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2 mars 2023
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A Paris, les superwomen de Givenchy, Rick Owens et Isabel Marant

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2 mars 2023

Au fur et à mesure qu’avance la Fashion Week de Paris, se dessine une nouvelle image de la femme, qui retrouve toute sa force après trois ans de pandémie. Working girl en tailleur et talons aiguille ou rebelle en bottes crantées, elle n’a peur de rien. En particulier, les couturiers ont souligné sa résilience, jeudi, à travers trois collections où elle s’affichait en femme fatale chez Givenchy, en reine antique chez Rick Owens, ultra énergique chez Isabel Marant.
 

Givenchy, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Matthew M. Williams signe une collection très élégante pour Givenchy, renouant avec l’identité de la maison de luxe à travers des pièces couture auxquelles il insuffle un esprit contemporain. Le show s’ouvre et se referme sur une série de looks total black, privilégiant les robes fourreaux embrassant les courbes du corps. Les silhouettes sont allongées par de maxi manteaux aux épaules carrées en drap de laine, velours ou cuir, par des manches qui dégoulinent sur les mains, par des jupes fendues très haut sur la cuisse.
 
Même les modèles ras des fesses de vestes-robes carrurées s’étirent grâce à l’ajout de traîne en tulle, tandis que des rubans flottants descendent délicatement jusqu’aux pieds du col de blouses en soie. Sans parler des fentes plongeant au milieu de la poitrine, coupées d’un coup de cutter chirurgical à la verticale, laissant juste l’espace pour y faire tournoyer un pendentif.

Quelques flashs de vert, jaune et crème viennent colorer cette collection à dominante sombre, qui se révèle très sexy avec des robes ultra light en chiffon transparent rose ou mauve. Des motifs de poissons ou de fleurs, issus des archives de la maison, ornent certains modèles, comme les marguerites choisies pour les bijoux. Le désigner complète ce vestiaire sophistiqué et glamour ponctué de longs gants d’opéra lacés par des lanières de cuir au-dessus du coude, avec des pièces tailoring retravaillées dans les volumes et des modèles plus streetwear construits à partir de superpositions: blousons, sur-jupes, shorts et pantalons cargo.


Rick Owens, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree

 
Chez Rick Owens, les mannequins semblent émerger d’antiques royaumes disparus, avec leur coiffe à double chignon pointu, leur port altier et leur silhouette majestueuse prolongée à chaque fois par une longue traîne, dont certaines en denim sont déchirées comme usées par le temps et les batailles. Le couturier dit d’être inspiré de Louxor, cité au cœur de l’Egypte Antique. Juchées sur d’immenses cuissardes en cuir à hautes plateformes avec pointes renforcées et talons en plexiglas, elles traversent le podium surélevé par des tréteaux métalliques en un lent cortège.
 
Elles sont vêtues de robes tricots moulantes à large col, fendues au-dessus des cuisses, de mini-capes, de robes courtes ébouriffés de lanières en cuir tel le plumage d’oiseaux de nuit, de vestes sculpturales, dans lesquelles corps et tête sont happés par des cols volumineux remontant en hautes pointes ou encore dans des robes fourreaux aux épaules pointues dressées vers le ciel.
 
La garde-robe de ses reines d’antan compte aussi de monumentales doudounes emprisonnant torses et bras dans des sortes de grands manchons en duvet ou entrelacs de boudins épais telles des grosses bouées. Plusieurs modèles sont couverts de paillettes mates aux teintes ternies (vieux rose, vert mousse, lie de vin). Rick Owens utilise notamment pour cette collection des matières recyclées ou traçables.
 

Isabel Marant, automne-hiver 2023/24 - © ImaxTree


Changement de registre chez Isabel Marant, qui a clôturé la journée avec peps, jeudi soir, dans les jardins du Palais Royal, attirant une foule compacte place Colette. Hormis quelques sandales pour bien mettre en valeur les jambes moulées dans des leggings, ce sont les bottines et les bottes qui définissent la fille Isabel Marant. En particulier, les cuissardes zippées à trois hauteurs, qui cette saison peuvent se décomposer en trois parties.
 
"On a trois paires pour le prix d’une", rigole la créatrice en backstage, qui résume en deux mots l’esprit de sa garde-robe pour l’hiver prochain: "désir et désordre". "C’est sexy, mais de manière subtile, comme toujours chez moi, sans jamais exagérer. C’est très cosy et réassurant avec un peu d’irrévérence", glisse-t-elle.
 
Le vestiaire est essentiellement composé de robes-tricots 3D avec jeux de torsades, ou dans une version plus simple se déboutonnant sur le côté, de minirobes imprimées à volants, ou en cuir prêtes être dézippées. Le tout assorti avec un manteau camel un peu sage, un anorak décontracté à cordons et coulisses ou une belle veste croisée en drap de laine. Ne manquent pas les jeans et pantalons avec effet taille basse en trompe-l’œil, quelques superbes combinaisons de pilote en denim, sans oublier bien sûr les manteaux en peau lainée, dotés cette saison de poches latérales à la manière des blousons.
 
Le soir, la femme scintille en micro robes guirlandes ou couvertes de strass. Même les leggings se parent de cristaux! Acclamée, Isabel Marant vient saluer le public, accompagnée pour la première fois de son bras droit, la styliste néerlandaise Kim Bekker, qui a travaillé pendant plus de dix ans dans son studio, et a été nommé directrice artistique en septembre 2021.

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