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Coronavirus: la France planifie un déconfinement très progressif pour éviter «l'écroulement de l'économie»

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AFP
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28 avr. 2020

Dans la foulée de plusieurs pays européens, la France, un des plus meurtris par le nouveau coronavirus, a présenté mardi un plan de déconfinement très progressif, mettant en garde contre un risque d'«écroulement de l'économie», alors que la pandémie a déjà tué plus de 211.000 personnes dans le monde.


Bruno Berterreix, boulanger, apporte sa baguette à un client à Souraide, dans le sud-ouest de la France, le 28 avril 2020 - AFP



Illustration du déconfinement auquel aspire une partie de la planète toujours cloitrée, les surfeurs australiens ont investi de nouveau la plage de Bondi, à Sydney. Ce célèbre «spot» de surf a été de nouveau autorisé mardi aux surfeurs, qui se sont rués dans les vagues dès le lever du jour. Elle reste néanmoins interdite aux promeneurs et amateurs de bronzage.
En Nouvelle-Zélande, les habitants ont fêté l'assouplissement du confinement en se ruant sur les commerces de bouche et autres drive-in de fast-food pour assouvir leurs envies de frites, cafés et cookies.

En Europe, continent le plus endeuillé par la pandémie, le Premier ministre Edouard Philippe a présenté mardi les modalités beaucoup plus strictes du déconfinement en France, à partir du 11 mai: tests massifs, réouverture progressive des écoles, des commerces - mais pas dans un premier temps des cafés et des restaurants - et masque obligatoire dans les transports publics.

Les cinémas, grands musées et théâtres resteront eux fermés, et la saison sportive 2019-2020 ne reprendra pas. Les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits.
 
 «Nous allons devoir vivre avec le virus», a prévenu Edouard Philippe, dans un long discours devant les députés, alors que 65% des Français jugent que l'exécutif n'est «pas à la hauteur», selon un dernier sondage.

«Un peu trop d'insouciance et c'est l'épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c'est l'ensemble du pays qui s'enfonce», a-t-il affirmé, en résumant: «C'est une ligne de crête délicate qu'il faut suivre».

Hausse du taux d'infection en Allemagne


 
La France, confinée depuis le 17 mars, est l'un des pays les plus touchés au monde par le coronavirus, avec plus de 23.000 morts. Le pays enregistre toutefois une baisse du nombre de patients en réanimation depuis plus de deux semaines.

En Espagne, où le confinement a été prolongé jusqu'au 9 mai, le Premier ministre Pedro Sanchez doit présenter à 16H00 GMT le plan de déconfinement adopté par le conseil des ministres.

Depuis dimanche, les enfants peuvent enfin jouer dans la rue à condition de respecter un certain nombre de restrictions.

En Italie, pays européen qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie, les modalités du déconfinement prévu le 4 mai ont d'ores et déjà été précisées: rassemblements interdits, de même que les déplacements entre régions, port du masque obligatoire dans les transports, écoles fermées jusqu'en septembre.


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D'autres pays européens ont déjà entamé une progressive levée des restrictions, avec la réouverture de nombreux commerces, mais toujours de stricts mots d'ordre de «distanciation sociale» : Norvège, Danemark, Suisse, Autriche, Allemagne...

Dans ce dernier pays cependant, le taux d'infection, très surveillé, a de nouveau atteint le seuil de 1,0 selon les autorités sanitaires, qui ont exhorté la population à rester prudente, alors que la chancelière Angela Merkel s'inquiète d'un déconfinement précipité.

«On respire mal»


 
Bon gré, mal gré, les Allemands se conforment déjà au masque obligatoire dans les transports. «Ca tient chaud, ça glisse, on respire mal», se plaint Emil, la vingtaine, qui attend son train de banlieue sur le quai d'une gare berlinoise. «Mais si c'est pour éviter les infections, ça me va».

Le bilan humain reste très lourd sur le Vieux continent, avec près de 127.000 morts: 26.977 décès en Italie, 23.822 en Espagne, 23.293 en France, 21.092 au Royaume-Uni. Avec près d'un tiers des cas et plus de 56.000 des 211.000 victimes mondiales, les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché.
 
Désireux de faire oublier des propos malheureux sur des injections de «désinfectant», le président américain s'est fait discret ce week-end, mais a renoué lundi avec son point de presse quasi-quotidien à la Maison Blanche, et par la même occasion avec des attaques virulentes contre la Chine, où est apparu le virus fin 2019.

La maladie «aurait pu être arrêtée à la source», a assuré Donald Trump, en évoquant une possible demande de réparation de plusieurs milliards de dollars.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé «des mensonges éhontés» des «responsables politiques américains» qui «n'ont qu'un objectif, s'exonérer de toute responsabilité pour leur propre gestion de l'épidémie et détourner l'attention».
L'épidémie en Chine, à présent jugulée, y a contaminé près de 83.000 personnes et fait officiellement 4.633 morts, un bilan mis en doute par les Etats-Unis.

Syndrome vasculaire


 
Au Royaume-Uni, les Britanniques, Premier ministre britannique Boris Johnson en tête, ont observé une minute de silence en hommage aux soignants morts en combattant le nouveau coronavirus. Au 10 Downing Street pour le chef du gouvernement, sur les parkings pluvieux des hôpitaux ou dans les supermarchés, le pays s'est figé à 11H00 (10H00 GMT) en mémoire des plus de 82 soignants du NHS, le service public de santé, et des 16 travailleurs sociaux décédés.

En plus du bilan officiel de 21.092 morts, près de 4.300 personnes sont mortes en deux semaines, entre le 10 et le 24 avril, dans les maisons de retraite dans le pays, selon le Bureau national des statistiques (ONS).

Les autorités sanitaires tentent par ailleurs d'établir s'il existe un lien entre la pandémie de coronavirus et une maladie grave touchant depuis peu un petit nombre d'enfants, un syndrome vasculaire proche de la maladie de Kawasaki. «C'est quelque chose qui nous préoccupe», a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock à la radio LBC.

Déjà reportés à 2021, les Jeux olympiques initialement prévus cet été au Japon seront purement et simplement «annulés» si la pandémie n'est pas maitrisée d'ici un an, a prévenu le patron du comité d'organisation Yoshiro Mori.

Ailleurs dans le monde, on continue de s'adapter comme on peut. Ainsi en Argentine, le monde du tango et ses danseurs de «l'étreinte» n'ont d'autre choix que de faire une pause. «La danse me manque», confie une professeure de 43 ans, résignée aux cours à distance. «Le seul espoir, c'est un vaccin...», lâche une autre amatrice.
 

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