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Safilo : le lunetier pourrait surmonter une perte des licences de LVMH, selon sa PDG

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31 janv. 2017

Safilo, le lunetier italien, serait capable de compenser une éventuelle perte de ses contrats de licence avec LVMH, en signant de nouvelles licences et en développant ses propres marques, selon sa PDG, Luisa Delgado.

L'action Safilo a souffert la semaine dernière à la suite d'un rapport annonçant une possible prise de participation du groupe de luxe français dans Marcolin, un fabricant de lunettes, qui pourrait par la suite se voir confier les licences actuellement détenues par Safilo, et qui représentent 340 millions d'euros de ventes.

« Safilo peut se réorganiser de manière à non seulement survivre, mais aussi s'épanouir, même sans LVMH », a précisé la PDG Luisa Delgado lors d'une entrevue avec Reuters.


Safilo a récemment renouvelé l'importante licence Dior avec LVMH, jusqu'en 2020, mais a par ailleurs annoncé la perte de Céline, une autre marque du groupe de luxe, dès l'an prochain. Les licences de Givenchy, Fendi et Marc Jacobs expireront pour leur part entre 2021 et 2024.

« Safilo peut se réorganiser de manière à non seulement survivre, mais aussi s'épanouir, même sans LVMH », a précisé la PDG, Luisa Delgado, lors d'une entrevue avec Reuters. « Notre cœur (de métier) se trouve avec nos marques clés et dans le fait d'être de bons partenaires de licence, souples et faciles à vivre. Nous recevons deux ou trois propositions par semaine », a-t-elle par ailleurs ajouté depuis le showroom milanais du groupe.

Le secteur de la lunetterie est en train de subir une grande transformation. Luxottica a ainsi récemment annoncé sa fusion avec Essilor, le principal fabricant de verres européen. Une transaction qui est estimée à 4 milliards d'euros. Cette fusion, évoquée depuis longtemps, fait suite à la décision de Kering, prise en 2014, d'internaliser son activité de lunetterie, afin d'accroître ses marges.

Le groupe français a ainsi installé sa filiale Kering Eyewear à Padoue, en Italie – qui est aussi là où se trouve le siège de Safilo, et a transformé la licence de Gucci d'une valeur de 350 millions d'euros, détenue par Safilo, en un contrat de production de quatre ans, à partir du 1er janvier dernier.

Mais Luisa Delgado a balayé l'existence de pressions concernant une éventuelle opération de fusion : « Nous sommes une cible attractive (...), mais nous souhaitons rester indépendants, italiens et cotés à Milan », a-t-elle déclaré.

La collection Elie Saab récemment dévoilée par Safilo - Safilo


Cette dernière a ajouté que, si le rapprochement des activités de montures et de verres avait du sens, cet objectif pouvait être atteint par le biais de partenariats : « Vous n'avez pas besoin d'une fusion ».  «Nous avons déjà perdu des licences dans le passé et nous avons compensé les ventes correspondantes. »

Bernard Arnault, le PDG de LVMH, a déclaré jeudi dernier que le groupe dévoilerait sa nouvelle stratégie dans la lunetterie plus tard dans l'année. Il n'a pas souhaité faire de commentaires au sujet des rumeurs concernant une éventuelle opération avec Marcolin.

Fondé en 1934, Safilo est le second fabricant mondial de lunettes, avec des ventes de 1,3 milliard d'euros en 2015, contre 9 milliards d'euros pour Luxottica. Luisa Delgado, qui est arrivée chez Safilo en 2013, au moment du départ de l'ancien PDG Roberto Vedovotto pour Kering Eyewear, prévoit de porter à 40 %  la proportion des ventes générées par ses marques propres d'ici à 2020.

Elle a ajouté que la réorganisation des cinq marques du groupe – Safilo, Polaroid, Carrera, Smith et Oxydo – avait pris plus de temps que prévu initialement. « La croissance de nos marques n'est pas encore apparente (...), mais les fondations sont en place et les résultats vont suivre. Les astres s'alignent », a-t-elle déclaré.

La dirigeante a aussi ajouté que Safilo pourrait étendre son portefeuille de marques grâce à une acquisition : « Nous sommes toujours à l'affût, nous sommes acheteurs, pas vendeurs. »  Les analystes estiment pour leur part que l'Américain Maui Jim, le Danois Lindberg et l'Autrichien Silhouette pourraient être des cibles intéressantes.

A fin juin l'an dernier, Safilo disposait de 72 millions d'euros de liquidités et d'une dette nette de 103 millions d'euros. L'an prochain, le groupe devrait recevoir un troisième et dernier versement de 30 millions d'euros de la part de Kering, en dédommagement de la perte du contrat de licence de Gucci.

La dernière acquisition effectuée par Safilo est celle de la marque Polaroid en 2012, pour 88 millions de dollars, financée en partie par un apport en capitaux de 44 millions d'euros de la part de son principal actionnaire, le fonds d'investissement néerlandais HAL Holding. HAL Holding, qui a repris le contrôle de Safilo à la famille Tabacchi en 2009, est un actionnaire à long terme, selon Luisa Delgado.

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