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14 oct. 2022
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Au Surf Summit d'Hossegor, Oxbow expose sa stratégie sur le Made in France

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14 oct. 2022

Le jeudi 13 octobre, la 21e édition du Surf Summit organisé par le cluster de l'industrie du surf Eurosima débutait au Sporting Casino d'Hossegor. L'occasion pour les acteurs du surf de faire le point sur la dynamique du secteur en Europe, découvrir des start-up du domaine ou renforcer leur culture glisse (en écoutant la vie aventureuse du champion du monde de surf et shaper australien Maurice Cole). L'opportunité aussi de partager les expériences entre professionnels. 


Conférence au Surf Summit à Hossegor - FNW


A cet égard, la table ronde sur l'industrie visait à donner des tendances sur les évolutions du secteur, de la transformation du marketing, avec une nécessaire évolution des mentalités des équipes au sein des marques, aux nouveaux modes de réservation des expériences de glisse analysée par Philippe Sirech, fondateur de Spotyride. Le tout dans une dynamique de marché positive pour le secteur, avec une croissance globale du marché du sport de 5% à 6% depuis trois ans.

Sur les deux dernières années, l'activité a été exponentielle sur le matériel avec de plus en plus de pratiquants. Et la tendance s'est ressentie sur le textile avec des performances bien meilleures que celles du marché mass market, précisait Jean-Louis Rodrigues, président de l'Eurosima, dans cette conférence animée par Frédéric Tain, du média spécialisé Sport Guide.

"Dans cette période, la filière a su démontrer une grande agilité, s'adaptant aux différentes manières de distribuer. L'Angleterre et l'Allemagne étaient en avance sur les ventes en ligne, mais l'Europe du Sud a su s'adapter. Les questions sur l'éco-conception se sont imposées. Certes, notre secteur aurait pu accélérer plus tôt, mais les marques se sont engagées depuis plusieurs années. Il y a énormément d'actions menées sur les économies d'énergies, sur les collections et notamment sur les combinaisons en néoprène. A présent, je pense qu'on peut mieux le faire savoir", avance Jean-Louis Rodrigues.

Avec Oxbow, reprise en pleine pandémie de Covid-19 avec Jean-Christophe Chetail et des partenaires investisseurs, le CEO Emmanuel Debruères a commencé à communiquer sur des initiatives plus responsables. Oxbow, société basée à proximité de Bordeaux, a ainsi publié son bilan carbone, affichant le fait d'émettre en un an, avec la production de deux collections, 24.860 tonnes de CO2.

"Nous sommes dans une démarche de transparence avec les consommateurs. Notre volonté est de les considérer comme des partenaires, des membres de la communauté de la marque, plutôt que comme de simples clients. Et pour savoir comment s'améliorer, il fallait faire un état des lieux. Nous avons choisi de travailler sur notre empreinte carbone", explique le dirigeant.

Difficulté de réaliser un produit fini en France



En reprenant la marque française de prêt-à-porter qui baigne depuis ses débuts dans la culture glisse, les entrepreneurs ont décidé de commencer à transformer son modèle, avec notamment l'objectif d'obtenir prochainement la certification B Corp qui garantit que l'entreprise respecte des conditions sociétales et environnementales et a une démarche de transparence vis-à-vis du public. Dans cette approche, en janvier dernier, Oxbow a présenté ses premières pièces produites en France.


En 2022, la marque française a produit plus de 8.000 pièces en France, ici des pièces de la collection AH 22-23. - FNW



Un projet qui, s'il a un intérêt en termes d'image et d'impact carbone, la production en Europe, et notamment en France, étant moins "carbonée" qu'en Asie, du fait des modes de production d'électricité et du transport, n'est pas sans contraintes.

"Oxbow est une marque française mais avec un business model qui est depuis très longtemps établi avec une production en Inde, au Bangladesh et en Chine. L'entreprise a grandi et a construit ses équilibres économiques sur un modèle de production en Asie. Les compétences en France permettent d'élaborer une bible technique d'un produit et le fabricant s'occupe de tout et nous renvoie ce produit sous plastique. Quand on a décidé de réaliser des produits en France, nous avons cherché un partenaire capable de faire de même pour réaliser des t-shirts et des pantalons. Sauf que l'on a eu du mal à trouver des acteurs capables de réaliser l'assemblage, sourcer et intégrer les boutons, les velcros, l'étiquetage et réaliser des impressions", relate Emmanuel Debruères.

La société opte alors pour travailler avec un partenaire de production basé en Aquitaine qui ne coche pas toutes les cases qu'assurent les partenaires asiatiques. Et pour cela modifie sa propre façon d'opérer. "Pour cette collection, ce partenaire a eu la volonté de transformer son organisation pour aller vers du produit fini. Mais cela nous a demandé de l'aider à financer certains achats. Et là aussi, on a fait face à une désillusion. Nous voulions produire en France avec des matières françaises. Et on s'est aperçu que les matières étaient de qualité parfois inférieures qu'au Portugal?"

Le challenge est donc important, d'autant que selon le dirigeant un t-shirt produit au Bangladesh et livré dans l'entrepôt Oxbow a un coût de 4 dollars, alors que pour un produit venu de France, le coût est de 10 à 12 euros, soit un produit qui est proposé autour de 45 euros en magasin. "C'est un obstacle supplémentaire, admet Emmanuel Desbruères.. Cette collection, nous la vendons à travers nos boutiques. La bonne nouvelle c'est que nous avons des résultats au-delà de nos attentes. Nous avons en deux ans appris, sélectionné les bons partenaires et établis les bons process. Donc nous allons continuer dans cette voie".

La collection Made in France pèse aujourd'hui 10% du chiffre d'affaires de la marque dans ses propres magasins. Un indicateur positif qui valide en partie le projet de ses repreneurs. La marque, qui réalisait en 2021 un chiffre d'affaires de plus de 27 millions d'euros, très majoritairement en France, redéploie un réseau avec dans les prochains mois des ouvertures de magasins à Bordeaux, Rennes et Lyon.. 

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