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23 sept. 2019
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Dentelle : Desseilles est absorbée par la structure Darquer&Noyon

Publié le
23 sept. 2019

Après 72 ans d’existence, l’entreprise Desseilles attendait le 13 septembre pour connaitre son destin : la liquidation, ou l’absorption par l’entreprise Noyon, elle-même en redressement, via une reprise groupée des deux structures. C’est finalement la seconde solution qu'a choisi le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer.
 

Desseilles


Selon France Bleu, 78 emplois sur la centaine que compte Noyon étaient concernés par la proposition de reprise formulée par l'industriel Pascal Cochez, dirigeant du groupe éponyme, spécialisé dans la sauvegarde des savoirs-faire locaux en difficultés. Côté Noyon, après une offre initiale de 10 postes principalement administratifs repris sur 73, l'entrepreneur avait finalement porté le chiffre à 15. Insuffisant pour les salariés de Desseilles, qui appelaient de leur côté à la liquidation pure de la structure.

L'affaire s'est effectuée en seulement semaine. Selon les informations de FashionNetwork, ce n’est que le 12 août dernier que l’industriel Pascal Cochez avait pris connaissance de la situation des deux spécialistes de la dentelle. Et sa proposition s'est rapidement inscrite dans une unification des structures autour d'un pôle unique, comme l'avaient envisagé les réunions d'élus menées depuis le printemps. De quoi justifier, pour le tribunal, le report de l’audience de Desseilles initialement prévue le 12 septembre, pour qu’elle coïncide avec celle de Noyon, depuis janvier en redressement.

"Vu la crise de la dentelle et la nécessité absolue de baisser les coûts de production, la seule solution pour sauver la filière était de concentrer les deux derniers denteliers majeurs sur un seul site", a précisé à l'AFP Pascal Cochez , qui s'engage à investir 1,4 millions d'euros, tandis que le projet profite d'une avance remboursable de 600 000 euros par la région. "Le levier principal, c'est de capitaliser sur le 'Fabriqué en France' et de monter en gamme. Le but, en repartant un peu plus petit, est de pouvoir augmenter la proportion de production haut de gamme et luxe".

L'un des enjeux de cette reprise de Desseilles était aussi la machinerie du dentellier. Le projet de Pascal Cochez prévoit de reprendre deux machines leavers dites ‘hauteur 144’ créées spécifiquement par Desseilles. Une machinerie complexe destinée à rejoindre l’outil de production de Noyon, et autour de laquelle subsiste un savoir-faire nordiste en voie de disparition.

Vidéo de promotion des dentelles de Calais-Caudry (2016)


Noyon va survivre. Reste à savoir de quelle manière le nom Desseilles pourrait de son côté perdurer. Selon nos informations, Pascal Cochez a indiqué aux salariés qu'il pourrait survivre sous la forme de collection My Desseilles dans l’offre de la future entité Darquer&Noyon. Subsistance toute symbolique dans un univers de la dentelle nordiste au devenir qui n'en demeure pas moins fragile.

Les mésaventures récentes de Desseilles ont une valeur symbolique autre : c'est une entreprise chinoise, Yongsheng, qui avait jadis sauvé la structure, amenant les élus à saluer l'ironie d'une 'usine du monde' se portant au secours du vénérable savoir-faire français.

"Lorsque le groupe nous a repris, des promesses d'investissements avaient été faites, mais elles n'ont pas été tenues, donc on n'a pas pu investir dans de nouveaux métiers ou dans leur entretien », dénonçait cependant en juin le directeur qualité Marc Bohler face au tribunal. « Ils se sont engagés pour trois ans et, au bout de trois ans, comme ils n'ont pas vu de retour sur investissement, ils ont décidé d'arrêter ». Une mésaventure chinoise qui ne manquera de rester dans les mémoires de la filière textile française, et pourrait peser sur d'ultérieurs arbitrages autour de la reprise d'entreprises tricolores par des groupes étrangers.

(avec AFP)

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