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Brexit : l'accord validé à Bruxelles

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26 nov. 2018

Les dirigeants des 27 pays qui resteront dans l’Union européenne ont validé dimanche l’accord de retrait du Royaume-Uni et pressé les Britanniques, dont la classe politique se déchire sur le sujet, de le soutenir à leur tour.


Accord sur le Brexit validé à Bruxelles, les Britanniques invités à le voter - Reuters


La Première ministre, Theresa May, aura fort à faire pour obtenir l’aval de la Chambre des Communes sur ce texte, critiqué à la fois par les députés les plus favorables au Brexit et les plus pro-européens. Un vote négatif ouvrirait la possibilité d’un départ désordonné du Royaume-Uni de l’Union le 29 mars, craint par l’ensemble des acteurs.

« Ceux qui pensent qu’en rejetant l’accord, ils obtiendront un meilleur accord seront déçus », a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l’issue du sommet spécial sur le Brexit, à Bruxelles.

Le négociateur européen, Michel Barnier, a appelé tous les acteurs à prendre leurs responsabilités, une invitation visant le Parlement britannique où la probabilité d’un rejet est forte. « Nous avons travaillé et négocié avec le Royaume-Uni, jamais contre le Royaume-Uni », a-t-il dit. « Maintenant, il est temps que tout le monde prenne ses responsabilités. Tout le monde. »

Le secrétaire au Foreign Office, Jeremy Hunt, a reconnu sur la BBC que l’arithmétique parlementaire s’annonçait « difficile ». Le chef de file du Labour, Jeremy Corbyn, a répété que son parti s’opposerait à l’accord. Le Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais, dont le soutien a permis à Theresa May de trouver une majorité, a annoncé qu’il ne soutiendrait pas le texte et qu’il réexaminerait son accord avec le gouvernement s’il était adopté à la Chambre des Communes.

Theresa May promet de se battre « corps et âme »

Theresa May a qualifié le texte de « seul accord possible » respectant le vote en faveur du Brexit et maintenant une coopération étroite en matières économiques et de sécurité. « Dans une négociation, vous n’obtenez pas tout ce que vous voulez. Je crois que les Britanniques comprennent cela », a-t-elle déclaré.

Dans une lettre ouverte aux Britanniques, elle avait auparavant assuré qu’elle mènerait campagne « corps et âme » pour obtenir un accord au Parlement.
« Je veux que ce soit un moment de renouveau et de réconciliation pour tout le pays. Ce doit être le moment d’abandonner pour de bon les étiquettes "Leave" et "Remain" et d’être unis », écrit-elle.

Les dirigeants européens ont exclu l’hypothèse de renégocier l’accord de retrait, évoquée par certains adversaires ou concurrents politique de Theresa May. L’aval du Parlement européen ne fait quant à lui pas de doute.

« Je ne veux pas interférer dans la décision du Parlement britannique », ni spéculer sur l’issue du vote, a déclaré le président français Emmanuel Macron, ajoutant qu’en cas de rejet, « il est très clair que ce sera d’abord à la Grande-Bretagne de proposer » et « de formuler des options ». « Il est de notre responsabilité de nous préparer à toutes les options et c’est ce que nous avons fait (...) la France s’est préparée à toutes les options possibles », a-t-il dit.

Selon Jeremy Hunt, un rejet par le Parlement britannique n’entraînerait pas mécaniquement le départ de Theresa May, qui pourrait « absolument » rester Première ministre.

« Tristesse et tragédie »

Les dirigeants européens ont avalisé à la fois un traité de quelque 600 pages fixant les conditions du départ du Royaume-Uni le 29 mars prochain et une déclaration politique de 26 pages sur les relations commerciales qui entreront en vigueur à l’issue d’une période transitoire de deux à quatre ans.

Michel Barnier a estimé que « cet accord est une étape nécessaire pour construire la confiance entre le Royaume-Uni et l’UE ». « Nous devons construire dans la prochaine phase ce partenariat sans précédent et ambitieux. Nous resterons alliés, partenaires et amis. »

Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, dont le pays est touché au premier chef par le Brexit, a affiché sa satisfaction sur les modalités de l’accord, tout en déplorant, comme de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement, le départ du Royaume-Uni de l’UE.

« C’est une tragédie », a dit Jean-Claude Juncker. Mais, a-t-il ajouté, « c’est le meilleur accord possible pour le Royaume-Uni et l’Union européenne ». Pour Emmanuel Macron, « c’est un moment qui doit être empreint de dignité et d’une forme de tristesse » et qui montre la nécessité de refonder l’Union européenne.

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