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28 sept. 2022
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A Paris, l’hymne à la joie de Dries Van Noten, Anrealage et Rochas

Publié le
28 sept. 2022

Entre guerre, urgence climatique, menace nucléaire et crises en tous genres, les couturiers veulent continuer à espérer. Une mode résiliente se dessine ainsi à Paris en ce troisième jour des défilés de prêt-à-porter féminin. Après les appels à l’amour et à la douceur d’Undercover, Dries Van Noten a entonné mercredi un véritable hymne à la vie, tandis qu’Anrealage a mis en avant la beauté de l’artisanat et Rochas une certaine légèreté.


un look fleuri pour l'été prochain - Dries Van Noten


Après la nuit, la vie reprend ses droits. Telle peut se résumer la très belle collection pour le printemps-été 2023 de Dries Van Noten, qui va crescendo du noir absolu vers un frémissement de sensations colorées et aériennes. Le défilé, qui se tient dans des bureaux désaffectés façon parking en béton, s’ouvre avec une vingtaine de total looks noirs. Tailleurs revisités, manteaux classieux, robes simples ou drapées, jupes en maille ajourées. Quelques rares boutons en laiton et bijoux dorés laissent filtrer un rayon de lumière.

Soudain des paillettes bleu nuit étincèlent sous une sévère blouse noire. La couleur fait son apparition dans ce dressing austère sous une forme de jupe cliquetante. Elle s’empare ensuite de tous les vêtements, taillés dans de légères viscoses froissées. D’abord dans une palette pastel, comme une réminiscence des couleurs de la vie d’autrefois. Les tenues monochromes ont une allure presque sportive avec de grandes vestes masculines enveloppantes, d’amples pantalons et des manteaux minimalistes. Mais ces tenues dépouillées, comme délavées par la pluie, révèlent petit à petit une touche de frivolité, dans les plis d’une jupe ou les volants qui la bordent, dans ces roses de tissus appliquées sur un corsage, dans ces drapés et ces fronces qui sculptent une robe.

C’est ensuite une explosion de couleurs et d’imprimés fleuris, qui envahissent le podium, dans des superpositions de strates de mousseline, organza et autre soie vaporeuse et un mix and match de bouquets joyeux. Des guirlandes plissées se posent sur l’épaule d’une chemise chaste, des fleurs délicates s’emparent de pantalons et chemisiers transparents, des tuniques en macramé coloré laissent fluctuer leurs longues franges, tandis que des écharpes boa composées d’une multitude de plumes en tissus impalpables s’enroulent autour du cou et de la taille.
 
"C’est une célébration de l’optimisme. Pour ce premier défilé féminin physique depuis deux ans, j’ai voulu une collection très festive. En partant vraiment du néant avec le noir, où j’ai exploré les tissus, les formes et les textures pour ensuite laisser exploser la couleur et les fleurs", explique le couturier flamand dans le backstage, encore sous le coup de l’émotion juste à la fin de son show.


Un modèle pour le printemps-été 2023 - Anrealage

 
Le travail minutieux et artisanal du patchwork est aussi au centre du défilé d’Anrealage. Pour le 20e anniversaire de sa marque, Kunihiko Morinaga revient aux sources avec une collection époustouflante, reprenant la technique artisanale d’assemblage de minuscules bouts de tissus, qui a fait le succès de sa maison dès son lancement en 2003, et constitue encore aujourd’hui une partie importante de son offre.
 
Avec cette collection, le designer japonais semble vouloir pousser à l’extrême son art et sa passion pour le détail, composant de véritables tableaux impressionnistes. Robes mosaïques évasées aux manches volantées, manteaux arlequins, jupes et chemises entièrement recomposées à partir de morceaux de tissus de la même couleur… Il réalise ce travail virtuose titanesque en piochant dans 200 vieux vêtements, et va jusqu'à utiliser 4.000 bouts de tissu pour réaliser certains des modèles les plus sophistiqués.
 
Pour chaque habit, le jeu est le même -assembler des petits triangles ou carrés de tissus issus de stocks morts ou d’anciennes collections du styliste-, mais le résultat est à chaque fois différent. Ainsi ces ensembles-pantalons dans les tons beiges ou gris font penser à de la marqueterie, la robe puzzle en carrés de denim délavé semble taillée dans une nouvelle matière plus consistante avec un effet tapisserie. D’autres compositions évoquent ces paysages morcelés vus du ciel, ou parviennent à créer des nuances de tonalités différentes dans le même vêtement.
 
A la fin du show, qui se conclut par cinq total looks noirs, Kunihiko Morinaga s’amuse à faire défiler à nouveaux les mannequins, mais en leur faisant porter cette fois leur vêtements à l’envers. Dans la vidéo diffusée sur le Web, l’envers et l’endroit de chaque modèle défilent de fait en simultané pour un effet hypnotique.
 
Chez Rochas, Charles de Vilmorin joue lui aussi la carte de la couleur et des volumes, choisissant le théâtre des Folies Bergère pour dévoiler la prochaine collection estivale de la maison parisienne. Le jeune styliste joue avec une série de pièces composées à partir de volants.
 
En coton, bouillonnants et sculpturaux, ils enveloppent les mannequins dans des robes nuages. Avec un effet froufrou, les couches de volants gonflent aussi les manches d’un tailleur à gros carreaux ou les bords de jupes boules. Déclinés en chiffon dans des teintes délicates, ils transforment certaines chemises en cape flottantes. A noter: les deux dernières silhouettes de robes à paniers un brin baroques, et ces audacieuses cuissardes en satin lacées sur le devant pour un été qui s'annonce insouciant.

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