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Paul Kaplan
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10 sept. 2019
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Chez Tom Ford, plongée dans l'underground new-yorkais

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Paul Kaplan
Publié le
10 sept. 2019

Visiblement, Tom Ford est parfaitement capable de mener ses deux missions de front : après avoir donné le coup d'envoi de la Fashion Week de New York en tant que nouveau président du CFDA, il a présenté mardi une collection impressionnante.


Tom Ford - Printemps-Été 2020 - New York - Photo : Tom Ford


À vrai dire, Tom Ford a même rempli une troisième mission : en plus de créer sa collection, il a mis en scène un défilé spectaculaire, emmenant son public au plus profond des entrailles de Manhattan. Une station de métro désaffectée, à laquelle on accédait par un petit bar pittoresque, au fond d'une épicerie de quartier, à l'angle de Kenmare Street et de la Bowery. Une gare désaffectée gardée par des mécaniciens, et une simple rangée de fauteuils abîmés devant les voies ferrées — le cadre parfait pour ce changement de cap, opéré tout en subtilité par le designer texan.

L'ambiance de la collection était tout aussi underground que le décor du défilé. Tom Ford a le chic pour injecter une dose parfaitement équilibrée de perversion dans son travail, et ce dès le trio d'ouverture du show. Des robes bouffantes en satin, coloris rouille ou écru, portées avec des tops en soie fluide. Gigi Hadid et son escadron de mannequins, toutes surmontées d'impressionnantes coiffures à l'iroquoise. Juste après, Kaia Gerber vêtue d'un short très court, dévoilant ses jambes interminables, et d'un smoking en satin coupé avec une précision étourdissante.

"Comme la plupart des créateurs, quand je commence à travailler sur une nouvelle collection, je commence par dresser un mur d'images... En général, j'évite de décrire précisément mes sources d'inspirations. Je crois que c'est Coco Chanel qui a dit : "la créativité est l'art de cacher sa source". J'ai toujours aimé cette citation. À mon avis, ce qu'elle voulait dire par là, c'est qu'il faut modifier ses inspirations pour se les approprier. J'espère que c'est mon cas et que mes vêtements parlent d'eux-mêmes. Mais cette saison, certaines images ont pris une place centrale dans l'élaboration de la collection", explique Tom Ford dans le programme de son défilé.


Tom Ford - Printemps-Été 2020 - New York - Photo : Tom Ford

 
Quelles sont ces images apparemment si déterminantes ? Andy Warhol et Edie Sedgwick sortant d'une plaque d'égout à New York en 1965, Isabelle Adjani et Christophe Lambert dans le Subway de Luc Besson, mais aussi de simples pièces en jersey de soie du couturier Roy Halston

Le clou du spectacle : une combinaison sublime, coupée comme un sarouel dans une soie bleu clair, fièrement portée par le mannequin Lineisy Montero. Sans oublier plusieurs costumes ornés de détails techniques en cuir bleu cobalt, au tombé impeccable. Des tenues classiques teintées d'une sensualité pleine d'assurance. En 2020, la femme Tom Ford sera une James Bond girl.

Au cours de ce défilé mixte, Tom Ford a également rappelé avec autorité que du côté des smokings masculins — à la fois élégants et exubérants — , il n'a pas vraiment de concurrence.

La bande-son, aux accents tantôt industriels, tantôt blues, mettait la musique de Jacob Banks à l'honneur, énergisant les mannequins, qui arpentaient les dalles usées tout en frôlant les colonnes d'acier bleuté de la station de métro. Point d'orgue, un quatuor de soutiens-gorges en métal, sculptés avec une précision digne de Praxitèle. Un dernier soupçon de sensualité qui a déclenché un tonnerre d'applaudissements dans le public.

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