PARIS, 1 mars 2008 (AFP) - La couleur était au rendez-vous samedi 1er mars sur les podiums parisiens de prêt-à-porter féminin pour l'hiver prochain, en version japonisante chez Kenzo, orientalisante chez John Galliano, plus abstraite chez le Libanais Elie Saab.

Kenzo collection automne-hiver 2008/2009 - Photo : AFP Voir l'intégralité du défilé

Chez Kenzo, Antonio Marras a rendu hommage à un ancien mannequin de la maison, Sayoko, décédée l'an dernier, et qui fut le premier mannequin japonais à connaître une renommée internationale dans les années 70.

Pour lui rendre hommage, le styliste sarde a puisé dans le patrimoine de Kenzo. Il a beaucoup travaillé la laine qu'il décline en robes-cocons en camaïeux de gris, en leggings, en exubérantes robes multicolores aux motifs rebrodés. La maille prend du relief avec des vestes comme sculptées, des robes en assemblage de billes laineuses, des motifs tricotés ou crochetés.

Il propose aussi d'amples robes housses aux manches kimono, aux pliages d'origami, à noeud de ceinture obi dans le dos. Elles s'ornent de roses, de glycines, de motifs géométriques, de coups de pinceau calligraphiés et de broderies.

Outre les nuances de gris, la collection fait la part belle au turquoise, au fuchsia, au rouge, au rose et à l'anis.

A la fin du défilé, l'énorme boule de fleurs rouges qui ornait le centre de la scène s'est ouverte, provoquant une pluie de pétales sur le dernier mannequin.

John Galliano automne-hiver 2008/2009 Photo : Pixel Formula Voir l'intégralité du défilé

Pour sa propre marque, John Galliano a installé dans la Grande Halle de La Villette (XIXe) un décor surréalistico-oriental pour une collection inspirée par un poème du Britannique Samuel Taylor Coleridge, "Kubla Khan", du nom d'un empereur mongol devenu un souverain éclairé de la Chine du XIIIe siècle.

Des îles flottent au centre de plusieurs bassins. L'une accueille un homme aux ailes d'ange et un barbu à turban, sirotant du champagne au milieu de coussins voluptueux, une autre des plantes luxuriantes, une troisième des offrandes et de l'encens qui remplit l'atmosphère. Divers personnages, de l'acteur Laurence Olivier à Marilyn Monroe, incarnés par des comédiens, sont plantés à côté des statues de lions ou de bouddha, des malles en osier... Au fond de la salle, trône une gigantesque main de bouddha.

Le décor ferait presque oublier les vêtements. Une note orientalisante se retrouve dans la collection, avec des sarouels amplifiés par des pans sur les côtés, et des jupes-sarouels, c'est-à-dire des jupes longues et fluides, à l'ourlet cousu de manière à juste laisser passer les jambes.

John Galliano signe aussi de nombreuses robes en mousseline, accompagnées de paletots à manches kimono.

Elie Saab collection automne-hiver 2008/2009 Photo : AFP Voir l'intégralité du défilé

Le Libanais Elie Saab aime cette saison les motifs géométriques. Inspiré, dit-il, par les compositions du peintre abstrait Piet Mondrian, il associe par exemple une jupe striée de bandes verticales noires et blanches à un haut imprimé de rectangles de couleur.

Des quadrillages colorés s'immiscent dans le noir et le blanc qui dessinent des rayures, des motifs rappelant une pellicule de cinéma ou les lignes hypnotiques de l'art cinétique.

Le créateur joue souvent l'asymétrie, en dégageant une épaule, et les mélanges de lignes et de couleurs se doublent de contrastes de matières.

Hermès collection automne-hiver 2008/2009 Photo : Pixel Formula Voir l'intégralité du défilé

Jean-Paul Gaultier pour Hermès a dessiné un vestiaire aux couleurs automnales (rouille, fauve, mousse, marron...). Les femmes pourront s'enrouler dans de longues jupes frangées en cuir, des étoles de cachemire ou des peignoirs en soie, à motif cachemire, ceinturés d'un cordon de passementerie.

Il propose aussi des tailleurs en cuir à empiècements de cuir de nature et de couleurs différentes, des cuissardes noires à motifs ocre, une robe longue en mousseline couleur de bure à col de vison et ceinture en crocodile.

Présent pour la première fois dans le calendrier officiel, le couple japonais Iku Furudate et Kaito Hori a proposé une garde-robe minimaliste, aux lignes épurées, essentiellement déclinée en noir, blanc et gris. Les deux stylistes, qui ne travaillent que des matières naturelles ou biologiques, travaillent les volumes par des jeux de plis et de pinces, créant des équilibres subtils.

Couple au travail mais aussi dans la vie, Iku Furudate et Kaito Hori ont créée leur marque, Commuun, en 2005. Elle est distribuée dans 35 points de vente dans le monde.

Chez Chloé, le créateur Paulo Melim Andersson a livré une collection sans surprise, en petites jupes à volants brodées or ou argent, robes de mousseline imprimées cachemire, médaillons ou dentelle, longues tuniques soyeuses sur leggings, gilet noir brodé sur chemise de soie.

La fourrure est présente en vestes incrustées d'or et de pierreries, en courtes manches sur un manteau, en petites touffes sur le devant d'un manteau dont elle pare aussi le col et les poignets. Violet, rose, vert, noir, gris, bleu et beige clair composent la palette des couleurs.

Par Dominique SCHROEDER