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Casino dit avoir été approché par Carrefour, qui dément

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24 sept. 2018

Paris (Reuters) - Casino (Casino, Monoprix, Leader Price...), dont le titre est en net repli depuis le début de l’année en raison d’inquiétudes sur sa dette, a annoncé avoir rejeté une proposition de rapprochement de son concurrent Carrefour, qui a aussitôt démenti avoir entrepris la moindre démarche en ce sens.


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Le marché de la distribution français est en proie à la fois à une vive guerre des prix et à la pression exercée par les spécialistes du commerce électronique, Amazon en tête, forçant les acteurs du secteur à revoir leur stratégie pour ne pas perdre du terrain.

Selon un communiqué de Casino publié dimanche soir, le groupe « a été sollicité depuis quelques jours par Carrefour en vue d’une tentative de rapprochement » et a réuni le même jour son conseil d’administration, qui « a décidé à l’unanimité de ne pas donner suite à cette approche ».

Le conseil, qui a « réitéré à l’unanimité sa totale confiance dans la stratégie créatrice de valeur » de Casino, a « constaté les obstacles, en France et au Brésil, au rapprochement avec Carrefour, en particulier en matière de concurrence et d’emplois », selon le communiqué. Casino « entend ainsi mener toutes les actions nécessaires pour défendre l’intérêt social et l’intégrité du groupe (...) »

Mais, dans un communiqué publié lundi matin, Carrefour « dément avoir sollicité Casino et s’étonne que l’on ait soumis au conseil d’administration de Casino une proposition de rapprochement qui n’existe pas ».

Le groupe évoque « des communications intempestives, trompeuses et dénuées de tout fondement », et souligne les difficultés auxquelles sont confrontés Casino et son actionnaire de contrôle Rallye. Il ajoute être concentré sur l’exécution de son plan de transformation 2022 et examiner « les voies de droit à sa disposition à même de faire cesser ces insinuations inacceptables ».

Aux cours de clôture de vendredi, les actions Casino et Carrefour sont en repli de respectivement 28,7 % et 8 % depuis le début de l’année, contre une hausse de 1 % pour l’indice regroupant les valeurs européennes liées à la distribution.

Rencontre entre les deux dirigeants

Les dirigeants de Carrefour et Casino se sont effectivement rencontrés le 12 septembre, pour discuter des opportunité qui pourraient s’offrir aux deux groupes, ont déclaré à Reuters deux sources proches du dossier.

Pour certains observateurs, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a pu vouloir « tester l’eau » et voir si son homologue Jean-Charles Naouri était prêt à vendre certains actifs comme Monoprix sa chaîne la plus rentable.

« Je pense que c’est un exercice de communication de Casino contre les hedge. Le communiqué de Carrefour est assez cinglant et clair et Naouri est renvoyé dans ses buts », commente l’un d’entre eux.

Mis en difficulté par leur pile de dette, Casino et Rallye ont lourdement chuté en Bourse, avant qu’une ligne de crédit accordée à Rallye n’allège un peu la pression sur le titre Casino. Casino est le titre plus vendus à découvert à la Bourse de Paris. Selon les données du site Shortsell.nl, au 21 septembre, 15,16 % du flottant de Casino fait l’objet de ventes à découvert de la part des hedge funds.

Pour Ion-Marc Valahu, gérant de fonds chez Clairinvest, un rapprochement entre les deux groupes n’est pas un scénario réaliste. « Il y aurait trop de questions de concurrence et les deux entreprises ont des cultures différentes », a-t-il dit.

« Beaucoup de bruit inutile »

Casino reconnaît lui-même les problèmes antitrust que cela poserait en France et au Brésil. En outre, après l’échec de Promodes, je pense qu’ils y penseront à deux fois avant de faire une grosse acquisition en France, ajoute-t-il.

Le scénario d’un rapprochement semble aussi « très peu probable » à Bruno Monteyne, analyste de Bernstein, qui évoque « beaucoup de bruit inutile » à propos de ces communiqués successifs.

« Compte tenu des gros problèmes de concurrence que cela poserait, ça semble étrange », a-t-il dit à Reuters, rappelant que Casino et Carrefour dominent à 72 % le marché français de la proximité et qu’au Brésil aussi, ils seraient obligés de céder beaucoup de magasins.

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