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18 mars 2020
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Covid-19 : « Annulation pure et simple des loyers », réclament les commerçants

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18 mars 2020

Bercy a appelé les bailleurs commerciaux à renoncer aux loyers d’avril. Mais la mesure est non-contraignante. Cinq fédérations de commerçants durcissent en conséquence le ton, et demandent une annulation pure et simple des loyers et charges pour la durée de la fermeture des commerces et réclament le remboursement des sommes pour la période allant du 14 au 21 mars.


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L’appel est lancé par l’Alliance du Commerce (qui rassemble les grands magasins via l’UCV, la Fédération des Enseignes d’Habillement et la Fédération des Enseignes de Chaussures), la Fédération Procos pour le commerce spécialisé, la Fédération du Commerce Coopératif et Associé (FCA), la Fédération Française de la Franchise (FFF), et la Fédération Nationale des indépendants de l’Habillement (FNH). Un quintet qui avait déjà une semaine plus tôt lancé un appel à la solidarité de la part du gouvernement et des bailleurs. Mais alors que les commerces ont depuis fermé leurs portes, ils choisissent désormais de durcir le ton.

« Dans le contexte actuel, les bailleurs doivent comprendre que la survie de leurs locataires et des différents points de vente est en jeu : la mise en œuvre de pénalités et des garanties contractuelles (dépôts de garantie, cautions, garanties à première demande) doit être en conséquence suspendue », indique le communiqué commun. "D’ores et déjà, certains bailleurs ont annoncé publiquement leur volonté de mettre en place ces mesures de soutien aux commerçants. Nous saluons leur engagement et encourageons les autres bailleurs à agir rapidement en ce sens. Les fédérations, conscientes que cette situation cause un préjudice économique important pour les bailleurs, appellent les pouvoirs publics à mettre en place des aides aux propriétaires bailleurs, comme cela a été fait en Italie."

Les représentants du commerce réclament donc l’annulation pure et simple des loyers et charges pour la durée de fermeture des commerces, et le remboursement des sommes concernant la période allant du 14 au 31 mars. Pour les commerces dont l’exploitation reste possible depuis dimanche, ils réclament que soit adopté le paiement mensuel des loyers à terme échu. Et, surtout, l’adaptation du montant des loyers au niveau de l’activité réelle. « Si l’activité chute de 30 %, il faut que le loyer soit corrigé de 30 % », nous expliquait la veille Yohann Petiot, président de l’Alliance du Commerce.

Des bailleurs eux-mêmes touchés



Après échange avec Bercy, le Conseil National des Centres Commerciaux a lundi 16 mars appelé les promoteurs et gestionnaires de zones commerciales à mensualiser les loyers et charges, habituellement payées au semestre (relire notre article dédié). L’instance représentative a en outre appelé à la suspension temporaire de la mise en recouvrement des loyers et charges d’avril, « dans l’attente des décisions qui seront prises par le gouvernement d’ici au 15 avril ». En effet, si le ministre de l’Économie a maintes fois invoqué ses échanges avec le CNCC pour montrer l’avancée des aides sur les loyers, les bailleurs sont toujours dans l’attente des informations sur les aides spécifiques qui ont été évoquées. Des bailleurs qui « rencontrent également de grandes difficultés », rappelle le CNCC.

« Les locataires et les bailleurs ont des intérêts communs et ne sortiront de cette crise exceptionnelle qu’en faisant preuve de sens des responsabilités et de solidarité », indiquent de leur côté les cinq fédérations de commerçants. « Dans ce contexte extraordinaire, où les commerces sont contraints à la fermeture et leurs salariés au chômage partiel, un seul principe doit être mis en œuvre pour sauver les entreprises : zéro recette = zéro charge. Il est par conséquent urgent de diminuer le montant des charges payées par les commerces afin de leur permettre de survivre à cette crise et de redémarrer leurs activités dans les meilleures conditions possibles ».

La Compagnie de Phalsbourg (L'Atoll, Waves Actisud, The Village...) a d'ores-et-déjà indiqué renoncer aux loyers des commerces non-alimentaires pour avril. Les regards sont très largement tournés vers le géant Unibail-Rodamco-Westfield, qui a indiqué qu’il étudierait les situations au cas par cas. « Insuffisant », nous indiquent les responsables de fédérations de commerce, pour qui cette approche n’occasionnera qu’une illisibilité des mesures réellement prises. De nombreuses foncières n’ont pour l’heure pas pris la parole sur le sujet. D’autres, notent les fédérations, n’ont cependant pas été longues à publier des communiqués destinés à rassurer les investisseurs quant à leur résilience face au virus. Pas de quoi éloigner le bras de fer qui s’annonce.

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