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Paul Kaplan
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25 févr. 2018
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Dolce & Gabbana : drones et pécheresses s'invitent à la messe

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Paul Kaplan
Publié le
25 févr. 2018

N’avez-vous donc pas compris que la tendance est à l’or et à l’argent ? Et que la religion est le nouvel opium des mordu.e.s de mode ? Du moins, c’était le cas dans le dernier défilé Dolce & Gabbana.


Dolce & Gabbana - Instagram


Le duo créatif a donné un défilé baptisé « Fashion Devotion » dimanche après-midi, accumulant sur le podium des vêtements sacerdotaux empruntés à un panthéon de saintes, de cupidons, de prêtres et de bonnes soeurs.

Des parures en or massif ornaient tout le défilé, dont le coup d’envoi avait été donné par une acrobatie spectaculaire : les nouveaux modèles de pochettes et de sacs de la ligne Devotion, suspendus à des drones, ont survolé tout le podium, comme en lévitation.

Puis le premier mannequin est apparu : une nonne grivoise, toute de noir et de blanc vêtue, une mantille en dentelle sur les cheveux et un top portant le message « Fashion Sinner D&G » (« pécheresse de la mode D&G »). Elle était suivie par une parka de ski digne d’un cardinal du clan Borghese, par des vestes de sports d’hiver avec des angelots argentés ou des saints médiévaux tirés d’une mosaïque tout droit venue de Ravenne, et par une fêtarde de soirée après-ski qui portait une coiffe papale de cérémonie à trois étages. Plusieurs mannequins arboraient d’ailleurs des couronnes papales transformées en sacs à main. Sur une veste remarquable en peau lainée, on pouvait lire « Amore » sur le col, avec des dessins d’angelots qui emmenaient un coeur vers le ciel.
 
On a rarement vu le domaine du spirituel aussi intrinsèquement mêlé à celui du sensuel. Les deux Italiens se sont visiblement beaucoup amusés à créer leurs accessoires : à l’image de ces paires de talons déjantées, tantôt en vitrail, tantôt à l’effigie des deux créateurs. Un des sacs était même la reproduction en taille réduite d’un orgue rococo.
 
Le défilé, prévu pour 14h, a eu beaucoup de retard : les photographes s’impatientaient bruyamment, après presque une heure passée à écouter des chants grégoriens. Quarante minutes après l’heure prévue du coup d’envoi, Anna Wintour s’est levée de son siège ; un ouvreur l’a suppliée de ne pas partir, elle est restée debout à l’entrée du défilé, à regarder sa montre. Cinq minutes plus tard, finalement, le show a commencé. Mais à 15h précises, la dame de fer de la mode s’était déjà éclipsée, avant la fin de la messe.
 
La nuit précédente, c’est l’argent, et pas l’or, qui dardait de ses feux l’incroyable défilé donné au Martini, le bar-restaurant-boutique privée-maison de couture de Dolce & Gabbana. À vrai dire, l’argent... et les diamants. De fait, leur défilé clandestin, organisé samedi soir, avait pour titre « Secrets & Diamonds ». Les journalistes, acheteurs, clients et admirateurs de la marque ont pu s’asseoir dans de confortables fauteuils et siroter des martinis en regardant passer les mannequins.
 
Il s’agissait d’une présentation hors calendrier officiel, dans un esprit très hollywoodien et glamour. La cabine de mannequins était composée de jeunes demoiselles bien élevées, du genre à avoir reçu une éducation privée dès la naissance - parmi elles, Eleonore von Habsburg, Emma Weymouth, Sabrina Percy et Gabriella Beardsworth, consacrée « it girl » par le magazine britannique Tatler.

Ou encore Lady Kitty Spencer, nièce de la princesse Diana, qui irradiait d’élégance dans une robe en mousseline bleu clair, imprimée de petits angelots.
 
Le public a applaudi chaque tenue présentée sur le podium pavé de ce défilé secret. Et la bande-son était cohérente avec le thème : « Diamonds are a Girl’s Best Friend » de Marilyn Monroe, « Diamonds » de Rihanna et la chanson-thème de Cabaret : « Money Makes the World go Round ».

Pas vraiment les intentions les plus dévotes du monde, ce qui résume bien à quel point Dolce & Gabbana s’en sortent toujours pour avoir le beurre et l’argent du beurre. Au propre comme au figuré.

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