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Marguerite Capelle
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19 sept. 2018
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A Downing Street, on ne prononce pas le mot Brexit, mais on peut parler de Chanel

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Marguerite Capelle
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19 sept. 2018

Les grands de ce monde – ou tout au moins 80 membres du gratin international– étaient réunis ce mardi au numéro 10 Downing Street pour attendre patiemment le discours de Theresa May, lors d’une réception donnée en l’honneur de la mode britannique et du commerce international. Peu de secteurs ont autant à craindre de la menace du Brexit que la mode, qui dépend d'un approvisionnement international, de chaînes de diffusion mondiales et de créateurs transnationaux. Pourtant, dans son discours de trois minutes, Theresa May n’a jamais prononcé le fameux mot commençant par un "B".


Victoria Beckham - Printemps-été 2019 - Prêt-à-porter féminin - Londres - © PixelFormula


Elle a en revanche évoqué le mot qui commence par "C", devant un auditoire résolument international, qui comprenait Anna Wintour, François-Henri Pinault et les créateurs basés à Londres Christopher Kane (Ecossais), Erdem Moralioglu (Turco-canadien), Sandra Choi (née à Hong Kong), Molly Goddard et Alice Temperley (toutes deux Britanniques).

« Je suis ravie d’apprendre que Chanel – l’une des grandes maisons du secteur de la mode – a annoncé le déménagement de son siège mondial à Londres. Je souhaite que nous poursuivions dans cette voie de réussite », a déclaré Theresa May, vêtue d’un tailleur pantalon à la coupe près du corps, en rayures tennis et à veston croisé, création de Daniel Blake. Elle avait porté un manteau noir du même créateur pour rencontrer Donald Trump en janvier dernier.

« Cela fait des années que s’exposent à la Fashion Week de Londres non seulement les grands noms bien connus de la mode britannique, mais aussi les talents émergents, souvent brillants. C’est ce qui a toujours permis à Londres de se démarquer. C’est ce qui a toujours permis au secteur de la mode de cette ville de rester en pointe », a ajouté Theresa May, qui s’exprimait juste après Stephanie Phair, la nouvelle présidente du British Fashion Council, qui a coorganisait l’événement.

Theresa May a salué la vitalité de ce secteur pesant 32 milliards de livres, qui emploie près de 890 000 personnes, rendant hommage à tous les créateurs, de « Malene Oddershede Back à Victoria Beckham qui défilait à Londres pour la première fois ». Au passage, Malene Oddershede Bach vient du Danemark, tandis que Victoria Beckham est de l’Essex.

« Nous avons chez nous certaines des meilleures écoles de mode au monde. Nos créateurs sont à la barre de marques d’envergure internationale. Et nous sommes leaders mondiaux dans le domaine du design et de l’innovation numérique, avec des noms comme Matchesfashion, Net-a-Porter, Asos ou Farfetch, qui se sont lancés au Royaume-Uni », continuait Theresa May, suscitant une vague de rires, puisque l'emploi premier de Stephanie Phair est un poste de direction chez Farfetch.

La Première ministre britannique a ajouté qu’un « visa exceptionnel dédié aux talents permettra aux meilleurs créateurs de mode du monde de vivre et travailler ici ».

Elle a aussi révélé que le « pacte pour le secteur des industries créatives » de son gouvernement allait « investir 150 millions de livres dans les entreprises de création, y compris dans le domaine du design et de la mode », sans toutefois se montrer plus précise, pour l’un comme pour l’autre.

Stephanie Phair a parlé la première, après avoir été présentée par Caroline Rush, la PDG du BFC. Elle a souligné qu’en cinq jours, la Fashion Week de Londres avait accueilli des invités issus de 50 pays et cinq continents.

Elle a aussi indiqué que le British Fashion Council avait fait venir dans la capitale 150 représentants de médias et de distributeurs internationaux de premier plan, tandis que le gouvernement apportera également son soutien au programme London Show Rooms du British Fashion Council, qui permettra d’exposer des créateurs britanniques émergents pendant la Fashion Week de Paris ce mois-ci.

« Londres est la ʺcapitale mondiale de la modeʺ », a-t-elle insisté, point de vue que ne partagent sans doute pas la plupart des Parisiens.

« Cette Fashion Week de Londres a accueilli plus de 120 défilés, présentations et événements et 80 créateurs de mode du monde entier, ainsi qu’un public international venu de 50 pays différents. Notre mission au British Fashion Council est de consolider la réputation internationale de la mode britannique », a ajouté Stephanie Phair.

« La mode est un secteur très sérieux, et en termes d’emplois, elle pèse presque autant que le domaine de la finance. En ces temps de changements, alors que le numérique bouleverse l’ordre ancien et que les frontières semblent se refermer, souvenons-nous que la mode est une force qui unit : la mode est un signifiant culturel, et le Royaume-Uni a l’opportunité de promouvoir la créativité de la 'Brand Britain' (la marque Grande-Bretagne, ndlr) en faisant de ce secteur un épicentre culturel », a conclut la nouvelle présidente, tandis que les invités sirotaient du 'champagne anglais', un vin pétillant nommé Nyetimber et produit dans le Sussex de l'Ouest.

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