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Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
25 sept. 2018
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Couture hardcore chez Marine Serre, en pleine saison du prêt-à-porter

Traduit par
Marguerite Capelle
Publié le
25 sept. 2018

Dans la mode européenne aujourd’hui, rares sont les imaginaires plus fertiles que celui de Marine Serre. Ses vêtements sont hybrides, expérimentaux, et ne suivent pas vraiment les tendances dominantes. Elle les a présentés de façon énergique et innovante ce mardi à Paris. Elle fait voler en éclat des frontières dont certains créateurs moins bons n’ont même pas conscience.


Marine Serre - printemps-été 2019 - Womenswear - Paris - © PixelFormula


Les références clés de Marine Serre, ce sont la technologie, la vie urbaine et la vitesse. Et sa mise en scène était impeccable cette saison, et vraiment bien sentie. Elle a investi ce mardi matin une passerelle en bois de 200 mètres de long dans un tout nouveau parc urbain du nord de Paris, surplombant de nombreuses voies de trains de banlieue. S’il avait plu, cela aurait été d’un maussade désastreux, mais le temps était ensoleillé, quoique frais, et le public aligné sur une seule rangée était parfaitement positionné pour assister à son excellent défilé.

Et la collection l’était aussi. Un choix de mannequins hétérogènes, quelques hommes compris, tout comme les vêtements : des robes de guerrières grecques brillamment coupées, en coton blanc, et détournées par des motifs graphiques, des inserts floraux et des gros titres de magazines de foot. Ou encore une robe voilée de style mauresque, épatante, dans une explosion de soies imprimées contrastantes. Imaginez la rencontre entre Gianni Versace et Hermès.

Marine Serre aime les femmes actives, qui assument leur dynamisme. C’est pourquoi ses sacs fourre-tout en plastique transparent, avec l’emblème Hardcore Couture, contenaient des portefeuilles, des bouteilles d’eau, du fond de teint et un exemplaire du Monde Diplomatique.


Marine Serre - Printemps-été 2019 - Prêt-à-porter féminin - Paris - © PixelFormula


Elle proposait même une combinaison de Formule Un blanche, avec son logo, à son nom bien sûr, associée à une paire de baskets ornées de son imprimé signature, des « C » en croissant. Une mère et son fils de deux ans, dans un porte-bébé ventral, étaient vêtus de combinaison dans cet imprimé, qui figurait aussi sur de super vestes en jeans, pour les filles ou les petits garçons, et qui feront à coup sûr un carton commercial.

Tout ce bataclan était un brin foutraque (on aurait pu se passer des sacs boule de bowling), mais c’est vraiment chercher la petite bête à une collection hyper contemporaine et très pertinente. Le fait que la plupart des silhouettes aient été imaginées à partir de vêtements usagés revalorisés leur donnait encore plus d’intérêt. « Ils entrent en collision, sur la pente du mauvais goût », comme le disait la créatrice dans son programme papier. Et en guise de touche finale très bien vue, une idée maligne digne d’une initiée : faire défiler Elfie Semotan, la plus célèbre des modèles d’Helmut Lang. Et d’autant plus qu’elle était fabuleuse dans un manteau géant recouvert de centaines de porte-clés en plastique.

En un mot, Marine Serre est peut-être un petit bout de femme qui paraît minuscule, mais ses idées sont révolutionnaires et audacieuses. Elle écrit une nouvelle page dans l’histoire de la mode. Oui, Marine Serre est vraiment douée à ce point là.

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