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5e Fima : Alphadi est fatigué de se battre contre les "anti-Fima"

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3 déc. 2005

NIAMEY, 2 déc (AFP) - Le styliste nigérien Alphadi explique avoir créé le Festival international de la mode africaine (Fima) en 1998 "pour mettre en valeur la création et l'art africains". Aujourd'hui, il n'a plus envie de se "tuer pour des gens qui ne (le) comprennent pas", déclare-t-il, excédé.


Cr"ation de la Camerounaise Juliette Ombang le 2 décembre 2005 à Niamey - Photo : Seyllou

"Un festival préparé deux ans avant, c'est un festival qui doit être ancré dans la tête des gens", ce qui n'est pas actuellement le cas au Niger et dans d'autres pays du continent, affirme-t-il dans un entretien avec l'AFP à Niamey, où il dispose d'un bureau pour le Fima et de boutiques de vente de ses créations.

Le couturier regrette la récurrence de problèmes liés, selon lui, à la perception de nombreux Africains qui "pensent que tout ce qui est mode, tout ce qui est création n'est pas réellement utile au continent africain".

"Je me bats contre ça, pour montrer que la mode peut aussi aider l'Afrique à se développer dans l'équité, en créant des emplois. Et c'est une difficulté dans un pays pauvre comme le Niger, (...) où les gens pensent que le Fima est un festival pour Alphadi et non pour le pays. Des fois, ce sont des choses qui me mettent à terre", ajoute le styliste, né en 1957 à Tombouctou, ville située aux confins du Sahara, dans le nord du Mali.

Alphadi reconnaît qu'il y a "toujours des problèmes" dans des manifestations réunissant des centaines voire des milliers de personnes, mais précise que ces difficultés prennent une autre dimension quand le Fima se déroule au Niger, le pays n'accueillant "en moyenne que 5.000 à 6.000 touristes par an".

"On a des problèmes d'hébergement et de logistique, parce que le Niger accueille en même temps les Jeux de la Francophonie (du 7 au 17 décembre, ndlr). Si deux événements comme (le Fima et les Jeux) se rencontrent, il y a forcément des +embouteillages+", explique-t-il.

Mais le plus important des blocages vient de "problèmes de compréhension", "des conseillers qui sabotent (l'oeuvre) malgré le soutien des gouvernants, qui ne comprennent pas que l'intérêt du festival, c'est de faire découvrir le tourisme et les valeurs africains, que le Fima, c'est pour mettre en valeur la création et l'art africains", poursuit-il.

Résultat: "tout vient en retard", à commencer par le financement, indique encore Alphadi, qui précise avoir reçu pour l'édition 2005, "100 millions de FCFA (près de 153.000 euros) de l'Etat nigérien sur un budget total de près 980 millions de FCFA (moins de 1,50 million d'euros)". Ce montant n'avait pas été bouclé deux jours après l'ouverture du Fima, qui a pris fin vendredi après quatre jours de manifestations.

Pour le styliste, plus question de livrer bataille pour faire comprendre que "le Fima est d'abord africain et nigérien, et non pas un festival dans lequel on met Alphadi en haut".

"Je n'ai pas envie, à 50 ans bientôt, de me tuer pour des gens qui ne comprennent pas (cela). Je n'ai plus le temps, ni le moral, ni la santé de le faire. J'ai une marque que je dois protéger, des enfants que je dois élever, cent à trois cents emplois que je dois continuer à garder", déclare-t-il, en cachant mal son exaspération.

"Si le pays ne comprend pas l'intérêt du festival, je vais m'en aller (...). Il y a des pays amis qui veulent prendre le Fima", dit-il, sans indiquer lesquels.

La prochaine édition du festival est prévue en novembre 2007 sur un site qui sera déterminé sur concours, a annoncé Alphadi jeudi soir lors de la soirée des créateurs du Fima.

Par Coumba SYLLA

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