploie que des Kényans, les hommes cousent des peaux, importées d'Allemagne. Les femmes brodent les poignées d'une veste en daim avec des perles masaï ou frangent des châles en pashmina du Népal avec des plumes d'autruches ou de flamants roses élévés en Afrique du Sud et au Kenya.

Anna aime les coupes classiques, qu'elle transfigure. Les motifs géométriques d'un collier traditionnel masaï fait de perles multicolores sont reproduits à l'identique sur une jupe couleur sable. Les broderies en coquillages d'une ceinture de la tribu africaine des Bakuba sont recopiées sur la bandoulière d'un sac en daim vert olive.

"Je ne fais pas preuve d'imagination. Je puise mon inspiration dans l'artisanat du monde entier et je le traduis" sur un vêtement, un accessoire ou des sandales, explique Anna, 42 ans, de nationalité allemande mais élevée en Afrique et récemment remariée à un Kényan de l'ethnie samburu.

Elle a vendu pendant quatre ans dans des boutiques prestigieuses, comme Colette à Paris ou Barneys à New York, mais les détaillants "n'ont aucune loyauté envers les créateurs". Aujourd'hui, elle ne fait plus que des ventes privées, dans son atelier et dans des suites et maisons louées à San Franscico, Palm Beach ou encore Paris.

Ses pièces de luxe s'arrachent parfois pour plusieurs milliers de dollars. "Ma clientèle ? Des femmes assez sophistiquées (...) pour qui l'argent n'est pas un souci", constate la styliste, diplômée d'économie et qui s'est lancée dans la mode en 2001 après la disparition tragique de son premier mari.

Sa consoeur Annabelle Thom propose, elle, des sacs à main et sandales beaucoup plus abordables, mais au design "urbain chic ethnique" tout aussi inhabituel et authentique. Compter une centaine de dollars (80 euros) pour un sac en peau de chèvre ou en pur cuir kényan piqué de perles masaï, qui vous habille immédiatement.

La quinzaine de ses employés "sont kényans, la matière première est kényane, les perles sont samburu ou masaï. C'est un produit très traditionnel", avec une coupe souvent à l'occidentale et une très bonne finition, qui permet "au reste du monde de partager l'héritage kényan", résume cette Britannique de 39 ans installée aussi à Nairobi.

"Aucun sac Prada ne ressemblera à ceux-là, car les grandes marques n'ont pas les installations" et le savoir-faire nécessaires, estime la jeune femme élancée, qui travaillait auparavant dans une réserve.

Ses sacs, sandales et chapeaux safari peuvent s'acheter au Kenya, mais aussi à Brooklyn et bientôt à Londres.

Mais la taille familiale de son entreprise ne lui permet pas de produire en grande quantité, tout comme Anna. Une des raisons sans doute du succès grandissant de ces créatrices décalées, dans un monde où des clientes exigeantes et aisées recherchent des "produits entièrement exclusifs", note Anna, vêtue d'une longue jupe en daim retenue par une ceinture en croco.

Par Béatrice DEBUT

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