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2 mars 2023
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Derrière les sociétés Broderies Leveaux et Potencier, deux frères gardiens de la broderie française

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2 mars 2023

Les deux spécialistes tricolores de la broderie Potencier et Broderies Leveaux, sociétés sœurs basées dans le département du Nord, entendent via l'innovation tenir la dragée haute aux productions asiatiques. Sont ainsi en cours d'installation des machines devant permettre à Broderies Leveaux de renforcer de 50% ses capacités de production par rapport aux niveaux d'avant-crise.


Broderies Potencier pour Dior - Potencier/Instagram


Si les sociétés sont sœurs, c'est parce qu'elles sont pilotées par deux frères. Et chacune développe sa propre stratégie. D'un côté, Corentin Potencier est aux commandes de Potencier, structure remontant à 1883 et employant une centaine de personnes. La société établie à Villers-Outréaux équilibre ses productions de broderies entre clientèle haute couture, prêt-à-porter et lingerie, le tout pour un chiffre d'affaires d'environ 8 millions d'euros.

De l'autre, Benjamin Potencier dirige les Broderies Leveaux, qui ont vu le jour dans le sillage de leur aîné en 1937. L'entreprise de Walincourt-Selvigny, qui compte une trentaine d'employés et affiche 4 millions d'euros de chiffre d'affaires, a un pied dans le prêt-à-porter et l'architecture d'intérieur, mais, avec dessin, échantillonnage, production et finition opérés sur place, c'est la lingerie qui compose à ce jour 80% de son activité.

"La lingerie a été l’achat plaisir en sortie de confinement, ce qui nous a mis le vent en poupe", explique Benjamin Potencier, rencontré à l'occasion du salon Interfilière Paris en janvier dernier. "On revient donc dans une stratégie de croissance et d’investissement. Sachant qu’il y a en parallèle un retour du Made in France, et une prise de conscience des enjeux énergétiques et sociaux dans la filière. Il faut donc investir pour faire face à cette demande, et récupérer des marchés que l’on avait perdus avec l’entrée de la Chine dans l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en 2001".

Nouvelles machines pour libérer la productivité



Sont ainsi en cours de déploiement une nouvelle série de machines destinées à libérer les capacités de production de l'entreprise. Les dernières machines à broder permettent d'atteindre les 750 points par minute, contre 130 dans les années 80, et 300 dans les années 2000.

La dernière génération de machines offre par ailleurs de nouvelles possibilités, comme les broderies à découpe laser, les broderies de paillettes, les broderies de points mousse… L'entreprise mise par ailleurs sur sa capacité à produire des broderies allant de 1,5 à 21 mètres de longueur.


Le siège des Broderies Leveaux à Walincourt-Selvigny - Leveaux


“L'idée est de pouvoir proposer à nos clients 100% des formes de broderies possibles, aussi bien aux petites marques qu’aux gros faiseurs, et de montrer aux clients qu'avec des machines performantes, rapides et productives, on peut réduire l’écart de coûts avec l’Asie, où la production impose notamment des coûts de transport", explique Benjamin Potencier. Il pointe par ailleurs que les machines modernes permettent une politique de recrutement plus inclusive, l'assistance par ordinateur permettant d'embaucher des profils plus diversifiés. Faute d'école de broderie en France, Broderies Leveaux et Potencier misent en outre sur un système de mentorat en interne.

Fort d'un savoir-faire historique et emblématique de la région, ainsi que de perspectives de croissance et d'embauches, ces investissements ont reçu le soutien de France Relance, et quelque 900.000 euros de financement européen dans le cadre du Feder (Fonds européen de développement régional) et du dispositif React-EU, le plan de relance de l'industrie européenne post-Covid.


Broderies Leveaux


Une crise dont les entreprises Potencier et Broderies Leveaux sont sorties avec des chiffres d'affaires supérieurs à ceux de 2019, la seconde revendiquant même une progression de 10%.

Reste que l'année 2023 s'annonce complexe pour l'ensemble de la filière du textile-habillement, confrontée à l'inflation contractant les dépenses des consommateurs. Situation à laquelle s'expose particulièrement le secteur de la lingerie, et face à laquelle la modernisation des productions locales de broderies pourrait offrir aux donneurs d'ordres un argument de poids en termes de coûts.

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