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Marguerite Capelle
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9 sept. 2022
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Anna Wintour et le CFDA inaugurent la Fashion Week de New York aux côtés du maire Eric Adams

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Marguerite Capelle
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9 sept. 2022

Le nouveau maire de New York a reconnu l’importance du secteur de la mode au démarrage de la NYFW, lors de son discours inaugural prononcé à Gracie Mansion jeudi soir: "New York est au top du cool ce soir à Gracie Manson, avec tous ces gens fabuleux et pleins de panache", a déclaré Eric Adams, depuis sa résidence officielle de maire de la ville.


Le maire de New York Eric Adams - Photo: Shutterstock


Et du panache, il y en avait à revendre pour cet évènement de lancement de la NYFW présidé par Anna Wintour et le CFDA, qui a attiré le gratin des créateurs, personnalités, distributeurs, PDG et membres de la presse de New York: ceux qui font l’industrie américaine de la mode.

"Vous êtes l’emblème de l’identité de notre ville, et je ne vous en remercierai jamais assez. Vous honorez Gracie Mansion de votre présence, a poursuivi l’édile avec un concert de louanges. Vous considérez que vous faites simplement de la mode. Mais je vois autre chose. Je vois cette robe de mariée que vous créez alors qu'une personne se lance dans la vie. Je vois cette cravate portée par un autre, que vous avez si bien conçue qu’il réussit son entretien, parce qu’il se sent bien dans sa peau. Je vois ce que vous faites quand nous allons à la rencontre des femmes victimes de violences conjugales pour nous assurer qu’elles ont de quoi se vêtir. Ou quand nous sommes dans un refuge pour sans-abris, qu’il y a des gens qui n’ont pas de quoi s’habiller tous les jours et qui ont honte d’aller à l’école parce qu’ils n’ont pas de quoi se changer. Certains d’entre vous font des dons, leur offrent des vêtements", a-t-il déclaré, faisant l’éloge de son public.

Monsieur le Maire s’est déjà acquis une réputation d’amateur de mode au goût affûté (il a assisté au défilé Michael Kors en février). Il a raconté comment il avait aidé un jeune homme à s’acheter quelques cravates de rechange. Il sait l’importance de se sentir bien grâce à son look.

Il comprend aussi l’importance de faire passer des messages via les vêtements, et la façon dont les créateurs y contribuent. "Quand j’ai voulu mettre en avant la lutte contre les armes à feu, un créateur est venu me voir pour me créer un smoking avec 'End Gun Violence' dessiné dans le dos, sur tout le réseau de métro, pour montrer qu’on doit se sentir en sécurité dans notre ville", souligne-t-il.


Le PDG du CFDA Steven Kolb


Il a ensuite remercié Anna Wintour pour son travail sans relâche au service de la mode new-yorkaise et de la ville elle-même. "Personne n’incarne l’esprit et l’énergie mieux qu’Anna, l’ange qui est toujours en Prada", s’est-il extasié, ajoutant: "Son amour pour New York est remarquable. Son engagement, son dévouement, et sa manière de décrire l’avenir de cette ville".

"Nous ferons de cette semaine un évènement emblématique chaque année de mon mandat"



Eric Adams est également bien conscient que la mode est une affaire sérieuse. "Nous allons faire le tour de cette Fashion Week et nous verrons que vous représentez un poids lourd de 600 millions de dollars, rien que cette semaine. C’est deux fois la somme que nous récolterions si on accueillait le Superbowl. Vous apportez une économie à la ville, avec 100.000 employés, 100 millions de dollars d’impôts. Vous apportez la personnalité, l’attitude et la place de cette ville: vous êtes le point d’exclamation de New York ! a-t-il ajouté. New York est de retour ! Nous sommes vivants. Nous allons déployer cette énergie artistique et cette diversité qui nous ont rendus célèbres. Nous ferons de cette semaine un évènement emblématique chaque année de mon mandat", a conclu le maire sous un tonnerre d’applaudissements.

Le dévouement d’Anna Wintour était évident, alors que cette Lady britannique arborait fièrement la médaille décernée par feu Reine Elizabeth II. Même la mort de la monarque tant aimée depuis 70 ans n’a pas empêché Anna Wintour de faire son devoir, et de tenir son rôle de "pom-pom girl en chef" de la mode américaine.

Les efforts récemment engagés pour rendre le secteur plus équitable et plus divers étaient visibles dans la salle. Comme l’a remarqué la directrice artistique de Condé Nast, et responsable éditoriale mondiale de Vogue: "Il reste toujours des choses à faire, mais si vous regardez autour de vous ce soir, je crois qu’il est clair que New York possède une communauté mode très diverse".

Steven Kolb, PDG du CFDA, était lui aussi ravi de la manière dont la nouvelle équipe municipale aborde le secteur de la mode. "Je trouve formidable qu’il ait ouvert Gracie Mansion. Le maire Bill Di Blasio l’avait fait il y a huit ans, mais c’est différent cette fois. Il soutenait des initiatives pour la confection et le développement économique: il percevait cet aspect, il le valorisait et il y contribuait. Eric Adams fait la même chose, mais il voit aussi la créativité. Il comprend que la mode, c’est du sérieux, mais aussi de la magie", expliquait-il, tandis que les invités continuaient à se mélanger dans les différentes salles, où à profiter de la fraîcheur de septembre sur la véranda.


Anna Wintour assiste aux CFDA Fashion Awards en 2019 - Photo: Shutterstock - DR


C'est le créateur Wes Gordon qui a lancé le discours du maire, en évoquant le rêve new-yorkais. Il a raconté son enfance à Atlanta, quand il fantasmait sur la Grosse pomme, dessinait des robes sur ses devoirs de math, ajoutant que se retrouver là pour introduire le maire de New York lui paraissait "surréaliste".

"Devenir créateur de mode, c’était ma carrière de rêve, et New York ma ville de rêve. C’est un lieu magique. Pour moi, ça signifiait 7ème avenue, Barney’s, Vogue, Saks, Bryant Park, Bergdorf Goodman. C’était une version cinématographique d’un rêve d’outsider de la mode", a-t-il expliqué.

Wes Gordon a raconté ses modestes débuts, quand il devait emprunter de l’argent pour lancer son affaire et dégonfler son matelas pneumatique rien que pour avoir la place de créer une collection dans son petit espace de vie et de travail, quand il arpentait le métro entre le sud de Manhattan et le Garment District à la recherche de tissus, de garnitures, d'échantillons. Il était seulement armé d’un rêve: devenir le prochain "Ralph, Tom ou Calvin".

Après avoir bricolé une présentation pour la Fashion Week avec très peu de moyens, pendant une tempête de neige,  où ce qui coûtait le plus cher c’était les sandwichs, Wes Gordon a connu l'un de ces "moments magiques de la mode".

"Ça a été un succès, et l’impossible est arrivé. Un authentique miracle mode new-yorkais. L’équipe de Bergdorf est venue, Kirna Zabête, Harrods aussi. J’ai eu assez de commandes pour faire une deuxième saison, se souvient-il. Quelques saisons plus tard, j’étais dans le Vogue Fashion Fund, et c’était incroyable. Ça m’a poussé à faire une véritable introspection en tant que créateur, et ça m’a obligé à répondre à des questions sur mon travail, que je n’aurais jamais abordées sans cela".

Autre moment surréaliste, avant cela: Anna Wintour et la présidente du CFDA de l’époque, Diane Von Furstenberg, sont venues visiter son minuscule appartement-studio. "Les autres résidents ne se sont sûrement jamais remis d’avoir croisé ces deux icônes dans l’ascenseur", a-t-il raconté.

Sa nomination pour succéder à Carolina Herrera, reine de l’élégance selon Wes Gordon (et bien d’autres) a été "un rêve devenu réalité, un rêve tellement énorme que je n’aurais même jamais osé le faire", a-t-il conclu, exprimant son humilité et sa gratitude d’être là aux côtés de tous ces talentueux professionnels de la mode.

Parmi tous ces pros plein de panache figuraient Tommy Hilfiger, Michael Kors, Thom Browne, Tory Burch, Vera Wang, Stan Herman, Andrew Bolton, Victor Glemaud, Karlie Kloss, Aurora James, Emily Ratajkowski, Cynthia Rowley, Rebecca Minkoff, Stacy Bendet, Lauren Santo Domingo, Derek Blasberg, Willy Chavarria, Dee Ocleppo, Bach Mai et Carly Cushnie, entre autres.

Vêtu de son costume short gris emblématique, Thom Browne a tenu à rappeler l'importance de l'évènement: "Je crois que c’est essentiel de voir renouveler ce soutien, en tant que partie prenante de l’économie et de la culture de la ville, pour que les gens extérieurs à la mode voient ce que nous faisons. Et qu’ils le reconnaissent, comme dans toutes les villes du monde".

Selon Tommy Hilfiger, qui a fait de la mode une affaire familiale avec sa femme Dee Ocleppo et sa fille Elizabeth Hilfiger (créatrice de Foo and Foo), la reconnaissance des maires de New York a été formidable, même s’il souligne qu’habituellement, elle ne se traduit pas par une invitation à Gracie Mansion. Il attend la semaine avec impatience: "C’est très vivant, plein d’énergie, et international. Ce n’est pas comme avant: les choses changent et évoluent, mais pour nous, c’est super de revenir à la maison". Son dernier défilé sur podium a eu lieu avant le Covid, à Londres.

Victor Glemaud plaçait aussi de grands espoirs dans cette semaine: "Nous sommes ouverts, nous sommes de retour. Ça va être une Fashion Week  bien remplie, dense et enthousiasmante, comme on n'en a pas eu depuis la pandémie". Il a aussi exprimé un soutien renouvelé aux créateurs de toutes origines ethniques, à tous les niveaux: distribution, grossistes, finances et marketing. "Ça ne peut pas être qu'une initiative saisonnière".
 

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