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Des écologistes tentent de freiner un projet de mine d'or près des glaciers

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2 juin 2009

Des organisations environnementales et des dirigeants politiques cherchent à obtenir de la Cour suprême argentine l'arrêt d'un gigantesque projet de mine d'or du groupe canadien Barrick Gold dans les Andes, près de glaciers à 5 000 mètres d'altitude.


Photo : Martin Bernetti/AFP

Le géant minier vient d'enclencher le processus de construction du site de Pascua Lama, une des principales mines d'or pas encore développées au monde, qui demandera 3 milliards d'investissements pour vingt-cinq ans d'exploitation, après le feu vert en avril des gouvernements argentin et chilien.

Le gisement, à cheval sur les régions de San Juan en Argentine (30 %) et d'Atacama au Chili (70 %), doit commencer à produire début 2013. Il détient des réserves d'environ 17,8 millions d'onces, selon Barrick.

Le veto de la présidente argentine Cristina Kirchner à une loi de protection des glaciers, adoptée par le Congrès et limitant l'exploitation minière et pétrolière dans les zones protégées, a été crucial pour le lancement de ce méga-projet.

"Nous allons présenter un recours devant la Cour suprême pour obtenir l'arrêt des travaux de Pascua Lama car ce projet menace de causer des dommages irréversibles aux glaciers de la Cordillère des Andes et de contaminer les ressources hydriques", a déclaré à l'AFP le député Miguel Bonasso, l'un des auteurs de la loi de protection des glaciers.

M. Bonasso, un ancien allié de Kirchner, accuse la présidente d'avoir mis son veto "pour ne pas bloquer le projet de Barrick Gold, avec le prétexte de la défense de l'emploi".

La loi prévoyait de faire un inventaire des glaciers, qui représentent 75 % des réserves hydriques de l'Argentine. Barrick a assuré qu'il ne toucherait pas aux glaciers près de la zone exploitée et prendrait en charge un système de gestion d'eau afin d'empêcher tout problème pour les usagers en aval.

Le gouvernement a expliqué son veto en avançant que la loi pouvait porter atteinte à l'économie de la région.


Photo : Martin Bernetti/AFP

Pour Fernando "Pino" Solanas, metteur en scène et candidat à un siège de député aux élections du 28 juin, le veto "s'explique par l'alliance politique entre Mme Kirchner et le gouverneur de San Juan (ouest), José Luis Gioja".

"Il s'agit d'un pillage sauvage des ressources non renouvelables qui aura pour seul résultat de tout polluer", assure M. Solanas. "Le plus scandaleux, c'est que l'État n'exerce aucun contrôle sur l'extraction minière".

Mme Kirchner ne fait que poursuivre, selon lui, la politique de l'ancien président néo-libéral Carlos Menem (1989-1999), qui avait ouvert l'exploitation de ces ressources aux compagnies étrangères sans contrôles dignes de ce nom.

"Pour extraire l'or à ciel ouvert, on utilise des explosifs et la poussière libérée dans la montagne va polluer les ressources hydriques des vallées", explique M. Solanas en précisant qu'il s'agit du soufre et de l'arsenic.

L'Association du Sud, qui regroupe une quarantaine d'organisations de Mendoza (ouest), vient de déposer un recours devant la Cour suprême pour obtenir de l'État un cadre légal permettant de protéger les glaciers.

"Les glaciers fondent à cause du changement climatique et l'absence de cadre légal pour contrôler les activités minières et pétrolières met en danger les ressources hydriques", dit l'AFP Maria Paulina Martinez, avocate de l'association.

Barrick fait valoir que Pascua Lama va générer 5 000 emplois pendant les travaux de construction sur quatre ans et 1 600 pendant les vingt-cinq ans d'activité.

L'Argentine est le quatorzième producteur mondial d'or et devrait être parmi les dix premiers en 2011, selon le secrétariat aux Mines. La production argentine d'or a crû de 6 000 % entre 2003 et 2008.

Par Laura TERMINE

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